Bordeaux

13 mars 2009

Président du CIVB depuis le début de l’été, Christian Delpeuch vient du négoce (*). Il hérite d’une situation pas facile mais n’a pas l’air effrayé pour autant. Le 12 juillet dernier, à l’assemblée générale du CIVB, son discours pouvait paraître iconoclaste, à plus d’un titre. Morceaux choisis de son intervention.

Christian Delpeuch : « Une filière comme celle des vins de Bordeaux, qui pèse plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a nécessairement besoin d’être pilotée dans ses choix fondamentaux. Les difficultés que nous vivons sont liées à une crise d’ajustement quantitatif et qualitatif du vignoble. En ce qui concerne l’ajustement quantitatif, nous commercialisons de l’ordre de 5,5 millions d’hl alors que nous en produisons 7. Si nous voulons que les cours du vrac remontent rapidement au prix d’orientation souhaité et nécessaire de 1 000 euros le tonneau de 900 l (prix tombé à 750 € alors qu’il a pu atteindre à son plus haut niveau, en 1997-1998, jusqu’à 1500 € – NDLR), il est urgent d’adopter une politique viticole responsable. Ceux qui s’amusent à croire que le négoce tire bénéfice de cette situation jouent un jeu dangereux et, permettez-moi de le dire, indigne. Cette crise doit être également l’occasion de procéder à un assainissement qualitatif. Je suis naturellement favorable au traitement social du problème des AOC, à condition qu’il passe par une opération vérité sur le respect des conditions de production, sur le contrôle effectif des lots assemblés. Il n’y a aucune raison que les viticulteurs et négociants rigoureux fassent les frais du comportement de ceux qui le sont moins. Il devient insupportable de voir surgir des blocages de toutes sortes. Je dis donc clairement : je suis favorable à l’ouverture, pour les AOC qui le voudront, notamment les AOC génériques, à certaines pratiques œnologiques internationales qui ne remettent pas en cause les principes de l’AOC. Je suis favorable à l’utilisation du nom de cépages sur nos étiquettes et je ne comprends même pas que cela puisse faire l’objet de discussion aujourd’hui. Je suis favorable à la création de produits nouveaux en dehors du système des AOC pour répondre au marché. A ce sujet, les discussions à l’ONIVINS avancent rapidement autour du vin de pays de cépages de grande zone. Dans ce contexte, l’arrachage ciblé et définitif ne doit pas être un tabou, bien au contraire. Je suis favorable à ce que le CIVB prenne sa part financière pour accompagner cette mesure selon des critères très restrictifs. D’une part l’interdiction, sans la moindre exception, de toute plantation nouvelle sur l’ensemble du vignoble, pendant une période d’au moins trois ans. D’autre part la création, pour la campagne 2004-2005, d’une CVO exceptionnelle d’un euro par hl déclaré. En plus des aides communautaires ou de celles des collectivités territoriales, je trouve assez sain de devoir financer nos propres dérives. En ce qui concerne les rendements, il est grand temps d’envisager des rendements fixés à la parcelle, tenant compte d’une façon ou d’une autre des densités de plantation. Si la baisse globale des rendements est une nécessité, il serait quand même paradoxal qu’elle sanctionne dans ses effets, davantage ceux qui font des efforts. »

(*) Agé de 57 ans, Christian Delpeuch est directeur de la maison Ginestet à Gradignan, en périphérie de Bordeaux. Il est vice-président de la Fédération des négociants de Bordeaux, présidé par Alain Sichel, de la maison du même nom. Ce dernier est également à la tête de l’Union des maisons de Bordeaux, syndicat qui regroupe les négociants de Bordeaux.

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