L’offre de pulvérisateurs performants s’étoffe : L’essai pilote du pulvérisateur Bertoni

25 juillet 2013

Le pulvérisateur viticole qui serait en mesure de positionner sur la végétation 90 % du produit mis en œuvre dans la cuve n’a pas encore été mis au point et c’est bien dommage ! Un tel équipement serait une profonde évolution pour aborder le raisonnement de la protection du vignoble dans une optique de véritable respect de l’environnement. L’assurance d’une pulvérisation efficace est le rêve de la grande majorité des viticulteurs qui sont confrontés actuellement aux limites des matériels existants. Au mieux, les équipements de pulvérisation en face par face bien réglés et utilisés en absence de vent permettent de positionner 60 % du produit sur les rangs de vignes. Le reste tombe sur le sol et part en brouillard dans l’atmosphère. Cette réalité, tous les véritables professionnels de la filière viticole ne peuvent aujourd’hui la nier. Alors, comment peut-on faire pour satisfaire l’objectif de réduction d’intrants phytosanitaires de 50 % de la démarche Ecophyto d’ici 2018 ? Cette question suscite de grosses inquiétudes des années comme 2007, 2008 et 2012, où le mildiou est puissant. Sous-doser c’est prendre le risque de perdre la moitié de la récolte et de fragiliser l’équilibre économique de beaucoup de propriétés. L’utilisation de pulvérisateurs de nouvelles générations serait sans aucun doute un moyen fiable pour atteindre cet objectif. De véritables innovations ont été développées par plusieurs petits constructeurs. Les sociétés Dagnaud et Friuli ont présenté il y a deux ans des tunnels de pulvérisation ventilés innovants, et déjà ces équipements ont conquis un certain public. La présentation de trois nouveautés, le tunnel Bertoni Arcobaleno, le tunnel à flux tangentiel Lipco et le jet porté face par face Wanner démontrent que l’offre des pulvérisateurs plus performants est en train de s’étoffer.

 

 

Les cellules de pulvérisation confinées avec récupération de bouillie intéressent beaucoup de viticulteurs, mais leur utilisation reste encore marginale. Jusqu’à présent, ce sont plutôt les propriétés de surfaces moyennes qui utilisent ces équipements. Les responsables des vignobles Hennessy, qui réfléchissent à la mise en œuvre de diverses pratiques permettant de réduire l’utilisation des intrants phytosanitaires, testent l’utilisation du pulvérisateur Bertoni depuis le début de la campagne 2012. Les premiers retours d’expérience confirment l’intérêt de ces équipements pour assurer la protection de 25 à 30 ha dans la journée.

p16.jpgLes vignobles Hennessy portent une attention particulière aux aspects de pulvérisation depuis de nombreuses années. Le fait de vouloir aller plus loin dans les démarches de raisonnement de la protection du vignoble ne peut être envisagé sans une maîtrise parfaite de la qualité des applications. Etre sûr que 90 % des produits mis en œuvre dans le pulvérisateur se retrouvent sur la végétation est pour l’instant un objectif irréaliste avec les matériels actuels. Sandrine Weingartner, la responsable de recherche de la société Hennessy et Eric Lecoanet, le chef d’exploitation du domaine de la Bataille, ont profité du besoin de renouveler un pulvérisateur pour conduire une réflexion sur la recherche d’un équipement ayant une capacité à mieux respecter l’environnement. La mise en œuvre des traitements dans la propriété de la Bataille (180 ha) était effectuée jusqu’en 2012 avec quatre pulvérisateurs KWH équipés d’une rampe enjambeuse 6 faces. La qualité de pulvérisation et les performances en terme de capacité de couverture donnaient pleinement satisfaction. Ces appareils pneumatiques sont bien adaptés à la structure des vignes hautes et larges du domaine. La volonté d’aborder la protection du vignoble en allant plus loin dans la maîtrise de l’utilisation des intrants phytosanitaires a amené S. Weingartner et E. Lecoanet à s’ intéresser aux tunnels de pulvérisation équipés de systèmes de récupération de bouillie.

Un essai pilote durant toute la campagne au domaine de la Bataille

p17a.jpgLes recherches de l’équipe technique de la SODEPA auprès des divers fournisseurs de ces équipements leur ont permis de nouer des contacts avec la société Bertoni, dont le matériel présentait de réelles innovations : « Le pulvérisateur Bertoni Arcobaleno (arc-en-ciel en français) est un appareil très différent de tous les modèles existants, car les apports de technologie sont présents à divers niveaux : la soufflerie, la récupération, la structure des rampes, les cellules de confinement et l’automatisation de l’appareil. L’aspect extérieur volumineux de l’outil surprend un peu au départ et peut susciter des réticences au niveau de la prise en main. Au cours de la campagne 2012, nous avons loué un appareil pour le tester durant toute la saison sur un îlot de 30 ha en comparaison avec un pulvérisateur KWH trois rangs. L’essai pilote à grande échelle a été conduit pour apprécier les performances de l’appareil et aussi juger son utilisation pratique (facilité de conduite, manœuvre…). L’initiative s’est révélée fructueuse puisque nous avons acheté le pulvérisateur Bertoni à l’issue de cette difficile saison. En 2013, nous souhaitons continuer de valider les performances en matière de qualité de pulvérisation et nous assurer de l’absence de variations de concentration de bouillie au fur et à mesure du recyclage de la bouillie. »

Un pulvérisateur imaginé par un arboriculteur de Ravennes (Italie)

Le pulvérisateur Bertoni fonctionne en utilisant des principes connus au niveau de la production du flux de pulvérisation au sein de la cellule confinée et du système de récupération de bouillie. Par contre, les moyens technologiques mis en œuvre pour assurer ces fonctions sont réellement différents. L’origine de cet équipement est née au cœur d’un verger dans la région de Ravennes, en Italie, grâce à la volonté d’un arboriculteur, le père de Sergio Bertoni qui dirige aujourd’hui l’entreprise Bertoni S.r.l.

p17b.jpgLes pertes de produits par les dérives liées au vent rendaient l’application des traitements aléatoire et représentaient un véritable danger vis-à-vis de l’environnement et pour la maîtrise des itinéraires de protection. Comment pallier de telles insuffisances ? Le père de S. Bertoni a construit en 1993 un premier prototype d’appareil pour un verger de pêchers palissés. L’innovation a été protégée par un brevet et un début de collaboration avec un constructeur italien. Cette situation a incité Sergio Bertoni à créer en 2005 une entreprise spécialisée dans la fabrication d’une gamme de pulvérisateurs viticoles et arboricoles innovants. Un pôle de compétence a été constitué pour plancher sur la conception d’un outil compact, innovant et fonctionnel. La cellule confinée de pulvérisation a fait l’objet de recherches spécifiques et elle constitue l’âme de ce pulvérisateur.

La deuxième idée forte dans la conception de ce matériel se situe au niveau des moyens énergétiques nécessaires à la mise en œuvre du flux d’air. La puissance, la constance et la modulation de production du flux d’air au cours du travail représentent des gages de qualité pour la pulvérisation. Le fonctionnement des souffleries utilise une source d’énergie indépendante du régime moteur et de la vitesse d’avancement des tracteurs.

Des tunnels en ABS équipés de 4 turbines par face de rang

Le tunnel de pulvérisation est fabriqué dans un type d’ABS (acrylonitrile butadène styrène) spécifique, un dérivé de la fibre de verre traditionnelle qui présente l’avantage d’être à la fois plus léger, solide et résistant aux chocs. Il est très utilisé dans les appareils électroménagers (corps de cafetières, d’aspirateurs…), les jouets (le lego), la carrosserie automobile (exemple la Citroën Méhari) et dans l’industrie nautique.

p18a.jpgLa cellule de confinement et de pulvérisation du tunnel Bertoni est constituée de deux coques verticales de formes incurvées, à l’intérieur desquelles sont positionnées les souffleries, les rampes de pulvérisation et tout le système de récupération de bouillie. Le traitement des deux faces des rangs de vignes est effectué à partir des deux coques ayant une ergonomie spécifique qui renferment quatre ventilateurs, un écran alvéolé de récupération de bouillie sur toute la hauteur, la rampe verticale des porte-buses et le bac inférieur de pompage de la bouillie. Les quatre ventilateurs de chaque coque de pulvérisation sont positionnés de manière opposée (soit à l’avant, soit à l’arrière du panneau) pour que les deux flux d’air produits ne s’opposent pas et créent au contraire un effet de turbulence rotatif au centre des rangs. La forme intérieure des panneaux provoque un phénomène d’accélération d’air qui est propice à la stabilité du flux de pulvérisation et à une bonne micronisation des gouttelettes. D’ailleurs, cet élément de la cellule est protégé par un brevet. Les ventilateurs poussent l’air directement vers la rampe de pulvérisation verticale supportant 7 porte-buses (double jets avec anti-gouttes). Le flux de pulvérisation, réparti de manière homogène sur une hauteur totale de 2 m, débouche de façon perpendiculaire sur la végétation. L’ouverture et la fermeture de chaque buse permettent de bien cibler les apports de bouillie au fur et à mesure du développement de la vigne. Le principe de pulvérisation de l’appareil Bertoni s’apparente à ceux des appareils à jets portés.

Une génératrice électrique embarquée fait fonctionner les 16 ventilateurs

Une des innovations importantes de cet appareil concerne l’énergie nécessaire au fonctionnement des 16 petits ventilateurs (quatre superposés par face de rang). Le constructeur italien a choisi d’utiliser l’énergie électrique en installant sur le pulvérisateur une génératrice électrique. La prise de force du tracteur fait fonctionner la génératrice électrique. La rotation des ventilateurs est totalement indépendante du régime moteur et de la vitesse d’avancement du tracteur. Le chauffeur intervient très facilement et avec précision sur la vitesse de rotation des turbines et la production d’air qui peut être adaptée en temps réel au volume foliaire à traiter.

L’utilisation de l’énergie électrique présente l’avantage d’absorber peu de puissance, ce qui limite les consommations de gas-oil des tracteurs lors des traitements (un besoin de puissance de 16 cv pour les 16 turbines). Les premiers pulvérisateurs utilisant l’énergie électrique fonctionnent depuis 6 ans en Italie et le constructeur dit ne pas rencontrer de problèmes de fiabilité. A l’intérieur des tunnels, un écran vertical alvéolé protégé par une petite grille en inox permet de collecter les quantités de bouillie qui n’ont pas été fixées par la végétation. Le liquide recueilli s’écoule par gravité vers les bacs inférieurs où il est pompé vers la cuve principale. Un tamis au niveau de l’aspiration et ensuite quatre filtres tronçon permettent de parfaitement filtrer la bouillie avant son retour en cuve.

Une structure de rampe robuste montée à l’avant

p18c.jpgLa structure de la rampe supportant les cellules de pulvérisation confinées a également fait l’objet de recherches dans l’optique de concilier les aspects de fiabilité et la fonctionnalité d’utilisation. Le poids d’une cellule varie entre 70 à 90 kg selon la hauteur des panneaux. Des poutrelles coulissantes de gros diamètre assurent l’ouverture et la fermeture de la rampe. Les tunnels de pulvérisation sont reliés aux poutrelles par des blocs souples permettant leur escamotage d’avant en arrière et de droite à gauche.

L’écartement de la largeur interne au niveau des rangs est également réglé par des vérins hydrauliques. Un boîtier de commandes centralisé dans la cabine permet de piloter les réglages, l’ouverture et la fermeture de manière simple. La programmation au départ des spécificités des différents îlots de vigne (de l’écartement des vignes et des caractéristiques du palissage en hauteur et en largeur de feuillage) permet au chauffeur de gérer le pilotage de la rampe en se référant aux modalités mises en mémoire. Une fois cette sélection validée, l’ouverture et la fermeture des rampes en bout de rang s’effectuent en s’appuyant sur une seule commande. La rampe utilisée au domaine de la Bataille possède un réglage de hauteur, mais n’est pas équipée d’un système de correction de dévers lui permettant de travailler dans les pentes.

Les capacités hydrauliques d’un tracteur normalement équipé sont suffisantes pour gérer le fonctionnement de la rampe. La rampe et les deux cellules de pulvérisation sont montées à l’avant de l’appareil afin de faciliter les manœuvres en bout de rang et d’améliorer la stabilité à l’appareil lors du travail. Un soin particulier a été apporté aux aspects de finition et de fonctionnalité d’utilisation. L’ensemble des tuyauteries de transferts de bouillies, des câblages électriques et des flexibles hydrauliques sont protégés et regroupés sur des supports mobiles. La citerne de 1 500 l possède un orifice de remplissage arrière très accessible. Le châssis est équipé d’essieux à boggies dont le blocage en bout de rang permet de réaliser les manœuvres sur une roue. Cela limite l’usure des pneumatiques et les risques de crevaison.

Un équipement assez simple à utiliser grâce à une conception aboutie et fonctionnelle

p18b.jpgLes conditions d’utilisation au domaine de la Bataille en 2012 ont été idéales pour tester les performances du pulvérisateur Bertoni. E. Lecoanet ne cache pas que l’aspect volumineux et complexe de cet appareil l’ont au départ inquiété mais, dès la fin du premier traitement, il avait changé d’avis : « Le gabarit de l’appareil et le degré de technologie embarqué me paraissaient au départ des éléments qui pouvaient rendre l’utilisation de cet appareil contraignante. Dès les premiers traitements, mes chauffeurs et moi avons totalement changé d’avis. La conception plus aboutie et surtout fonctionnelle de ce pulvérisateur le rend facile à conduire. L’ouverture et la fermeture automatisée des rampes, le positionnement avant de la rampe, la simplicité des commandes au niveau du pupitre, le blocage de l’essieu boggie sur une roue au moment des manœuvres rendent la conduite facile. Comme tous les matériels nouveaux, il faut une demi-journée pour s’y habituer. Les chocs des tunnels avec les rangs ont été finalement assez rares et quand ils se sont produits, le système d’effacement a limité la casse à des choses sans conséquences. Le système de filtration au niveau du recyclage de bouillie s’est avéré efficace car jamais nous n’avons été confrontés à des problèmes de bouchage (même au moment de la chute des capuchons floraux). Lors des remplissages, on nettoie juste avec un jet d’eau les grilles des bacs de recyclage. Le flux de pulvérisation à l’intérieur du tunnel est à la fois puissant et homogène et on peut intervenir facilement pour moduler l’intensité du débit d’air. Au niveau du rang, il se crée une forte turbulence et un phénomène d’aspiration liée à l’effet venturi des deux flux d’air. Les phénomènes de dérives de la pulvérisation semblent très limités car l’appareil et le tracteur ne sont pas couverts de produits à la fin des traitements. Le lavage des tunnels n’est finalement pas plus compliqué que celui des pneumatiques 6 faces. Pour l’instant, j’ai le sentiment que ce pulvérisateur s’avère fiable et adapté aux utilisations dans des situations de topographie sans dévers accentué. Il conviendra tout de même de voir comment le matériel va vieillir dans 4, 6, 8 ans ».

Des réductions d’intrants importantes mais un débit de chantier moindre en pleine saison

Le pulvérisateur Bertoni (2 rangs complets en face/face) est utilisé depuis une campagne et demie sur un îlot de vignes de 30 ha en situation plane en comparaison avec un pulvérisateur KWH 3 rangs. Un protocole d’essais a été mis en place pour comparer les performances des deux appareils et les résultats au vignoble. S. Weingartner a souhaité porter un regard exhaustif sur l’utilisation de cet équipement en s’appuyant à la fois sur des données techniques, économiques et pratiques : « L’utilisation du pulvérisateur Bertoni sur une propriété de surface importante comme le domaine de la Bataille est une piste pour réduire l’utilisation des intrants phytosanitaires. Le contexte de ce banc d’essais en 2012 s’est révélé très intéressant compte tenu de la pression de mildiou. Les résultats des deux modalités Bertoni et KWH ont permis de bien contrôler le mildiou, ce qui atteste de la qualité de la pulvérisation.

En début de saison, les niveaux de récupération de bouillie sont de 50 à 70 % et à partir de la nouaison, ils ne dépassent pas 10 à 15 % maximum. Les débits/ha plus faibles en début de saison (58 l/ha avec la récupération au lieu de 80 l/ha avec le KWH) permettent au pulvérisateur de 1 500 l d’avoir une autonomie importante de 26 ha alors qu’en fin de saison c’est l’inverse. Le pulvérisateur Bertoni utilise 181 l/ha et le KWH 100 l/ha. Le débit de chantier en pleine saison est de 3 ha/heure et il faut une grande journée pour protéger 30 ha. L’utilisation du pulvérisateur KWH permet de couvrir des surfaces plus importantes car un rang de plus est traité à chaque passage et les débits/ha sont moindres. La demande de puissance réduite avec le pulvérisateur Bertoni engendre une baisse de consommation de gas-oil de 1 l/ha, ce qui n’est pas négligeable. A l’issue de la campagne 2012, la réduction d’utilisation des intrants (hors herbicides) avec le tunnel de pulvérisation a été en 2012 de 37 % pour une même qualité de protection. Les aspects pratiques d’utilisation révèlent des points positifs et d’autres moins. L’appareil est assez facile à utiliser en présence d’un chauffeur expérimenté et la précision des débits appliqués est bonne. L’efficacité du flux de pulvérisation est bonne et on constate une forte réduction des dérives de produits au sol et dans l’atmosphère. L’utilisation dans les situations de forte pente est déconseillée faute de pouvoir corriger le dévers de la rampe. En pleine saison, cet appareil ne permet pas de traiter 25 à 30 ha dans la journée et enfin son prix d’achat autour de 50 000 € est élevé. »

Un double intérêt économique et environnemental qui doit être conforté par les aspects de fiabilité

p19.jpgL’étude réalisée par la maison Hennessy confirme l’intérêt technique du pulvérisateur Bertoni pour assurer la protection de 25 à 30 ha de vignes implantées dans des zones sans dévers important. Sur le plan économique, la réduction d’utilisation d’intrants de 37 % justifie-t-elle le surcoût d’investissement dans le matériel de 15 000 € ht (par rapport au KWH 3 rangs) ?

En prenant comme base un budget moyen de fongicides et d’insecticides de 400 € ht/ha, le tunnel Bertoni permet de réaliser, sur un vignoble de 30 ha, une économie de produit annuelle de 4 400 € ht. La prise en compte de ces données chiffrées conforte l’intérêt d’utiliser ce matériel dans la mesure où les aspects de fiabilité seront au rendez-vous. La longévité de certains éléments comme la génératrice électrique, les câblages d’alimentation, le matériau des panneaux de récupération suite aux chocs doivent être validées dans le temps. Le constructeur annonce que 150 à 200 pulvérisateurs Arcobaleno fonctionnent actuellement dans les vignobles. Certaines régions viticoles italiennes situées principalement dans des zones planes s’intéressent fortement à ce matériel qui satisfait les attentes environnementales actuelles. Le pulvérisateur Arcobaleno a été primé au Palmarès de l’Innovation 2009 du Sitevi à Montpellier (trophée d’argent).

L’entreprise Bertoni, qui a été créée en 2005 à Bologne, emploie actuellement une dizaine de personnes. Un bureau d’études très structuré travaille en permanence sur la pulvérisation. Les fabrications des différents modèles en petite série engendrent des coûts de production élevés qui expliquent les niveaux des prix de vente (entre 40 000 et 50 000 € ht selon le niveau d’équipement).

Un retour d’expérience de 4 campagnes au domaine de l’Arjolle (Hérault)

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En France, le distributeur des pulvérisateurs Bertoni, la société Chabasse (1), a vendu en 2010 un autre pulvérisateur Arcobaleno au domaine de l’Arjolle et le château de Margon à Pouzolles dans l’Hérault (2). Les deux propriétés, d’une surface totale de 90 ha, élaborent une gamme de vins complète commercialisée en IGP Côtes de Thongue. La volonté des propriétaires est depuis de nombreuses années de mettre en œuvre des pratiques de conduite du vignoble respectueuses de l’environnement. Un engagement fort a été réalisé dans les pratiques de lutte raisonnée qui sont désormais formalisées dans le cadre de la démarche Terra-Vitis. Charles Duby, l’un des associés responsables de la conduite du vignoble, s’est intéressé à l’utilisation du pulvérisateur Bertoni dans le courant de l’année 2009. Après un essai, le matériel a été acheté au printemps 2010 et cela fait la quatrième année qu’il est utilisé. Le vignoble palissé implanté à 2,50 m d’écartement est soumis une grande partie de l’année à des vents parfois forts qui perturbent le déroulement des traitements. La lutte contre l’oïdium, qui est une préoccupation majeure, nécessite beaucoup d’application dans la mise en œuvre des traitements à partir de la floraison. Le pulvérisateur Bertoni est utilisé sur un îlot de différents cépages de
40 ha et le reste du vignoble est traité avec une cellule Turbocol face par face montée sur un châssis de MAV.

p21.jpgAprès quatre campagnes d’utilisation, le témoignage de C. Duby est riche d’enseignement : « Nous nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans des démarches de protection du vignoble raisonnées pour mieux respecter l’environnement. On s’est intéressé au pulvérisateur Bertoni en raison de la conception des cellules confinées et du système de récupération. La fréquence des vents dans notre région provoque de fortes dérives avec les appareils traditionnels, ce qui pénalise la qualité de la protection. Ensuite, le fait de récupérer des volumes de bouillies diffusés dans l’atmosphère et sur le sol présente un double intérêt, économique et environnemental, auquel nous sommes sensibles. Après quatre campagnes d’utilisation du pulvérisateur Bertoni sur un îlot d’une quarantaine d’hectares, on est globalement très satisfait du matériel. La qualité de la pulvérisation est bonne, notamment pour localiser les traitements au cœur de la végétation et des grappes. On peut traiter en présence de vent d’intensité moyenne en ayant le sentiment de réaliser une application de qualité. La conduite de l’appareil n’est pas compliquée grâce aux automatismes de commande. Après 4 ans d’utilisation, nous n’avons pas rencontré de problèmes majeurs de fiabilité. Le plus gros incident a concerné la génératrice à la fin de la dernière campagne, mais il a été pris en charge par notre assurance. Il s’est produit quelques chocs sans gravité des panneaux avec le palissage qui ont dégradé surtout les coques extérieures. L’un des intérêts est aussi la faible demande de puissance qui engendre sur une campagne des économies de gas-oil significatives. Les économies de produits liées à la récupération de bouillies (variant de 80 % lors du premier traitement à 15 % en fin de saison) sur une campagne sont en moyenne de 34 à 36 %, soit l’équivalent de 3 800 € ht pour 40 ha. Les économies de gas-oil du tracteur sur la campagne se sont élevées à 350 € ht. En quatre ans nous avons amorti le surcoût d’investissement par rapport à d’autres pulvérisateurs face par face 2 rangs complets. Le pulvérisateur Bertoni nous paraît un équipement très adapté sur le plan environnemental mais encore un peu cher (50 000 € ht) pour connaître un développement important. »

(1) Société Chabasse, quartier des plaines, 13350 Carleval – Tél. 04 42 28 44 44 – E-mail : contact@chabas-sa.fr
(2) Domaine de l’Arjolle, 7 bis rue Fournier, 34480 Pouzolles – Tél. 04 67 24 81 18 – E-mail : doaine@arjolle.com

 

 

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