Société H. Mounier

19 mai 2009

Parce que les eaux-de-vie et autres alcools inflammables ne sont pas « personnae gratta » dans Cognac « intra muros », la société H. Mounier a procédé à « l’exfiltration » de ses chais sur le site du Laubaret. Un chantier important, qui vient de s’achever.

naudinunicoop.jpgDeux ans de réflexion, un an de construction, 54 réunions de chantiers, 4 000 m2 couverts, le logement de 45 000 hl vol., des excavations « en veux-tu, en voilà », des murs siporex comme s’il en pleuvait… La création ex nihilo d’un site industriel n’est jamais chose aisée, surtout lorsqu’il s’agit d’abriter des matières inflammables comme le Cognac. Sous la haute surveillance du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours), le chantier a fait appel à de multiples compétences et corps de métier. Pourtant, c’est une « ingénierie maison » qui a présidé aux décisions d’ensemble, comme l’a précisé Jean-Marc Gautier-Auriol, le directeur technique de la soci été. Il faut dire qu’avec le site de la vodka Grey Goose, sortie de terre il y a quatre ans, l’entreprise avait eu l’occasion de se « faire la main » sur un projet d’ampleur. Une expérience dont bénéficie l’actuelle réalisation.

A une époque la coopérative Unicoop – société mère de H. Mounier – a possédé jusqu’à quinze chais en ville. Avant la nouvelle construction du Laubaret, il en restait encore six. Dorénavant, ne subsistera à Cognac qu’un seul chai Pineau, d’une contenance d’environ 10 000 hl vol. Au grand regret des responsables d’H. Mounier qui expliquent cette persistance par « l’obligation budgétaire de serrer les boulons ».

Le Laubaret nouveau se compose d’un ensemble de trois chais qui font face aux chais de vieillissement construit dans les années 80-90 en bordure de la RN 147. Le premier est dédié au Pineau. Le bâtiment, d’une surface de 1 300 m2, contient 40 tonneaux de 400 hl, ce qui en fait sans doute le plus gros chai de stockage Pineau de la région. En l’espace de trois mois, les tonneaux furent démontés puis remontés, le tout dans un vacarme assourdissant quand les ouvriers se livraient au cerclage des tonneaux, véritable « danse de l’ours ». Mais avant, il y avait eu les opérations de nettoyage… un vrai travail de titan ! Le deuxième chai, couvrant une surface de 1 600 m2, est consacré à la réception et au traitement des Cognacs et Pineaux avant leur mise en bouteille. Dans le process général Cognac et Pineau, le chai de coupe fait office de « salle des machines ». C’est l’outil technique par excellence. La partie réception s’ouvre sur 56 cuves inox. Particularité de ces cuves : le traitement spécial subi par les parois – inox recuit brillant – qui leur confère la propriété de ne pas attacher. Cette solution, utilisée en Champagne, s’avère un peu innovante pour le Pineau. Quant à la partie réservée au traitement des liquides, elle se compose d’une chambre froide pour le Cognac et le Pineau (deux fois 5 cuves de 300 hl) équipée d’un système de transfert de frigories qui permet d’économiser jusqu’à 85 % de l’énergie nécessaire à son fonctionnement, mais aussi d’échangeurs à plaques, d’un filtre tangentiel pour le Pineau… Un bâtiment abrite un plateau technique constitué d’un transformateur EDF, d’un tableau général basse tension, d’un compresseur air comprimé et d’un surpresseur pour réseau incendie. Plus petit (700 m2), le troisième chai zone ATEX est réservé aux Brandy, Armagnac, liqueurs et autres eaux-de-vie. Un laboratoire, des bureaux, une salle de réception et un « Paradis » tout neuf destiné à accueillir de vieilles eaux-de-vie complètent le dispositif. Jean-Marc Gautier-Auriol décrit un investissement sans fioritures ni faste mais opérationnel, moderne et pragmatique. A l’entendre pourtant, on comprend qu’un équipement lui tient plus particulièrement à cœur. C’est le « pousse à l’obus », un système qui permet au liquide de circuler à l’intérieur des tuyaux en toute sécurité d’hygiène. Inventé, dit-on, aux Etats-Unis par Colgate Palmolive pour transférer des produits pâteux, le « pousse à l’obus » n’est rien d’autre qu’une sorte « d’os » contenu entre deux membranes souples, qui, sous l’effet de la pression, nettoie la tuyauterie. Le système fonctionne sous vision électronique avec des capteurs de pression à chaque cuve pour connaître le volume instantané. L’hygiène de la tuyauterie étant garantie, il est possible de s’exonérer de la contrainte du transport par camion d’un chai à un autre. Ainsi, des canalisations souterraines traversent la route du Laubaret. Elles relient les chais de vieillissement Cognac au chai de réception et de traitement. Même chose pour le chai Pineau.

chaisunicoop.jpgSi le site héberge environ 45 000 hl de cuverie sur un plateau couvert de 3 923 m2, les bassins incendies et autres cuvettes de dilution représentent un total de 4 500 m3, soit, pour un hl de stockage, un hl creusé. Bien sûr, tout le site est en rétention (seuil de 10 cm), pour récupérer les écoulements accidentels, de même qu’il est confiné vis-à-vis du feu. Les équipements liés à la sécurité représentent un quart du coût total. Cette conformité aux normes, J.-M. Gautier-Auriol la considère non seulement comme incontournable vis-à-vis des seuils de sécurité mais aussi à l’égard des clients. « Nos acheteurs étrangers ou de la grande distribution attendent de nous cette capacité à “tenir la route” en matière d’hygiène et sécurité voire même, parfois, à devancer un peu l’appel. »

Dans son intervention, le président de la coopérative viticole de Cognac Unicoop, Jean Naudin, a mis l’accent sur les gains de productivité et la moindre pénibilité du travail offerte par le nouvel outil. « Ils l’avaient rêvé, ils l’ont fait » a-t-il dit en remerciant Francis Barat, directeur de H. Mounier, François Thibault, maître de chai, et Jean-Marc Gautier-Auriol. Il a rappelé les origines de la coopérative, fondée en 1929 par des viticulteurs indépendants soucieux de maîtriser leur destin et dit toute la fierté qu’en ressentaient leurs successeurs. « En tant que petite maison de Cognac, Unicoop-H. Mounier participe de façon honorable à la rémunération des viticulteurs. » « Cet investissement prouve le dynamisme du monde coopératif moderne. »

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