Des moyens scientifiques spécifiques à la filière de production Cognac

26 mai 2016

Les travaux de recherche conduits par la Station viticole du BNICabordent des sujets importants et très spécifiques à la région deCognac qui sont parfois méconnus des viticulteurs. Les responsablesdu BNIC ont fixé comme mission à cet organisme techniqueréférent de jouer un rôle d’accompagnement sur tous lessujets majeurs de la filière de production. Bernard Laurichesse,le président de la commission technique et développementdurable du BNIC, a souhaité présenter les démarches d’étudesprioritaires qui sont travaillées par l’équipe de la Station viticole.

« Le Paysan Vigneron » – Les travaux de la commission techniqueet développement durable ont-ils débouché sur une réorientationdes axes de recherches ?

Bernard Laurichesse– Le vignoble de Cognac doit répondreà des exigences de productivité élevées qui nécessitent unemobilisation des énergies et des moyens dans les vignes. Lesefforts de replantation, de rénovation des parcelles, de stimulationdes potentialités agronomiques des sols engagés depuis10 ans commencent à porter leurs fruits. Les vignes Charentaisesretrouvent progressivement des niveaux de productivitéplus élevés, mais les pratiques viticoles mises en oeuvre pour« doper » l’énergie des vignes doivent intégrer une composantenouvelle : le respect de l’environnement. Le dynamisme actuelde la production viticole en Charentes est indissociable d’uneconscience environnementale. Les attentes de la société civile enmatière de respect de l’environnement, qui sont parfois perçuescomme excessives, ne peuvent plus être occultées. Ces constatsont amené les professionnels siégeant au sein de la commissiontechnique et développement durable du BNIC à prendre la décisiond’engager le vignoble de Cognac dans une démarche collectivede viticulture durable. C’est un challenge majeur pour l’avenir.La philosophie de production des viticulteurs devra désormaisconcilier la recherche de niveau de productivité élevé, la pérennitédu vignoble, des objectifs qualitatifs affirmés et des aspects environnementaux.Depuis le début de la mandature, les débats surce sujet au sein de la commission ont été constructifs et cela adébouché sur la création, au sein de la Station viticole, d’un pôleDéveloppement durable.

« Le Paysan Vigneron » – Les aspects de développement durabledeviennent donc un axe de recherche prioritaire pour la Stationviticole du BNIC ?

Bernard Laurichesse– Les équipes de la Station viticole travaillaientdéjà depuis une grosse décennie sur des thématiques enphases avec les exigences environnementales, mais nous avonssouhaité aller plus loin en créant un pôle de recherche spécifiquedédié au développement durable. Il fallait franchir une étape,mobiliser toutes les énergies et coordonner la mise en oeuvredes études. Le développement durable est devenu un des axesde recherche prioritaires pour l’équipe de la Station viticole. Cedossier est piloté par deux animateurs, Luc Lurton et LætitiaFour. La structure d’expérimentation propre à l’interprofessiondoit accompagner la filière régionale dans le développement detoutes les réflexions environnementales à court, moyen et longtermes.

« Le Paysan Vigneron » – Les activités de recherche de la Stationviticole du BNIC ont donc profondément évolué au cours desdernières années ?

Bernard Laurichesse– Depuis le début de la nouvelle mandature,la commission technique et développement durable a souhaitéque l’équipe de la Station viticole mobilise ses compétencessur trois chantiers prioritaires : les aspects de productivité etde pérennité du vignoble (agronomie, maladies des dépérissements,matériel végétal), la qualité des vins et des eaux-de-vie(connaissances des aspects qualité, vinification, distillation,sécurité alimentaire et protection du produit) et le développementdurable. Cette évolution est totalement en phase avec lesattentes actuelles de la filière régionale. Il est aussi évident queles dossiers de recherche en cours concernant d’autres problématiquesseront bien sûr poursuivis et menés à leur terme.

« Le Paysan Vigneron » – Comment l’axe de recherche développementdurable va-t-il être piloté par la Station viticole ?

Bernard Laurichesse– Quand on aborde le développementdurable, le premier sujet que l’actualité impose est bien sûr l’uti-lisation des intrants phytosanitaires. Lamédiatisation récente autour des problématiquespesticides rend le sujet sensibleet important. Au sein du pôle de recherchede viticulture durable piloté par la Stationviticole, le dossier utilisation des intrantsphytosanitaires ne représente qu’undes volets de réflexion. Nous sommesconvaincus que d’autres aspects méritentd’être abordés avec autant de professionnalisme.Le dossier viticulture durabledoit être piloté en ayant une vision globaleempreinte de réalisme économique.La réduction d’utilisation des intrants phytosanitairesfait déjà l’objet de démarchesd’étude dans le cadre du respect du planEcophyto 2. Elles doivent être intensifiéespour aller plus loin.Trouver de nouveaux moyens d’applications,réfléchir à des méthodes de raisonnementinnovantes, s’intéresser auxpratiques de biocontrôle, être attentif audevenir des effluents, miser sur l’innovation…représentent de nouveaux challengesqui font évoluer le métier deviticulteur. L’engagement dans des programmesde sélection variétale (par desvoies naturelles) pour créer des cépagesayant une résistance durable aux maladiescryptogamiques représente aussi une voied’avenir. Les équipes de la Station viticoletravaillent heureusement déjà sur le sujetdepuis 20 ans, et une nouvelle phase d’expérimentationsa été enclenchée depuis2010. Il y a aussi d’autres dossiers plusinstitutionnels qu’il faut construire auniveau régional pour établir un dialogueplus constructif avec les acteurs de lasociété civile.

« Le Paysan Vigneron » – Le travail déjàréalisé par la Station viticole sur lesaspects de viticulture durable a « nourri »le programme de la journée technique du28 avril prochain ?

Bernard Laurichesse– Effectivement, lefil conducteur du programme de la journéetechnique est la viticulture durable.C’est l’actualité du moment et cela risquede perdurer pendant longtemps. Il nousparaissait important de sensibiliser lesviticulteurs aux enjeux environnementauxen s’appuyant sur les résultats derecherches initiées depuis quelquesannées par la Station viticole et d’autresorganismes. Les équipes ont déjà bienexploré divers sujets dont certains ferontl’objet de communications. Le publicpourra se rendre compte du sérieux aveclequel les recherches sont conduites. Ladiscrétion naturelle des ingénieurs et destechniciens est avant tout liée à leurs soucispermanents de valider les choses avantde communiquer. Cela atteste de leur professionnalisme.

« Le Paysan Vigneron » – Plus concrètement,quels vont être les temps forts dela 12e édition de la journée technique ?

Bernard Laurichesse– Toutes les thématiquesqui vont être abordées le 28 avrilsont importantes, et vraiment des sujetsnovateurs seront présentés. Sans entrerdans le détail du programme, il me sembleque les communications sur les avancéesde recherches sur les maladies du bois,les travaux sur les cépages du futur, lesétudes de terrain sur l’impact de la taille,les suivis de recépages, les avancées auniveau de la vinification et de la qualitédes eaux-de-vie, les réflexions d’avenirsur la conception des chais, les travauxen matière de réduction d’utilisation desintrants, les nouveaux moyens de détectiondes molécules indésirables… devraientvraiment sensibiliser un large public. La12e édition de la journée technique de laStation viticole est un rendez-vous trèsriche à ne pas manquer !

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