Des prospections systématiques autour des vignes mères

23 décembre 2011

Les pépiniéristes viticoles de la région de Cognac ont souhaité renforcer le dispositif de lutte préventive contre la flavescence dorée en mettant en place une initiative originale. Ils ont conduit, l’été dernier, une démarche de prospection de symptômes dans l’environnement proche des vignes mères. Ce travail, confié aux techniciens de la FREDON de Cognac, n’a pas révélé de nouvelles zones contaminées.

Depuis quelques années, les pépiniéristes viticoles sont interpellés de plus en plus fréquemment par les viticulteurs vis-à-vis des problèmes de flavescence dorée : les greffés-soudés ne sont-ils pas porteurs des agents responsables de cette maladie ? Les réponses des pépiniéristes sont pertinentes et concrètes car la démarche de production des boutures de greffons, de porte-greffes et des greffés-soudés intégre de façon systématique un volet de lutte contre la FD depuis 1987. Pour la filière bois et plants de vigne, la flavescence dorée est une maladie de quarantaine soumise à la surveillance permanente des équipes de FranceAgriMer.

Une démarche de lutte préventive systématique depuis 25 ans

Le mode de transmission de la maladie par les cicadelles qui transportent l’agent responsable de la FD (un phytoplasme) en se nourrissant de sève représente un véritable danger pour la filière de production de bois et plants de vignes. L’Administration et les pépiniéristes au niveau national ont pris depuis longtemps la juste mesure du danger FD, puisque le cahier des charges de production des plants certifiés intègre un volet spécifique de lutte préventive contre la maladie. Les textes réglementaires rendent obligatoires la protection insecticides (trois traitements) et la réalisation de prospections dans les vignes mères et les pépinières. Pour être sûr que ces démarches de lutte préventive soient réellement mises en œuvre, des contrôles inopinés pendant la phase végétative (prélèvements de feuilles pour doser les résidus d’insecticides) sont réalisés chez de nombreux pépiniéristes par les services de FranceAgriMer. Chaque année, 25 % de parcelles de multiplication font l’objet de contrôles inopinés (prospection et test de résidus de pesticides). Si un manquement à ces obligations est constaté, la production de bois et plants de vignes du pépiniériste peut être déclassée temporairement ou définitivement (mise en quarantaine de la parcelle, interdiction temporaire de récolte des bois pendant au moins 2 ans ou totale si la contamination perdure). Didier Jallet, le président du Syndicat des pépiniéristes charentais, et la très grande majorité de ses collègues font preuve d’un grand sérieux vis-à-vis de cette maladie, car l’enjeu économique est important. Le matériel végétal, les greffons, les porte-greffes et les plants représentent leur capital de travail et prendre le risque de le laisser se contaminé serait insensé.

S’entourer de garanties supplémentaires

Cependant, l’extension constante de la maladie dans la région de Cognac au cours des dernières années inquiète les pépiniéristes de la région.

Malgré les efforts déployés pour maîtriser la maladie chez eux, certains s’interrogent sur l’état sanitaire des vignes jouxtant leurs unités de production. A l’intérieur des communes contaminées (identifiées dans le PLO), l’environnement proche des vignes mères (dans un rayon de 1 000 m) doit faire l’objet de prospections systématiques chaque année pour, en quelque sorte, établir une barrière de protection et suivre l’évolution de la maladie. Si des symptômes sont repérés dans ce périmètre mais pas dans la parcelle de vignes mères, la production de bois et de plants devra être traitée à l’eau chaude. Par contre, dans toutes les zones dites de sécurité ou en dehors du PLO, aucune démarche de prospection systématique n’est obligatoire dans l’environnement proche des vignes mères, ce qui, sur le fond, n’est pas réellement cohérent.

En effet, on peut imaginer que la présence naturelle des cicadelles dans des vignes non prospectées ne recevant pas de protection insecticide représente un risque de contamination potentiel complètement sous-estimé. Ces parcelles sont-elles exemptes de ceps contaminés ? Jusqu’à aujourd’hui, les pépiniéristes n’étaient pas en mesure de répondre à cette interrogation.

Des prospections systématiques autour des vignes mères

Comment convaincre leurs proches voisins de réaliser des prospections chaque année pour éviter tout risque de contamination dans les vignes mères ? Les cicadelles ont la capacité de voler dans un rayon de plus de 1 km, d’où l’importance de rechercher la présence éventuelle de foyers dans cet environnement. Généraliser les prospections autour des vignes mères est un projet qui a progressivement séduit beaucoup de pépiniéristes de la région. Cette idée a été soumise au syndicat qui a décidé de proposer aux adhérents une procédure rationnelle pour organiser des prospections plus larges autour des parcelles de multiplication de greffons, de porte-greffes et des pépinières. L’initiative reposant sur une adhésion volontaire a été mise en place à la fin du printemps en ayant comme seul objectif d’apporter des garanties supplémentaires dans l’itinéraire de production de plants. Par souci de transparence, le syndicat a souhaité confier la réalisation des prospections à un acteur indépendant et aux compétences reconnues, qui soit en mesure d’apporter une caution à ce travail. Il a été confié aux techniciens de la FREDON de Cognac.

Une absence de maladie dans un environnement de 1 000 m

Le Syndicat des pépiniéristes charentais regroupe 57 professionnels multiplicateurs de plants dont 40 ont adhéré volontairement à cette démarche. Cela correspond à 80 % des surfaces de vignes mères de greffons et de porte-greffes de la région. Des prospections exhaustives ont été réalisées dans un environnement de 1 000 m autour de chaque parcelle de vigne mère par un technicien de la Fredon à partir de la mi-août. L’opération a eu lieu dans tous les bassins de production de plants en s’appuyant sur les compétences d’une personne qui possède une grande expérience de la reconnaissance des symptômes. Cette opération a mobilisé un technicien pendant presque un mois et plusieurs hectares ont été prospectés. Le bilan de cette initiative n’a pas révélé de découverte de foyers. Quelques souches isolées ont fait l’objet d’analyses qui ont révélé la présence de bois noir. L’opération de prospection autour des vignes mères a nécessité un budget de 6 200 €, financé à parts égales par le syndicat et chaque pépiniériste ayant adhéré à l’initiative. L’idée de D. Jallet et de ses collègues est de pérenniser cette démarche dans le temps pour mieux sécuriser leur production de matériel végétal et celle des viticulteurs de la région délimitée.

 

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