Dans Ses Murs Pour La Prochaine Récolte

28 février 2009

C’est certainement l’une des caves où « l’intuitu personnae », autrement dit les liens entre adhérents sont les plus forts. Mais, paradoxalement, la coopérative restait « sans domicile fixe ». Va-t-elle réussir à poser ses valises pour la récolte prochaine ? Tout semble l’indiquer.

reunion.jpg« Nous allons mettre les bouchées doubles mais nous y arriverons ! » Eric Montigaud, contacté au téléphone début avril, ne voulait pas accorder de place au doute. Après quatre années de système D et d’appel aux bonnes volontés, la cave vinifiera sur son site lors des prochaines vendanges. C’est sur la commune de Saint-Simeux, sur un terrain de 3 300 m2 faisant partie de la zone artisanale, qu’elle va poser ses valises ou plutôt ses cuves et ses pressoirs. Le terrain a été acquis par une SCI indépendante de la coopérative mais dont les adhérents détiennent les parts, au pourcentage de leurs engagements de surfaces. Serge Roy en assume la gérance. Déposé en décembre, le permis de construire est arrivé courant mars et les travaux auraient pu débuter si un contretemps de dernière minute n’avait retardé l’allumage : le défaut de bornage du terrain. Coûte que coûte, les premiers coups de pioche devront pourtant être donnés fin avril, pour cause de délai de validité des emprunts. La coopérative acquiert en pleine propriété terrain et bâtiment, sans faire appel aux subventions. Dans la mesure où les adhérents souhaitent réaliser le maximum de travaux par eux-mêmes, la cave n’est pas éligible aux aides. Mais les adhérents préfèrent cette solution comme la plus économe.

Economie… le maître mot de la structure avec celui de participation. Eric Montigaud l’a encore répété lors de la dernière AG : « Les années passent, les difficultés restent nombreuses mais notre force vient du noyau d’adhérents qui donnent toujours énormément de leur temps, se forment au contact de la structure et ont plaisir à travailler ensemble. » La cave a clôturé son exercice 2004-2005 sur un léger excédent mais un excédent tout de même. Ce résultat, « pas gagné d’avance » dans un contexte de crise, le président l’a mis sur le compte de l’implication personnelle des adhérents. « Nous n’avons pratiquement pas de charges fixes. Le financement de nos investissements ne tient que parce que nous avons toujours su serrer les boulons. Si nos comptes s’améliorent un peu, c’est pas notre capacité à “tirer sur tout”. C’est comme ça. Il n’y a pas de secret. Il faut être sérieux et garder les pieds sur terre. »

le « bol d’air » de la récolte 2004

La récolte 2004, plus confortable en volume, a également joué comme un bol d’air, de même que l’arrivée à maturité des vignes. Désormais, les 43 ha de cépages améliorateurs collectés par la cave atteignent leur vitesse de croisière. Par le simple effet volume, les ventes de marchandises furent multipliées par deux en un an. « Surtout ne rêvons pas, a prévenu le président. Nous n’allons pas doubler notre capacité de production tous les ans. Espérons seulement valoriser au mieux cette quantité, ce qui n’est pas encore acquis. » Sur le dernier exercice, la coopérative a écoulé la moitié de ses volumes en gros et la moitié en bouteilles, un quart à la cave et un quart en ventes facturées (CBHR, distributeurs…). Les achats au détail à la cave ont connu une progression d’environ 15 % tandis que les ventes sur factures étaient carrément doublées (ventes en gros multipliées par trois). « Cela n’arrivera plus ! » a précisé à nouveau Eric Montigaud.

Avec 30 à 35 % de marge, les ventes en magasin enlèvent de loin la palme de la rentabilité. « C’est du très bon. » Dans les ventes facturées, on trouve du « très bon » et du « un peu moins bon », avec l’espoir de toujours faire mieux.

public_1.jpgA l’évidence, les ventes en gros ne se situent pas sur le même créneau de prix. Pourtant 2004 a vu la conclusion de quelques bonnes opérations de ventes en vrac, opérations qui présentaient le double intérêt d’apporter de la trésorerie et de libérer de la cuverie. Rien de pareil en 2005 où des ventes en vrac se sont dénouées en dessous du prix de revient. Mais la cave aurait-elle gagné plus à mettre en bouteille, stocker, sans forcément trouver le marché ? « Les marchés de vrac peuvent représenter une alternative intéressante, en complément des produits finis. Les deux ne sont pas antinomiques, à condition de se voir proposer des prix sérieux et non pas 100 une année et 30 l’année suivante. Nous avons besoin d’un peu de visibilité. » Tout récemment, la cave faisait état de pourparlers avec la grande distribution, qui pourraient déboucher sur de bonnes perspectives. Mais pas question d’en dire plus, avant qu’un début de réalisation se matérialise. A la cave, c’est Jacky Mounier qui manage l’aspect commercialisation, tandis qu’Eric Montigaud et Isabelle Clochard s’occupent de la vinification. J. Mounier a déploré la dégradation tarifaire engendrée par des opérateurs qui veulent absolument vendre. « Aussi bien en Bordeaux qu’en vins de pays charentais, des collègues et concurrents n’hésitent pas à vendre une bouteille et à en offrir une pour passer. Ce n’est plus une réduction de prix mais du dumping. »

Lors de la dernière assemblée générale, Eric Montigaud a exprimé le souhait de ne pas entamer un nouveau mandat de président. Président-fondateur de la coopérative, « sur le pont » depuis le début, on le croit volontiers lorsqu’il parle de « gros boulot » et d’une lourde responsabilité qui pèse sur les épaules. Le jeune papa qu’il est devenu tout récemment avait sans doute envie d’être plus disponible à sa famille. Il reste cependant administrateur et même vice-président. Jacky Mounier, jusqu’alors vice-président, le remplace au poste de président. Alors que les jalons qualitatifs sont solidement plantés, il y a sans doute une certaine logique à ce qu’un « commercial » monte en première ligne.

Une Diversité Des Cépages

La cave des Coteaux de l’Angoumois compte 18 adhérents et collecte un peu plus de 40 ha de vignes « cépages autres ». Une grande diversité marque son approvisionnement : 14 ha de Merlot, 7 ha de Cabernet, 5,5 ha de Pinot noir, 1 ha de Gamay, 8,3 ha de Sauvignon, 7,30 ha de Chardonnay. Si, au magasin de la cave, le blanc se porte bien, il est toutefois distancé par les rouges et rosés. Ces deux couleurs gardent les faveurs d’une clientèle particulière. Les Merlot, Sauvignon et Chardonnay 2004 furent récompensés ou distingués par certains guides.

A quand l’échangeur ? Cette question revient de manière récurrente à chaque réunion des Coteaux de l’Angoumois. Il faut dire qu’elle conditionne l’installation d’un nouveau magasin, plus près des clients. Sauf qu’un élu de Hiersac a indiqué que l’argent de la N 141 risquait fort d’être plus ou moins dévié vers la nationale 10. Les vignerons resteront donc dans le magasin mis à leur disposition par la mairie de Hiersac, une solution qui ne leur va pas si mal. En août 2004, la coopérative a recruté un commercial à plein temps, dont la fonction est de rayonner dans le département et les départements limitrophes. Une lourde dépense pour la coopérative, dont le retour sur investissement peine encore à se manifester mais qui débouche pourtant sur des commandes et de nouveaux clients. A moyen terme, la coopérative espère pouvoir embaucher un livreur, afin que le commercial puisse se concentrer sur la seule activité de vente.

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