2007: « Du jamais vu » en matière de pression mildiou

13 mars 2009

beau_rot_brun_opt.jpegEn cette fin du mois de juillet, le mildiou est présent dans presque toutes les parcelles de la région et un certain sentiment d’impuissance face à la maladie est partagé par de nombreux viticulteurs et même par les techniciens. Le constat est simple : « Le mildiou aura occasionné cette année des dégâts significatifs sur grappes et au niveau de la surface foliaire. » Bien qu’il soit encore un peu tôt pour dresser un bilan complet des conséquences sur le potentiel de production, tout le monde semble unanime autour du fait que la maladie a battu tous les records d’agressivité en intensité comme dans la durée. En effet, le parasitisme n’a pas cessé de monter en puissance depuis plus de deux mois et demi et 2007 est malheureusement devenu un nouveau millésime de référence mildiou en Charentes. Dans d’autres régions viticoles comme le Gers, le Bordelais, le Val de Loire, la Bourgogne et même dans la zone méridionale réputée peu sensible, le mildiou est présent partout et les dégâts sont parfois spectaculaires.

 

 

Traditionnellement, le vignoble charentais bénéficie d’un contexte favorable au mildiou du fait de la double influence d’un climat océanique (parfois humide au printemps et en été) et de la vigueur forte de l’Ugni blanc. Or, depuis 5 à 6 ans, l’apparition d’une climatologie plus sèche et chaude en mai et juin avait laissé à penser que désormais le mildiou devenait moins agressif et qu’à l’inverse l’oïdium allait peut-être devenir la maladie prioritaire. L’évolution climatique depuis 25 ans influence fortement les cycles végétatifs qui sont devenus précoces et souvent marqués par des périodes de fortes chaleurs estivales en juin, juillet ou en août. L’Ugni blanc a désormais une capacité de maturation plus importante et les dates de vendanges de plus en plus précoces attestent de cette évolution. Depuis 5 à 6 ans, une succession de printemps et d’étés chauds et secs avait laissé à penser que le mildiou se faisait « plus discret ». Le cycle végétatif 2007, en associant précocité et humidité constante pendant plus de deux mois, a fait revenir au premier plan le mildiou qui se montre presque « indomptable ».

Des dégâts sur grappes persistants

Dans les situations les plus délicates, les attaques sur feuilles et de rot gris apparues début juin ont ensuite continué de « prospérer » à la faveur d’un climat très pluvieux jusqu’au 14 juillet. Comme la sensibilité des jeunes baies (entre le stade grains de plomb et un gros pois) est maximum entre la fin de la floraison et la fermeture de la grappe, les dégâts sont localement assez spectaculaires. Les viticulteurs qui avaient assuré une protection précoce et sans faille jusque vers le 15-20 juin avaient l’impression de bien résister à l’épidémie mais durant les derniers jours du mois, des attaques sur feuilles (jeunes) et parfois sur grappes sont apparues. Durant cette période, le mildiou semble avoir redoublé d’agressivité au point de fragiliser tous les calendriers de traitements. La maladie est désormais présente dans toutes les propriétés mais à des degrés de nuisance très différents. Dans les situations les moins touchées, seuls les sommets de végétation et jeunes feuilles (sur les entre-cœurs) sont atteints mais dans l’ensemble les grappes sont à peu près saines. Par contre, la pression de mildiou est devenue beaucoup plus préoccupante dans les foyers précoces de début juin. Le mildiou implanté sur grappes a continué de se développer et après les attaques de rot gris, le rot brun s’est installé. Dans ces îlots, les conséquences sur le potentiel de production sont significatives et les viticulteurs concernés vivent très mal cette situation d’impuissance devant ce mildiou « ultra-virulent ».

La disparition de raisins à forte valeur ajoutée

A l’issue de ce cycle végétatif très difficile, un sentiment d’insatisfaction s’est installé dans la région délimitée. La raison en est simple : « Les échecs de protection risquent cette année d’être plus lourds de conséquences car les perspectives de rendement ne sont pas optimistes. Les effets cumulés du vent, de la coulure et localement de grêle avaient déjà fait fondre le potentiel de production. Les raisins détruits plus récemment par le rot gris et le rot brun représentent une perte de valorisation significative qui va amputer le revenu des débouchés Cognacs de nombreuses propriétés. » Dans un tel contexte, il n’est pas facile de faire preuve de pleine objectivité pour comprendre et essayer de trouver l’origine des échecs de protection. Chaque fois qu’une maladie cryptogamique occasionne de fortes nuisances dans un vignoble, l’insatisfaction se matérialise par une véritable tension entre les viticulteurs, les techniciens de distribution, les responsables des sociétés phytosanitaires. Pourtant, ce sont les années de fortes pressions qui permettent souvent de faire progresser les approches techniques de raisonnement de lutte. L’objectif d’une protection phytosanitaire est bien sûr d’empêcher un développement des maladies préjudiciable pour le maintien du potentiel de production. Depuis maintenant une quinzaine d’années, les réflexions techniques en matière de protection du vignoble ont profondément évolué en raison dans un premier temps d’un contexte économique très dur et plus récemment d’une volonté de prendre plus en compte les aspects environnementaux.

En 2007, la lutte raisonnée s’est transformée en protection sans faille

haut_feuillage_touch_opt.jpegD’une manière générale, la plupart des propriétés ont réduit de façon sensible leurs achats d’intrants en s’appuyant sur les approches techniques de lutte raisonnée. Ces nouvelles stratégies de lutte contre les maladies et les ravageurs de la vigne ont été mises en œuvre pour positionner de façon judicieuse les traitements en tenant compte du niveau de risque réel dans les parcelles. Les techniciens des services officiels ont mobilisé beaucoup d’énergie et de moyens pour mettre au point de nouveaux outils d’aide à la décision (s’appuyant sur la modélisation), et la plupart des prescriptions émanant du SRPV (Avertissements agricoles), de l’ITV et des chambres d’agriculture (Epiflash) sont issues de ces approches. La distribution a aussi mené des initiatives du même genre. Progressivement, les viticulteurs se sont familiarisés avec ces pratiques qui nécessitent une toute autre réflexion intellectuelle. Leur mise en œuvre concrète sur les propriétés repose sur un investissement technique des vignerons qui doivent avoir une attitude responsable pour décider ou pas de traiter. Les années où la pression de parasitisme est moyenne ou faible, des économies substantielles peuvent être réalisées sans qu’aucune conséquence ne soit perceptible dans le vignoble. Par contre, dans des contextes comme 1988, 1999, 2000 et 2007, la pression de mildiou rendait nécessaire une couverture sans faille et malgré cela, des attaques limitées sur jeunes feuilles sont apparues au début du mois de juillet.

Des viticulteurs ayant des attitudes responsables et des sentiments d’amertume

Devant l’extrême virulence du mildiou cette année, les réactions des viticulteurs sont diverses. Si certains avouent humblement avoir commis des erreurs (un démarrage de la protection trop tardif, une cadence de renouvellement des traitements inadaptée, une pulvérisation déficiente, l’impossibilité de rentrer dans les parcelles au moment des relevages…) qui les ont conduits à être confrontés à une belle épidémie, d’autres manifestent une véritable amertume. En effet, ils ont le sentiment d’avoir protégé leurs vignobles dans de bonnes conditions, et pourtant le rot gris et le rot brun sont présents dans les parcelles. Leurs principales critiques portent vis-à-vis de l’efficacité de certains produits et de l’insuffisance de conseils dans l’utilisation des différents fongicides. Une situation de doute et de défiance s’est parfois installée vis-à-vis des fournisseurs de l’industrie phytosanitaire et des interlocuteurs habituels.

L’utilisation des produits phytosanitaires a toujours nécessité une grande technicité, et justement l’encadrement technique nécessaire à la réussite des traitements (concernant les prescriptions spécifiques à chaque famille de matières actives) n’est peut-être plus suffisamment diffusé auprès des utilisateurs. Cette situation inquiètent les viticulteurs déçus de leur protection qui considèrent à tord ou à raison que les aspects commerciaux au niveau de la distribution ont ces dernières années supplanté la technique au moment de la définition des gammes de produits. Or, dans le cadre d’années à fortes pressions de parasitisme comme 2007, les meilleures solutions techniques font toujours la différence.

Des technicos généralement soucieux d’assister leurs clients

Les techniciens de la distribution sont donc confrontés cette année à une situation délicate car ils « vivent » l’état sanitaire du vignoble au quotidien. Le fondement de leur métier repose à la fois sur une volonté de construire des relations durables avec leurs clients et de satisfaire aux exigences économiques de leurs entreprises. Le fait qu’ils travaillent avec plusieurs dizaines de viticulteurs les amène à avoir une vision de la situation plus large, mais plusieurs d‘entre eux nous confiaient leurs difficultés à aller au bout des choses avec les viticulteurs et les représentants des firmes phytosanitaires.

Les témoignages anonymes de divers technicos de distribution attestent d’un certain sens des responsabilités et leurs propos sont globalement assez proches : « Une pression de mildiou comme celle-là, c’est du jamais vu. En 2000 on avait été confronté à des attaques plus précoces, mais à partir du 20 juin le retour du beau temps avait permis de stabiliser l’épidémie. Cette année, toutes les semaines on a eu deux à trois jours de pluies qui ont créé des conditions favorables à la maladie pendant deux mois et demi. Sur les propriétés qui ont besoin de deux jours pour couvrir leur vignoble, il a été difficile de renouveler les cadences tous les 10-11 jours et au-delà ce délai aucun produit à longue rémanence ne tenait. L’inadaptation de certains pulvérisateurs pour traiter le cœur de la végétation de modes de conduite comme les arcures hautes et les cordons hauts a été aussi démontrée. La forte croissance de la vigne est aussi un élément qui n’a pas été suffisamment anticipé dans le courant du mois de juin. Il ne faut pas nier que nous avons été aussi confrontés à des situations critiques consécutives à des trous de protection et nous avons des inquiétudes sur la tenue au mildiou de certaines spécialités commerciales. Nous avons géré au mieux ces grosses attaques avec les viticulteurs en essayant à la fois de préserver la récolte et d’éviter une sur-utilisation de produits dits “curatifs” qui pourrait conduire à la résistance. Il faut savoir rester honnête et ne pas hésiter à faire laisser un produit sur une étagère ou même à le reprendre si l’on juge qu’il n’est plus adapté au contexte de lutte d’une propriété. Le dialogue n’a pas toujours été facile mais notre rôle est d’assister nos clients dans toutes les situations, les bonnes comme les plus tendues. J’avoue qu’au départ j’ai cherché un appui technique auprès des firmes phytosanitaires mais leur réactivité n’a pas été toujours suffisante. Il faut être conscient qu’en 2007 l’investissement dans la protection va être considérable et le degré de satisfaction des viticulteurs sera variable. »

Beaucoup d’interrogations au niveau de la lutte

Les viticulteurs n’ont jamais autant traité leurs vignes pour un résultat qui reste souvent décevant car le mildiou aura pratiquement prospéré pendant toute la phase de croissance active des vignes. Les techniciens des services officiels, de la protection des végétaux et des chambres d’agriculture avouent humblement que le mildiou 2007 a battu tous les records d’agressivité et de rémanence dans le temps. D’ailleurs aucun d’entre eux n’aurait prédit une telle expansion de la maladie au 10 mai dernier. Le temps pluvieux de mai, de juin et de début juillet a vraiment favorisé l’explosion de ce champignon. Face à une situation de virulence extrême de la maladie, peut-on vraiment être insatisfait des résultats ? Il est logique que les viticulteurs ayant perdu une partie de leurs grappes soient mécontents. Néanmoins, on peut penser qu’au début des années 80, une telle pression de maladie aurait sûrement occasionné des pertes de récoltes beaucoup plus importantes car les moyens de lutte en terme de matériel de pulvérisation et de gammes de fongicides étaient plus limités. La formidable épidémie de mildiou de 2007 en Charentes et dans tous les vignobles de la façade atlantique remet en cause un certain nombre de certitudes et soulève de nombreuses interrogations comme par exemple le raisonnement des prévisions de risques en début et en cours de saison, l’efficacité des différentes familles de fongicides, le suivi des phénomènes de résistance, l’adaptation des stratégies de traitements en fonction de la sensibilité des grappes, l’adaptation des méthodes de pulvérisation aux différents modes de conduite… Souhaitons que les différents organismes techniques régionaux et nationaux aient pu profiter du contexte exceptionnel de ce millésime pour « travailler » le mildiou et proposer aux viticulteurs des solutions plus rationnelles dans l’avenir.

Comment expliquer qu’un mildiou aussi discret en début de saison devienne aussi virulent ?

m_patrice_du_srpv_de_c_opt.jpegL’une des particularités de l’épidémie est tout de même sa discrétion en tout début de cycle végétatif qui au début du mois de mai pouvait laisser à penser que la maladie n’était pas particulièrement agressive. C’est une situation assez inédite car toutes les grandes années à mildiou (1988, 1999 et 2000) étaient jusqu’à présent marquées par une pression très précoce en début de cycle végétatif. Aussi, avec le recul, on peut se demander pourquoi, après un mois d’avril sec et des indicateurs de modélisation pas particulièrement élevés début mai, le mildiou s’est montré aussi agressif en 2007 ? M. Patrice Rétaud, le responsable de l’antenne SRPV de Cognac, a essayé de répondre à cette interrogation en comparant la pression de mildiou de 2007 à celle de 2000 et 1999. L’année 1999 avait été marquée par une climatologie d’avril et mai humide propice au mildiou, puis le beau temps avait « calmé » le parasite. Par contre des précipitations importantes s’étaient produites durant l’automne et l’hiver. Le printemps 2000 avait été aussi abondamment arrosé et le mildiou avait « pointé son nez » dès l’éclosion des premiers bourgeons. A la faveur d’une ambiance très humide jusqu’au 15 juin, les dégâts sur feuilles et grappes avaient été très importants. A partir de la fin juin, un retour du soleil durable avait bien aidé les viticulteurs à maîtriser la maladie. D’ailleurs, 2000 et 1988 étaient jusqu’à présent considérés comme des millésimes de référence en matière de pression mildiou. P. Rétaud s’est attaché à comparer l’influence de la climatologie (entre le 1er avril et le 30 juin) sur les risques de contaminations enregistrés par le modèle Milvit au cours de ces trois années. Les résultats de ce travail mettent en évidence un certain nombre de pistes de réflexions qui confirment la formidable capacité d’adaptation de cette maladie dans le contexte du vignoble charentais.

Avril a retardé le développement du mildiou en « séchant » les spores

En 1999 et en 2000, la maturité des œufs d’hiver est intervenue d’une façon assez tardive (les 20 et 24 avril) à une époque où les vignes étaient déjà poussées et donc potentiellement réceptives au mildiou. En effet, le début débourrement s’était produit entre les 5 et 8 avril, et une grande majorité de parcelles avaient atteint le stade 3 feuilles étalées autour du 20 avril. Les premières pluies autour des 20-25 avril ont donc engendré des contaminations primaires et l’épidémie est très rapidement rentrée dans une dynamique de forte agressivité. La situation de 2007 est totalement différente puisque les œufs d’hiver étaient arrivés à maturité très tôt en saison (le 23 mars) et le début du débourrement ne s’est produit qu’à partir du 30 de ce même mois. La vigne n’était donc pas réceptive au moment de la maturité des œufs d’hiver. En effet, pour que les contaminations primaires se produisent, des pluies sont indispensables pour en quelque sorte « projeter » les spores sur les organes végétaux. Or, le mois d’avril 2007 a été marqué par un climat chaud et sec, propice à un développement rapide de la végétation mais rendant impossible le déroulement des premières contaminations. Les modèles n’ont détecté qu’une seule contamination en avril (le 12) suite à un léger épisode pluvieux. Le processus d’implantation de la maladie repose en début de cycle végétatif des données biologiques connues. Les pluies jouent un rôle déterminant sur le ou les premiers cycles et Patrice Rétaud considère que l’une des particularités de l’épidémie 2007 est directement liée à la séquence climatique très sèche du mois d’avril : « Cette année, la maturité très précoce des œufs d’hiver a permis la formation en quantité assez abondante des sacs de macroconidies qui contiennent les spores de mildiou. La pluie intervient comme un moyen mécanique pour en quelque sorte casser les parois des « sacs » des macroconidies, libérer et projeter les spores sur la végétation proche. Or l’absence de pluies au mois d’avril n’a pas permis leur projection sur la végétation hormis le 12 avril où une petite séquence pluvieuse hétérogène s’est produite. La prise en compte des comptages sur les œufs d’hiver me permet d‘émettre l’hypothèse suivante. Les macroconidies qui s’étaient formées en abondance au mois d’avril (grâce aux hygrométries élevées à cette époque de l’année) n’ont pas été projetées sur la végétation du fait de l’absence des pluies. Il n’y a pas eu de contaminations primaires alors que la végétation était potentiellement réceptive au mildiou. Les macroconidies et les spores de mildiou sont des organes très sensibles dont la durée de vie n’excède pas 24 à 48 heures. A la fin du mois d’avril, l’inoculum de mildiou faute de pluie avait perdu de sa virulence. A cette époque, le réservoir de macroconidies plus faible a laissé à penser que le mildiou allait être comme les années précédentes peu agressif. A partir du 5 mai, la succession des pluies a relancé le processus de contamination de façon plus tardive, ce qui explique la discrétion de l’épidémie au 10-15 mai. Jusqu’au 11 mai, les tâches d’huiles étaient difficiles à détecter et pourtant, plusieurs cycles de contaminations s’étaient produits. La fréquence des pluies jusqu’à la mi-juillet n’a cessé de faire grimper l’agressivité du mildiou qui a battu tous les records de virulence au vignoble. »

Une épidémie en situation de développement permanent

La présentation des graphiques sur les risques de contamination mildiou du 1er avril au 30 juin (issus du modèle Milvit version pluie) montrent d’une part à quel point l’épidémie 2007 est agressive et d’autre part que sa durée dans le temps est assez exceptionnelle. Une pression mildiou maximum et quasiment incessante qui dure deux mois et demi, c‘est presque du jamais vu dans notre région.

Cette situation est directement liée à la fréquence et à l’importance des précipitations. En mai, 17 contaminations ont été observées, ce qui constitue un nouveau record par rapport à 2000. Entre le 7 et le 20 mai, les contaminations ont presque été quotidiennes alors qu’à cette époque la maladie n’avait pas manifesté une réelle nuisibilité au vignoble. Par la suite, les nouvelles contaminations de la fin mai ont encore amplifié la virulence de la maladie, comme ce fut aussi le cas en 2000. Au début du mois de juin, les premières attaques importantes ont été détectées au vignoble et beaucoup de viticulteurs et de techniciens ont alors pris conscience de la gravité de la situation. Le contexte de pression s’est encore accentué suite aux pluies abondantes entre le 12 et le 26 juin où il était vraiment difficile de disposer d’une journée entière de beau temps pour réaliser les traitements. Durant ces quinze jours, la fréquence des contaminations a atteint un niveau jamais atteint juqu’à présent et le mildiou a continué de monter en puissance. Les symptômes liés à ces nouvelles contaminations sont apparus durant la première semaine de juillet à la fois au niveau des feuilles et aussi sur les jeunes grappes. Une très grande majorité de parcelles de notre région ont été infestées avec de nombreuses attaques sur grappes.
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mildiou_2000.jpgmildiou_2007.jpgL’épidémie a franchi un niveau d’agressivité supérieur à celui de 2000 où justement, suite au beau temps de juin, la maladie avait perdu de sa virulence. L’alternance de pluies et de chaleur s’est poursuivie jusqu’à la mi-juillet, ce qui a rendu la situation de plus en plus critique dans les parcelles touchées sur grappes. Le rot brun a pris le pas sur le rot gris et les dégâts sont localement assez spectaculaires. Le mildiou 2007 a
donc battu tous les records d’agressivité avec un nombre de contaminations totles liées aux pluies bien supérieur à celui de 2000, 33 au lieu de 22.

Un allongement des rameaux permanent depuis le début juin

L’abondance des précipitations (2 fois supérieures aux moyennes sur trente ans) et des niveaux de températures assez normaux ont aussi été très propices à la croissance des Ugni blancs. Dans le courant du mois de mai, la vigne a réagi au climat de façon assez hétérogène, ce qui a compliqué le déroulement des relevages. Certaines parcelles ont poussé vite et d’autres (surtout celles taillées tardivement) ont eu une croissance un peu en dents de scie. Au mois de juin les allongements de rameaux ont été beaucoup plus importants (plus de 25 cm par semaine) et cette croissance s’est poursuivie jusqu’à la mi-juillet. D’une manière générale, les vignes ont cette année une forte vigueur tout à fait comparable pour l’instant à l’année de référence 1997 où l’allongement des rameaux s’était poursuivi jusqu’au mois d’août. C’est aussi un élément qui différencie assez nettement le déroulement du cycle végétatif 2007, propice à la vigueur jusqu’à la mi-juillet, à celui de 2000 où la croissance s’était fortement réduite à partir de la mi-juin. Le fait que les vignes aient cette année une forte vigueur est un élément à prendre en compte dans la gestion des renouvellements de traitements. Les produits de traitements « dits » systémiques ou pénétrants de toutes familles avaient une bien meilleure efficacité lorsqu’ils étaient renouvelés à 10-11 jours qu’à 14 jours. Par ailleurs, suite au rognage, l’émission de rameaux secondaires a été rapide et importante, ce qui complique encore aussi la gestion des protections phytosanitaires. Dans les conduites non palissées de type arcures hautes ou cordons hauts, les rognages précoces et plus fréquents ont provoqué des repousses d’anticipés encore plus accentuées. De par leur nature, ces organes végétatifs « tendres » sont naturellement plus sensibles au mildiou que les rameaux principaux et, à partir du 20 juin, la plupart des fongicides systémiques ont une efficacité limitée dans tous les organes végétaux jeunes qui se développent entre deux traitements.
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Des traitements réalisés entre « les gouttes » avec parfois des moyens de pulvérisation sous-dimensionnés

tdhuile_3_opt.jpegDans un tel contexte, la réalisation des traitements a été très délicate. Certaines semaines en mai ou en juin, il était vraiment difficile de trouver une journée sans pluie. Malgré un suivi des prévisions météo, il n’a pas toujours été possible de rentrer dans les parcelles au moment opportun. Les vignobles de petites et moyennes surfaces ont, en général, réussi à mieux gérer ces situations car ils disposent souvent d’un pulvérisateur un peu sur-dimensionné. Par contre, les propriétés n’étant pas en mesure de couvrir leur vignoble dans la journée ont rencontré beaucoup plus de difficultés pour renouveler les protections sans décalage. Il arrive maintenant que des exploitations de 40 à 50 ha ne possèdent qu’un seul pulvérisateur performant, ce qui tout de même est trop juste surtout si le parcellaire est dispersé. Certains puristes estiment qu’un pulvérisateur ne peut couvrir en face par face au cours d’une journée de travail de 10 heures à la vigne que 30 à 35 ha. Ensuite, dans un contexte d’humidité ambiante très fort comme celui de 2007, les traitements finis très tard la nuit étaient-ils suffisamment absorbés par la végétation surtout si la journée du lendemain était pluvieuse ? Une même interrogation se pose sur les démarrages de protection à la suite d’une nuit pluvieuse ? Beaucoup de techniciens semblent très critiques vis-à-vis de ces pratiques de traitements de nuit ou en conditions trop humides qui, selon eux, provoquent des phénomènes de dilution dont le bon sens laisse à penser qu’ils nuisent à la rémanence des produits. La qualité de la pulvérisation reste aussi un éternel débat qui dans des années comme 2007 fait la différence. Une vitesse trop élevée, des débits de buses non maîtrisés, des débits d’air insuffisants, des traitements sur une seule face de rang, des sous-dosages volontaires et involontaires… ont créé des situations de faiblesses dans le dispositif de protection et malheureusement le mildiou a tiré profit de ces incidents. Les viticulteurs qui régulièrement contrôlent la qualité de leur pulvérisation et couvrent des surfaces raisonnables étaient en mesure cette année d’effectuer des traitements dans de meilleures conditions.

Beaucoup de produits ont été mis en difficulté

La gestion des calendriers de traitements s’est aussi avérée très délicate et les viticulteurs voyant le mildiou se développer dans leurs parcelles sont en droit de se poser un certain nombre de questions ? Dans un contexte de pression mildiou comme 2007, la gamme de fongicides utilisée en viticulture est-elle suffisante pour combattre efficacement le mildiou ? Après une année 2006 marquée par une recrudescence de l’oïdium, les calendriers de traitements commercialisés par les distributeurs étaient-ils suffisamment sécurisés vis-à-vis du mildiou ? Les messages techniques liés à l’efficacité intrinsèque de chaque matière active n’ont-ils pas été un peu trop « dilués » par les enjeux commerciaux ? Le positionnement dans les calendriers de certaines spécialités à spectre double oïdium et mildiou était-il adapté à la pression de mildiou 2007 ? La résistance généralisée aux strobilurines n’a-t-elle pas conduit à une baisse de l’efficacité de certains produits ?… Toutes ces interrogations attestent de la complexité à lutter contre le mildiou dans le cadre d’une année très difficile où le mildiou n’a cessé d’être virulent de mai à juillet ? P. Rétaud, du SRPV de Cognac, nous faisait remarquer que l’une des difficultés de l’année 2007 était de positionner les produits judicieusement : « Les viticulteurs qui ont vu apparaître le mildiou dans leurs vignes fin mai ont tout de suite utilisé des produits à vocation curative à base de diméthomorphe et d’iprovalicarbe pour essayer de stopper ces premières attaques. Leur réaction est tout à fait compréhensible mais cela a eu comme conséquence qu’ensuite les gens ont été démunis dans le choix de leurs produits pour faire face aux nouvelles attaques de fin juin et début juillet. Dans la période allant du 20 mai au 20 juin, l’utilisation des spécialités à base de fosétyl aluminium est conseillée car leur efficacité s’avère bien meilleure sur jeunes feuilles qu’en juillet. Par ailleurs, l’utilisation de fongicide à base de diméthomorphe et de l’iprovalicarbe ne doit pas dépasser deux à trois traitements par an. Ce sont des produits qui cette années ont souvent été positionnés en curatif. Il me paraît nécessaire de préciser ce que signifie cette notion de curativité des foncigides. Il existe deux types d’action curative, une première dite de post-contamination s’exerçant sur la germination des spores dans un délai maximum de 24 à 48 heures (après la contamination) et une seconde dite anti-sporulante gênant le développement des fructifications. Durant la phase de développement du mycélium dans les tissus de la plante, aucune matière active actuellement à notre disposition s’avère efficace. L’efficacité curative de post-contamination concerne le diméthomorphe, l’iprovalicarbe, le cymoxanil et les strobilurines. Cette action est cependant limitée à seulement une ou deux contaminations précédant le traitement. L’efficacité curative anti-sporulante concerne essentiellement l’iprovalicarbe et le diméthomorphe. Elle ne s’exerce que sur un nombre très limité de cycles en cours d’incubation.

Il ne faut pas construire des calendriers de traitements en comptant sur ces effets curatifs pour maîtriser les épidémies. Le développement des phénomènes de résistance ne permet plus d’utiliser ces effets curatifs pour les spécialités commerciales à base d’anilides et de strobilurines. Jusqu’à présent, l’iprovalicarbe et le diméthomorphe ne sont pas concernés par les phénomènes de résistance et c’est pour cette raison que ces produits ont été utilisés pour leurs vertus curatives. Par contre, leur sur-utilisation au-delà deux ou trois traitements par an risque de créer une pression de sélection propice à l’apparition de souches résitantes. Pour les fongicides de la famille des anilides, la philosophie est identique mais l’historique d’utilisation avec des phénomènes de résistance avérés (engendrant des pertes d’efficacité partielles) amène à une gestion de leur emploi encore plus prudente.
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 Les strobilurines sont des produits à spectre large efficaces à la fois sur oïdium, black-rot et mildiou, et c’est justement cette souplesse d’emploi qui a souvent séduit les distributeurs et les viticulteurs. Ils sont aussi confrontés à des problèmes de résistance depuis le début des années 2000. L’une des particularités de la famille des strobilurines (les QOI) est aussi que d’autres spécialités commerciales sont uniquement homologuées sur oïdium et leur utilisation depuis quelques années a aussi provoqué une sélection de souches résistantes au mildiou. Nous réalisons au sein du service un suivi de l’évolution de la résistance tous les ans et actuellement dans la région, toutes les familles de produits à base de CAA (diméthomorphe QOI et iprovalicarbe), d’anilides (bénalaxyl et méfénoxam) et QOI (azoxystrobine, pyroclostrobine, famoxadone et fénamidone) sont confrontées à ce problème. »

Des délais de couverture raccourcis et une optimisation du positionnement des différentes matières actives

Les différents témoignages de viticulteurs, de techniciens de la distribution et de techniciens des services officiels mettent en évidence un certain nombre de réflexions communes vis-à-vis de l’efficacité de certaines familles de produits. D’une manière générale, il semble que tous les produits commercialisés sous l’appellation systémiques ou diffusants à longue rémanence de 12 à 14 jours ne « tenaient » pas deux semaines cette année mais seulement 10 à 11 jours maximum. Les principales raisons de la moindre « longévité » de ces spécialités sont bien sûr l’énergie extraordinaire de la maladie et aussi la très forte croissance de la végétation qui en moyenne prenait 25 à 30 cm par semaine. Dans un tel contexte, le bon sens laisse à penser que l’apport de doses pleines de fongicides arrivait à être « dilué » une dizaine de jours après le traitement et les organes végétaux développés après le traitement étaient peu ou pas couverts. L’utilisation de certaines familles de fongicides à base d’anilide et de fosétyl a d’une manière générale était mieux maîtrisée du fait de l’antériorité de ces produits et de l’expérience technique qui a été acquise depuis 20 ans. Il faut se souvenir que dans le milieu des années 80, l’un des premiers « incidents » en matière de résistance au mildiou a été lié à une sur-utilisation des anilides qui avait conduit à une perte d’efficacité très nette des produits de cette famille. Cela a eu comme conséquence par la suite que pendant quelques années (entre 1988 et 1995), ces produits avaient littéralement disparu des calendriers de traitements.

Depuis quelques années, les firmes phytosanitaires les ont repositionnés sur le marché mais en ayant bien présent à l’esprit leurs limites d’utilisation : « Ce sont des produits à positionner de façon préventive et leur emploi est volontairement limité à deux traitements par an. Cette stratégie d’auto-limitation des produits de la famille des anilides est d’une part indispensable au maintien de leur efficacité et à leur pérennité d’emploi dans le temps. Les nombreux produits à base de fosétyl aluminium possèdent des modalités d’utilisation qui sont bien connues. Le mode d’action des spécialités commerciales à base de fosétyl aluminium repose sur des mécanismes de stimulation des défenses naturelles complexes dont les avantages et les limites ont été observés par les techniciens de terrain. Leur positionnement entre le stade boutons floraux séparés et le stade grain de la taille d’un petit pois représente une plage d’utilisation où l’efficacité est optimale. Passer ce stade, différents essais (dont ceux du SRPV de Cognac en 2000) ont montré que l’efficacité était nettement moins importante au niveau des organes végétaux jeunes (rameaux secondaires et anticipés). Ce sont donc des produits à positionner de préférence dans la première partie du cycle végétatif en n’oubliant pas de resserrer les cadences à 10-11 jours en fonction de l’importance de la pousse et de la pression de mildiou. Cette année, le positionnement des produits à base de fosétyl Al a donné plutôt satisfaction alors qu’à partir de fin juin, leur efficacité sur tous les organes végétaux jeunes a été moindre.
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Le cas particulier des Strobilurines et du Cabrio Top

L’une des familles de spécialités phytosanitaires qui semble avoir suscité beaucoup d’interrogations est celle des QOI. En effet, ces produits sont apparus à la fin des années 90 et dès 2002, des phénomènes de résistance engendrant des pertes d’efficacité partielles ont été mis en évidence. La particularité de ces produits est liée au fait que ce sont tous des matières actives ayant des spectres d’activités larges utilisés depuis de nombreuses années en grandes cultures pour lutter contre l’oïdium, la rouille… En viticulture, leur emploi a séduit bon nombre de viticulteurs en raison de leur polyvalence contre le mildiou, le black-rot et l’oïdium, et aussi des délais de rentrée dans les parcelles très courts après les traitements. Les premières sociétés qui ont commercialisé des fongicides à base de QOI ou de strobilurines (anti-mildiou et anti-oïdium à 10 à 12 jours), Syngenta avec l’az et Du Pont de Nemours avec le famoxate (seulement un anti-mildiou à 10 à 12 jours) et Bayer CropScience avec la fénamidone, ont été confrontées, à partir de 2001 et 2002, à des problèmes de pertes d’efficacité significatifs liés à des phénomènes de résistance.

Face à ce problème, l’utilisation des fongicides à base de strobilurines a été limitée à 2 à 3 traitements maximum par an pour préserver leur efficacité, mais le climat de suspicion a conduit très rapidement à la quasi-disparition de ces produits des calendriers de traitements. Plusieurs autres sociétés ont ensuite fait homologuer sur oïdium et black-rot des strobilurines qui sur ces maladies n’ont pas développé à ce jour de phénomènes de résistance et l’efficacité de ces spécialités sur oïdium est qualifiée de remarquable par tous les techniciens des services officiels.

La spécialité commerciale à base de strobilurines qui est la plus employée dans notre région est le Cabrio Top de BASF Agro à base de pyraclostrobine associée à du métirame de zinc. Le produit possède un spectre d’activité large (mildiou, oïdium et black-rot), une rémanence de 12 à 14 jours et un délai de rentrée dans les parcelles court. Depuis son lancement en 2002, il avait donné entière satisfaction et ses performances sur oïdium ont été louées dans la plupart des régions viticoles françaises. La société BASF Agro a préconisé de positionner depuis quelques années le Cabrio Top dans l’encadrement de la floraison pour justement contrôler au mieux l’oïdium. Les viticulteurs qui en 2006 ont employé ce produit dans les périodes pré et post-floraison (deux traitements consécutifs maximum) avaient très bien contrôlé l’oïdium. Le Cabrio Top avait pris dans notre région des parts de marché significatives et avec le recul, on peut se demander si, cette année, ce produit n’est pas pénalisé par son succès commercial.

En effet, bon nombre de viticulteurs qui en 2007 ont positionné un ou deux traitements dans l’encadrement de la floraison font état de leur déception vis-à-vis de l’efficacité contre le mildiou. Les réflexions du genre : « le produit n’a pas tenu, son efficacité n’a pas été à la hauteur du risque mildiou » sont fréquentes et la déception est d’autant plus grande que le Cabrio Top est une spécialité présentée comme haut de gamme et vendue à des niveaux de prix élevés. Un certain nombre de questions autour de l’efficacité contre le mildiou du Cabrio Top se posent ? Le positionnement de ce produit dans l’encadrement de la floraison en 2007 était-il judicieux compte tenu de la pression mildiou ? La résistance avérée (engendrant une perte d’efficacité partielle) aux strobilurines et donc au Cabrio Top a-t-elle été suffisamment anticipée par la société BASF, les distributeurs ? La diffusion de l’information spécifique à l’emploi de ce produit a-t-elle était réalisée dans de bonnes conditions ? M. P. Rétaud, du SRPV de Cognac, tient un discours cohérent sur l’utilisation des strobilurines : « A notre niveau, les préconisations d’utilisation des strobilurines sont établies depuis plusieurs années. La note mildiou publiée dans les Avertissements agricoles en début de saison était à ce sujet très claire. Tous les produits de cette famille sont confrontés à des problèmes de résistance qui occasionnent une perte d’efficacité partielle et dans le cadre d’une année à haut risque mildiou comme 2007, ils ont pu être mis en difficulté surtout si les traitements ont été positionnés en situation trop curative. Il faut simplement être conscient que les phénomènes de résistance conduisent à utiliser autrement tous les produits qui y sont confrontés. Avec les anilides, on est arrivé à acquérir une certaine maîtrise d’utilisation qui a démontré son intérêt. L’expérience de 2007 avec les strobilurines devrait nous permettre de progresser encore dans les modalités d’utilisation de ces produits contre le mildiou. »

que devient le conseil technique des services officiels

Le contexte pesant qui existe cette année autour du Cabrio Top et de tous les produits de la famille des strobilurines ne doit pas supplanter l’intérêt à moyen terme que représentent tous les produits de cette famille. La société BASF Agro, qui est pleinement consciente de la situation complexe du contexte mildiou en Charentes cette année, a accepté de répondre à un certain nombre de questions autour de l’efficacité contre le mildiou du Cabrio Top (voir encadré page 34).

L’un des seuls regrets majeurs de bon nombre de viticulteurs est de ne pas avoir été suffisamment encadrés techniquement pour positionner au mieux les différentes familles de fongicides. Cette critique concerne à la fois les relations directes avec les distributeurs et aussi les messages d’information des services officiels. En effet, le contexte de pression parasitaire extrême ne met-il pas en évidence l’importance des communications techniques indépendantes de toutes contingences commerciales qui sont malheureusement devenues plus rares dans notre région ? Cette réflexion n’est qu’un constat et non pas un grief vis-à-vis des équipes qui travaillent sur ces sujets car les hommes en place font le maximum. Les moyens mis à disposition de ces techniciens régionaux sont-ils suffisants pour leur permettre de développer des actions techniques d’envergure pour aider les viticulteurs à raisonner au mieux leur protection ? La réponse est non quand on se rend compte qu’en 2007, aucun essai de stratégie de lutte contre le mildiou n’a été mis en place dans notre région. C’est bien dommage !

Il est d’ailleurs assez paradoxal de voir que beaucoup d’organismes officiels s’investissent de plus en plus dans des missions de contrôles à la demande des organismes de tutelle qui définissent leurs objectifs de travail. Cette évolution de leurs missions correspond à une volonté d’acquérir une meilleure maîtrise de la qualité des productions agricoles, ce qui est sur le fond tout à fait essentiel. La limitation de l’utilisation des intrants phytosanitaires est aujourd’hui devenue une préoccupation de premier plan qui s’est matérialisée dans les faits par la montée en puissance des pratiques d’agriculture raisonnée (spécifiques à chaque culture). La pérennité de ces démarches repose sur un travail technique de fond permettant de réduire et d’optimiser l’utilisation des produits phytosanitaires en fonction d’un risque réel dans les parcelles.

En viticulture, les différents organismes officiels, les chambres d’agriculture, les SRPV et l’ITV ont beaucoup travaillé ces sujets avec un objectif prioritaire : la volonté de donner des conseils plus personnalisés adaptés au contexte de petits bassins de production qui débouchent sur une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Cette évolution fondamentale de la prescription, au niveau par exemple des Avertissements agricoles, nécessite un investissement supplémentaire des techniciens qui doivent tisser des réseaux d’informations plus locaux et plus nationaux pour connaître l’évolution du parasitisme et surtout essayer d’aider les praticiens à gérer préventivement leur protection.

Aujourd’hui, un ingénieur chargé de rédiger les Avertissements agricoles ou tout autre support de préconisation à caractère officiel doit se construire une réflexion technique en s’appuyant sur la conduite d’expérimentations indépendantes de toutes contingences commerciales et aussi nouer des contacts diversifiés avec tous les acteurs de la filière (pour comprendre et surtout anticiper les situations à haut risque), des vignerons répartis dans toutes les zones de production, des techniciens de distribution et des responsable des firmes phytosanitaires testant les nouvelles spécialités phytosanitaires. Si ce travail ne peut pas être accompli dans de bonnes conditions, le conseil émanant des services officiels sera-t-il vraiment en mesure de contribuer à faire progresser les démarches de lutte raisonnée, souhaitées par les consommateurs, le ministère de l’Agriculture et tous les organismes qui en dépendent ? La réalité du fonctionnement des équipes de techniciens de terrain des services officiels, qui sont de plus en plus mobilisées par des missions de contrôle ou d’acompagnement économique, suscite déjà une certaine inquiétude auprès des professionnels qui estiment qu’aujourd’hui un certain décalage existe entre le discours officiel et les faits.

Bibliographie: l’antenne SRPV de Cognac ; les techniciens des chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime ; les techniciens de divers organismes de distributions de produits phytosanitaires.

Gestion De La Résistance Aux Fongicides

Le phénomène de résistance touche, à ce jour, plusieurs groupes de fongicides (voir tableau).

La limitation annuelle du nombre des applications est la stratégie mise en œuvre pour limiter l’extension ou empêcher l’apparition des phénomènes de résistance. Elle doit également garantir l’efficacité des spécialités déjà concernées par la résistance.

Pour ces deux raisons, le nombre d’applications ne doit pas dépasser deux ou trois pour chacun des groupes de spécialités à base de Qol, d’anilides (bénalaxyl et méfénoxam), de CAA (diméthomorphe, iprovalicarbe) et de zoxamide.

Sur l’ensemble de la campagne, il est fortement conseillé de pratiquer l’alternance des fongicides à modes d’action différents. Cette règle est facile à appliquer dans la mesure où sept groupes de fongicides existent pour l’instant.

Certaines substances actives (cymoxanil, diméthomorphe, iprovalicarbe…) présentent un effet curatif (destruction du champignon après la contamination). Cet effet curatif ou stoppant est de 1 à 3 jours selon les températures (1 jour si la température moyenne est de 20 °C et 3 jours si la température moyenne est de 13 °C). L’efficacité d’un traitement curatif n’est jamais totale. Sauf exception en situations très particulières dans les vignobles du Sud-Est, cette propriété ne doit pas être prise en compte lors de la conception des programmes du fait des problèmes ou des risques de résistance. La lutte doit être essentiellement préventive. C’est dans ces conditions que les fongicides sont les plus performants.

(Extrait de la Note nationale mildiou)

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