Une Caisse Performante

24 juin 2009

La Rédaction

Troisième caisse du groupe Crédit Agricole pour ses fonds propres portés au bilan, cinquième pour le taux de pénétration auprès de la clientèle, la caisse régionale Charente-Périgord s’inscrit parmi les caisses « les plus solides » du groupe, dixit Jacques Lenormand, un des directeurs généraux délégués de Crédit Agricole S.A., invité à l’assemblée générale de la caisse régionale, le 27 mars dernier.

 

soyaux_1_opt.jpeg« Depuis novembre 2008, nous avons refusé moins de 1 % des dossiers qui nous ont été soumis, soit moins de 20 dossiers par mois sur les deux départements. » En disant cela, François Macé, le directeur général de la caisse régionale Charente-Périgord, veut tordre le cou, définitivement, à l’accusation de frilosité dont sont parfois taxées les banques. « Si baisse de crédit il y a, c’est plutôt lié à la demande » explique-t-il. De même, dans sa communication, il ne mégote pas sur les indicateurs de solidité de sa caisse comme si, en ces temps de crise, il fallait rassurer et rassurer encore. « Sur les deux départements, nous sommes le banquier d’un habitant sur deux, nous finançons une entreprise sur deux, nous accompagnons le projet d’un habitant sur trois. Sur les 33 000 clients professionnels employant moins de 10 salariés, nos clients agriculteurs sont au nombre de 12 800 sur les deux départements. En 2008, tous secteurs confondus, le montant global des encours de crédits de la caisse a représenté 5 milliards d’e, en augmentation de 9,2 %. En 2008 nous avons injecté 1,1 milliard d’e de crédits nouveaux dans l’économie régionale. » Le directeur général de la caisse a par ailleurs indiqué qu’en terme de financement agricole, sa banque avait réalisé en 2008 sa meilleure année depuis la naissance de la caisse régionale en 1994. Les réalisations de prêts à moyen et long terme ont progressé de près de 10 % et l’année s’est révélée historique pour le financement de matériels AGILOR (+ 12 % sur 4 121 dossiers). La crise amorcée au second semestre 2008 n’aurait-elle donc eu aucun effet sur la caisse régionale en 2008 ? Pas tout à fait. Le produit net bancaire – son chiffre d’affaires – a légèrement régressé par rapport à 2007. A 217 millions d’e, il retrouve le niveau de 2006. Le résultat net de la caisse est lui aussi en léger retrait : 53 millions d’e contre 55 millions en 2007, en sachant que les capitaux propres ont tout de même progressé de 8 %. Enfin l’encours d’épargne de la caisse, de 8,5 milliards d’e sur l’année 2008, n’a pas échappé au tassement général. Le Cac 40, le principal indice boursier de la place de Paris, a perdu 43 % en quelques mois. Et comme la moitié des encours d’épargne était indexée sur cet indice, le montant de l’épargne Charente-Périgord affiche une légère baisse.

Un investissement « presque normal »

Comment se comporte l’activité bancaire en ce premier semestre 2009 ? Au niveau des entreprises, François Macé note un investissement « presque normal » des grands groupes mais des PME en phase d’attentisme, avec des projets fractionnés voire différés et en tout cas sans longueur de vue. Le secteur de l’habitat, fortement touché en janvier (recul des prêts de – 40 %), a retrouvé depuis quelques couleurs. Le recul ne serait plus que de – 28 %.

Après les assemblées générales des 67 caisses locales au cours de l’hiver, la caisse régionale a tenu sa propre A.G. le 27 mars 2009. Y participait Jacques Lenormand, l’un des quatre directeurs généraux délégués de Crédit Agricole S.A. (Casa). Il n’a pas eu de mal à reconnaître que « bien évidemment aujourd’hui, toutes les banques subissaient l’impact de la crise dans leurs activités, dans leurs résultats. » Comme les autres entreprises, la banque verte a donc cherché à tailler dans ses dépenses : diminution du train de vie, baisse des frais de déplacements, des frais de communication. Premier investisseur publicitaire du marché bancaire, le Crédit Agricole a lancé un appel d’offre qui lui a permis d’alléger sa facture de 15 %.

Alors que l’assemblée générale de la caisse régionale se tenait en pleine polémique sur la rémunération des dirigeants, la question des « stocks options » a été posée à Jacques Lenormand. Réponse de l’intéressé : « Au Crédit Agricole, nous n’avons pas de stocks options ni dans aucune des entreprises du groupe. » Le directeur général délégué a précisé que pour lui-même, ses quatre collègues ainsi que pour le directeur général, en la période actuelle, c’était « zéro augmentation de salaire, zéro bonus, zéro stock option et zéro pénalité. » « Mon contrat de travail comme ceux de mes collègues prévoit une part variable mais cette année nous y avons renoncé spontanément, par écrit. » Le cadre supérieur s’est expliqué sur la distribution de bonus aux salariés de Chevreuse, la filiale de courtage du Crédit Agricole, distribution qui, en son temps, avait défrayé la chronique. « Chevreuse est ce que l’on appelait jadis un “agent de change” dont la mission consiste à acheter et vendre des titres. Traditionnellement, les vendeurs sont rémunérés en partie par des commissions, qualifiées de bonus. Il est impossible de renégocier du jour au lendemain tous les contrats, au risque d’encourir la rupture de contrat, avec les indemnités à la clé. Chevreuse emploie à ce jour plus de 800 personnes. » Un problème similaire concerne une autre grosse filiale du groupe Crédit Agricole, la banque internationale de financement et d’investissement Calyon, celle par qui sont arrivés les problèmes de titrisation qui avaient valu à la banque verte une dépréciation d’actifs d’environ 1,6 milliard d’e. « A l’égard de Calyon, le groupe Crédit Agricole S.A. a été l’une des premières sinon la première institution bancaire à appliquer les recommandations de la FBF, la Fédération bancaire française* en matière de rémunération des professionnels des marchés financiers. Il s’agit de différer de trois ans le service des rémunérations variables – les bonus – le temps de vérifier que les opérations se déroulent bien. Si tel n’était pas le cas, les commissions ne seraient pas servies. » J. Lenormand a par ailleurs précisé qu’au sein de Calyon « les personnes qui avaient dépassé les limites avaient été sanctionnées ». « Nous avons toujours été stricts dans nos contrôles. Dorénavant, nous sommes très sévères. » Le cadre financier a tout de même tenu à rappeler que la banque restait un métier « opérationnel » et donc à ce titre risqué. « L’important est de mettre en place des clignotants qui permettent de détecter les problèmes le plus rapidement possible. En septembre 2007, une opération à New York présentait un niveau de risque élevé. Nous avons réussi à la bloquer en à peine deux jours grâce à un triple contrôle exercé à New York, Paris et Londres. » Le cadre dirigeant a évoqué la réforme des lignes de contrôle au sein de sa banque. « Aujourd’hui, à Casa (Crédit Agricole S.A.) plus de 180 personnes consacrent l’essentiel de leurs temps à vérifier les procédures. L’ensemble des filiales et des caisses régionales emploient plus de 900 auditeurs et plus de 700 personnes s’occupent de conformité et de respect de l’éthique des placements. Personnellement, j’ai commencé ma carrière au Crédit Agricole dans le corps des inspecteurs. » On comprendra aisément que cette tâche de contrôle représente un immense chantier pour un groupe qui compte 180 000 salariés et 58 millions de clients de par le monde.

Bons résultats

Malgré une conjoncture 2008 marquée par un second semestre difficile, le groupe Crédit Agricole a réussi à dégager 2,5 milliards d’e de bénéfice net après impôt. Ce résultat classe la banque verte au 8e rang des banques européennes et au deuxième rang des banques françaises derrière la BNP (3 milliards d’e) mais devant la Société générale (2 milliards d’e). « Nous avons les meilleures performances du Cac 40, lui-même bien sûr très sinistré » a complété J. Lenormand. Les capitaux propres du groupe – du « dur », les capitaux en réserve – représentent 65 milliards d’e. Si on y ajoute les emprunts long terme, la banque peut revendiquer 100 milliards de fonds propres. C’est sans doute pour cette raison que Casa n’a pas jugé utile de postuler pour la 2e tranche d’émission de titres garantis par l’Etat. En octobre-novembre 2008, elle y avait souscrit pour 3 milliards d’e. « Ces titres de l’Etat ne s’assimilent pas à une aide mais plutôt à des emprunts, puisqu’ils portent des intérêts annuels de 8 %. A la limite, ils dégradent le résultat » a tenu à préciser le dirigeant de Casa. Pourquoi les avoir souscrits ? « A l’époque, le marché financier subissait une très forte crise de liquidités et les banques ont souhaité faire front commun. »

Revenant à des questions plus locales, le directeur général de la caisse Charente-Périgord, François Macé, a indiqué que sa banque soutenait très fermement l’économie régionale et notamment viticole. « Le vignoble charentais fait partie des vignobles les plus âgés de France. Un besoin de renouvellement de 15 000 ha sur 10 ans a été diagnostiqué, soit un renouvellement annuel de 1 500 ha. Nous accompagnerons les viticulteurs qui souhaitent s’engager dans cette entreprise. »

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