Des pépiniéristes soucieux de la qualité du matériel végétal

15 mai 2017

La filière de production de bois et plants de vignes en Charentes fait preuve depuis une petite décennie d’un dynamisme accru lié au contexte de fort renouvellement du vignoble de Cognac et à des débouchés importants et constants pour d’autres régions viticoles. Le métier de producteur de plants qui nécessite du professionnalisme ,est encadrée par les services de FranceAgrimer. La climatologie du cycle végétatif 2 016 a été dans l’ensemble assez propice à la production de greffé-soudés en Charentes qui est un bassin de production important.

Parmi les 105 professionnels de la région de Cognac recensés par les services de FranceAgrimer, 79 acteurs sont des pépiniéristes producteurs de plants. Bien que leur nombre ait diminué de 25 % en une petite décennie, les volumes de production ont augmenté et l’activité de la majorité des entreprises, s’est développée. On assiste à un renouvellement de génération dans beaucoup d’entreprises et le savoir-faire historique se transmet. La pépinière viticole Charentaise a représenté en 2016 à peu près 46 % des mises en œuvre de greffés soudés et de plants en pots de la région Nouvelle Aquitaine.

 

La production d’ugni blanc représente 77 % de l’activité des pépiniéristes Charentais

 

        Au cours de l’année 2016, les greffages de plants traditionnels et de pots en Charentes ont atteint le niveau record de 25 018 000 unités. Le détail des mises en œuvre par variété révèle que l’ugni blanc représente à lui 77 % du total 19 361 650 unités (en progression de 2 % par rapport à l’année 2015). C’est un record de greffage pour l’ugni blanc. La deuxième variété est le merlot avec 1 690 000 unités, suivie du sauvignon blanc (746 140), du cabernet sauvignon (716 400), de colombard 6 632 00 et du cabernet franc (274 000). Au niveau des porte-greffe, le RSB 1 (20 %), le SO4 (15,9 %), le Fercal 12,3 %, le 161.49 (10,5 %), le 140 R (9,1 %), le Gravezac (7 %) et le 333 EM 6,2 % sont très utilisés. Il est notable d’observer la nette augmentation des greffages avec le 333 EM dont la moindre sensibilité aux maladies du bois a été mise en évidence par les ingénieurs de la Station Viticole du BNIC. Les mises en terres d’ugni blanc en hausse de 3 % (19 515 350 unités) au cours de l’année 2016 ne signifient par pour autant que les disponibilités de plants seront nettement plus importantes pour les plantations 2 017.


Le taux de reprise en pépinières ne tient pas compte des pertes de plants à l’issue du tri

 

        Les techniciens de FranceAgrimer passent dans les pépinières durant les mois d’août et de septembre pour évaluer le taux de reprise qui correspond à la quantité de plants ayant eu un développement végétatif normal. La qualité de reprise constatée dans les pépinières ne tient pas compte d’éventuelles déficiences pouvant apparaître ultérieurement. Après l’arrachage des pépinières, les plants sont triés et c’est à ce moment-là que le potentiel quantitatif de production de greffé-soudés peut-être apprécié de façon juste. En effet, au moment du tri, les plants présentant des anomalies majeures (insuffisance de racine et  fragilité des soudures) sont détectées et éliminés. Les pépiniéristes transmettent leurs taux réels de plants commercialisables par variétés (et par assemblage) aux équipes régionales de FranceAgrimer. Cette année, le taux de reprise constaté en pépinières était globalement bon et se situait autour de 65 % pour l’ensemble des cépages. Il est supérieur de 4 % par rapport à celui de l’année dernière. La climatologie plus favorable au printemps au moment de la mise en pépinière explique en grande partie ce meilleur taux de reprise. Cette donnée encourageante du taux de reprise doit être corrélée aux niveaux de pertes à l’issue du tri des plants.

 

Des niveaux de reprise réels autour de 50 % dans les ugni blancs

 

        Des contacts avec plusieurs pépiniéristes Charentais confirment d’une part un taux de reprise du millésime 2 016 légèrement supérieur à celui de 2015 et d’autre part, de gros écarts selon les cépages et les assemblages. Leurs constats sont qu’à l’issue du tri, la réussite moyenne des merlots, des cabernets francs et sauvignon, des chardonnays, des sauvignons, des colombards est généralement proche de 65 à 70 %. Par contre dans les ugni blancs, elle est toujours nettement moindre. Elle devrait se situer autour de 50 à 55 % selon les assemblages soit un différentiel de plus de 10 % de perte par rapport au taux de reprise constaté dans les pépinières. Les chiffres émanant de la délégation FranceAgrimer de Nouvelle Aquitaine permettent d’estimer les disponibilités totales en greffé soudés pour les plantations 2 017 à 9 397 394 plants en hausse de 14 % par rapport à 2015.

 

Un renouvellement des parcelles de prémultiplication de greffons

 

        La production de greffé-soudés d’UB est toujours plus délicate à maîtriser en raison du caractère moelleux et tendre des bois. Cette spécificité peut perturber la formation et la tenue des cales de greffage au moment de la stratification et lors de la mise en pépinière des greffé soudés. Les teneurs en réserves fluctuantes et parfois moindres de certains lots de boutures de porte-greffes accentuent aussi les taux de pertes. Cette année, la bonne gestion de l’irrigation suite à l’été et à l’automne secs s’est avérée déterminante. Les apports d’eau ont souvent dû être prolongés jusqu’à la mi-septembre pour créer de bonnes conditions d’aoûtement des jeunes plants. Les pépiniéristes réalisent depuis quelques années de gros efforts pour maîtriser leur approvisionnement en matériel certifié de greffons et de porte greffes. Des plantations importantes de vignes mères de greffons d’ugni blanc certifiées ont été réalisées depuis trois à quatre ans et leur arrivée en production va intervenir à partir de 2017 et 2018.

 

 

Des prospections de symptômes dans les vignes mères de greffons.

 

        Pour faire face à la présence de flavescence dorée dans le vignoble, le syndicat des pépiniéristes Charentais mène depuis 5 ans des prospections de symptômes systématiques dans les vignes mères de greffons et leur environnement proche. L’objectif est de maîtriser l’état sanitaire de chaque îlot de vignes ou est implanté une parcelle destinée à la production de matériel végétal. Cette initiative volontaire a été organisée en s’appuyant sur les compétences de l’équipe de la Fredon de Cognac, qui réalise les prospections dans les parcelles sous la forme d’une prestation payante. Le syndicat prend en charge la moitié du coût des prospections. La grande majorité des pépiniéristes ont adhéré à ces initiatives collectives qui représentent un gage de qualité supplémentaire. Les résultats des prospections 2 016 ont révélé que le parc de vignes mères de greffons prospectés en Charente et en Charente maritime n’avait pas extériorisé de symptômes.

 

Un GIE de traitement à l’eau chaude sera opérationnel à la fin de l’année 2017

 

        Le syndicat a aussi mené une réflexion sur l’implantation d’une unité de traitement à l’eau chaude dans la région de Cognac. Ce traitement présente l’avantage de détruire les phytoplasmes responsables de la FD et d’éliminer les bactéries engendrant le développement de la nécrose bactérienne (et celles de la maladies de Pierce présente dans le vignoble de Californie et sur les oliviers en Italie). Le projet est désormais finalisé sous la forme d’un GIE qui est la propriété d’une quarantaine de pépiniéristes. Un bâtiment abritant deux unités de traitement à l’eau chaude devrait voir le jour dans l’année juste à côté des locaux de l’Ampélopole de Cherves-Richemont. François Bodin, le président du syndicat pensent que les infrastructures seront opérationnelles à la fin de l’année 2017. Déjà, deux pépiniéristes de la région proposent à leurs clients de traiter à l’eau chaude les greffé-soudés. Bruno Arrivé qui a implanté ses parcelles de prémultiplication dans un vignoble conduit en viticulture biologique, traite l’ensemble de bois et plants de vignes en sous-traitant cette activité auprès de prestatires. Delphine Bellebeau qui a acquis un équipement depuis deux ans est en mesure de traiter les plants quand les clients le demandent.

 

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