Le filet de sécurité

9 février 2009

Bruxelles compte son argent et les viticulteurs n’y adhèrent pas. Pourtant, personne n’a fait l’expérience de leur disparition. Les distillations communautaires, encore nécessaires, déjà sous oxygène, toujours en vie.

andre_camroux.jpg« Produire pour détruire ne peut plus fonder une politique. » André Camroux, président de la FNDCV (Fédération nationale des distilleries coopératives vinicoles) en convient mais il sait aussi que les distillations volontaires ou de retrait constituent le dernier filet de sécurité, l’ultime rempart à la chute des cours des vins. Si, un jour, il n’y avait plus de prix de distillation, jusqu’où pourrait aller la descente aux enfers. Et pourtant tout se ligue pour sonner le glas des distillations communautaires : la volonté de Bruxelles, l’assentiment, pourrait-on dire la complicité, de certains Etats membres et surtout, peut-être, la désaffection des viticulteurs eux-mêmes, conditionnés il est vrai par leur environnement réglementaire. Ainsi, sous l’effet du rendement agronomique, la distillation article 28 ne fait plus recette en Charentes. Et les rares à y souscrire doivent encore supporter un retard de paiement lié au nouveau mode de fixation du prix de l’article 28. Sur la récolte 2000, après avoir touché l’acompte de base de 72,42 e l’hl AP versé dans les 90 jours de la livraison, il a fallu attendre le mois de mars 2002 pour que l’Onivins boucle le calcule des tarifs de distillation de l’article 28, sachant que la moyenne ne doit pas dépasser le prix communautaire. Conformément à la réglementation qui leur en fait l’obligation, les distilleries ont alors procédé à la régularisation dans le mois qui a suivi, les derniers règlements tombant en avril 2002. Sur la récolte 2001, les mêmes délais risquent fort de courir pour la distillation de l’article 28.

La situation est-elle meilleure sur le front des distillations volontaires, distillation de bouche de l’article 29 ou distillation de crise de l’article 30 ? En ce qui concerne l’article 29, on sait que l’absence de quota aboutit à des souscriptions massives de la part de l’Espagne et de l’Italie. Qui plus est, dans ces pays, le prix de 16,32 F le °hl payé au producteur est rémunérateur et incitatif puisque supérieur au prix de certains marchés de vins de table. En France, ce même prix ne permet pas un soutien efficace des cours. En ce qui concerne l’article 30, la réouverture pour la France de la distillation de crise afin de solder le reliquat de vins non souscrits en préventive n’a pas donné les résultats escomptés. Malgré la crise profonde dans lequel il est plongé, le Midi n’a pas choisit « d’y aller », pensant que le voisin irait à sa place et que les prix du marché remonteraient. Calcul erroné mais calcul tout de même.

A l’heure de l’élargissement prochain de l’Union européenne et de l’entrée de nouveaux pays producteurs de vin, la question se pose : quelle PAC pour quelles mesures de gestion du marché vin ?

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