Crédit Agricole Charente périgord : installation en région viticole, un enjeu important

15 décembre 2013

En Charente, les chefs d’exploitation de plus de 55 ans représentent aujourd’hui 36 % de la population viticole. Cette pyramide des âges confère un relief déterminant à l’installation. La banque verte a pris toute la mesure de l’enjeu, elle qui manifeste l’ambition « d’être le banquier de 100 % des installations et des projets économiquement viables ». Jean-Luc Joly, responsable du service « Marché de l’agriculture » à la Caisse régionale de Soyaux, détaille l’accompagnement du Crédit Agricole.

p39.jpgL’installation, un dossier essentiel pour vous ?

Bien sûr ! Face à la baisse du nombre d’exploitants, chaque installation est importante. Nous portons beaucoup d’attention à l’installation en région viticole, surtout quand on sait qu’un tiers des exploitations viticoles a vocation à changer de main dans les 5-10 ans à venir. Ces éléments résul-tent d’une étude que nous avons réalisée récemment sur la région viticole de Cognac, côté Charente. L’installation représente un enjeu décisif pour l’avenir de la filière.

Que constatez-vous ces dernières années ?

Si l’on parle de l’installation aidée, depuis trois ans, nous constatons une stabilité des installations viticoles, sachant qu’elles représentent à peu près le quart des ins-tallations aidées sur le département de la Charente. Ce que l’on voit depuis plusieurs mois, ce sont des jeunes qui reviennent vers la viticulture alors qu’ils avaient quitté le secteur, soit pour faire des études dans d’autres domaines d’activité, soit carrément pour travailler ailleurs. Ils accomplissent un retour vers l’exploitation familiale, avec un projet à la clé, qu’ils complètent d’une formation viticole adaptée. Nous avons trois ou quatre projets d’installation de ce profil. C’est quelque chose d’intéressant, qui ne se rencontrait pas forcément il y a quelques années. Cela témoigne de l’attractivité de la filière.

Comment accompagnez-vous l’installation ?

Nous avons 45 chargés agri. sur notre territoire Charente Dordogne travaillant à la fois sur les cessions et les installations. Quand les chefs d’exploitation arrivent à l’âge de 55 ans, nous demandons à nos collaborateurs d’avoir un échange avec ces clients, ceci afin d’initier une réflexion sur la transmission d’entreprise. Les deux aspects de transmission et d’installation sont liés. La plupart de nos clients se montrent très réceptifs à l’échange, d’autres un peu moins même si tout le monde s’accorde à dire qu’un projet de transmission, cela s’anticipe au moins deux ans en amont. Entre les aspects juridiques, fiscaux, financiers, il y a beaucoup de points à réfléchir. Naturellement, nos clients sont accompagnés par leurs propres conseils – experts-comptables, notaires – la banque apporte son expertise financière plus développée, elle a aussi sa contribution sur les questions juridiques et fiscales. A la Caisse régionale, nous disposons de deux ingénieurs conseils spécialement chargés d’intervenir sur la transmission et la reprise. En Charente, il s’agit de Nicolas d’Espagnac.

Concrètement, comment procède votre spécialiste transmission ?

Il propose un rendez-vous dédié et approfondi qui se décline en deux temps. La première rencontre se focalise sur les questions, l’écoute. La seconde entrevue privilégie la restitution et l’échange. Éventuellement, le cercle de discussion s’ouvre à d’autres conseils. A travers ces deux étapes, l’objectif est d’apporter des solutions concrètes sur l’optimisation financière de la cession mais aussi à l’exploitant pour que sa retraite, ses revenus soient suffisants. Une transmission réussie débouche bien souvent sur une installation réussie.

Le volet installation, comment l’abordez-vous ?

Nos chargés agri., accompagnés d’un spécialiste expert Siège, proposent aux porteurs de projet un rendez-vous d’une demi-journée. Ils se rendent toujours sur l’exploitation. C’est très important d’avoir une vision approfondie et réelle du projet. En région de Cognac, les capitaux à réunir deviennent très importants, pour peu qu’il faille renouveler une partie du vignoble, intégrer un investissement distillerie ou de la croissance par rachat de foncier. En fonction de l’analyse des éléments prévisionnels de l’exploitation, nous travaillons son « business plan » à horizon 5-7 ans. A ce titre, le PDE – l’étude économique élaborée dans le cadre du parcours à l’installation – représente une aide, une référence qui facilite l’approche.

L’enveloppe de prêt, comment se raisonne-t-elle ?

Rien n’est normé. Tout s’apprécie en fonction du projet, du besoin et de la rentabilité prévisionnelle. Nous portons une grande attention à la marge de manœuvre dont pourra disposer le jeune pour la réussite de son projet. Aujourd’hui, le financement moyen d’une installation en Charente (tout secteur d’activité confondu) s’élève à 270 000 €. Cette somme est moitié moindre en Dordogne.

Pour le financement du foncier, fixez-vous un prix à ne pas dépasser ?

Tout d’abord, nous ne voyons pas aujourd’hui de projet d’installation où l’achat d’un ha de vigne excède 45 000 € l’ha. Cela ne se rencontre pas.

Il n’existe pas de règle si ce n’est l’approche économique et financière. La limite tient à la capacité de remboursement. Au Crédit
Agricole, nous portons beaucoup d’attention aux initiatives qui se manifestent dans plusieurs régions viticoles sur l’acquisition du foncier. Car l’objectif, bien sûr, est d’alléger ce poids du foncier, élevé en région de Cognac.

A quoi faites-vous allusion ?

Je pense à des initiatives de portage qu’on observe à Bordeaux ou encore dans le Languedoc-Roussillon. Le coût, allégé, pro-fite à la trésorerie et réduit l’endettement. Cela peut constituer un bon moyen de sécuriser l’installation. Compte tenu du nombre d’ha qui pourrait venir sur le marché, il faut rechercher des solutions innovantes. Notre conseil d’administration nous a demandé d’adapter au contexte Cognac les solutions développées par le groupe Crédit agricole.

Les actions déployées par les maisons de Cognac pour faciliter l’installation des jeunes convergent tout à fait avec notre souhait de voir sécuriser les projets d’installation.

Quelle place le groupe Crédit Agricole accorde-t-il à l’agriculture aujourd’hui ?

Le groupe met en avant quatre priorités et domaines d’excellence, et l’agriculture en fait partie. Notre projet Agriculture 2020 en cours de finalisation affiche une ambition extrêmement forte. Nous en reparlerons sans doute très prochainement.

 

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