Coopérative Viti-Oléron : Le nouveau « ticket » de la cave

24 avril 2013

A l’issue de l’assemblée générale de la cave coopérative, le 22 mars dernier, le conseil d’administration a élu Fabrice Micheau au poste de président. Il succède à Louis Auvray. Avec Pierre-Luc Alla – directeur de la coopérative depuis décembre 2012 – ils vont former le nouveau « ticket » de la cave. Mise aux normes, qualité, valorisation, circuits courts, développement durable constituent la « feuille de route » de Viti-Oléron.

p14.jpgL’an dernier déjà, Fabrice Micheau avait fait souffler un vent de contestation sur l’assemblée générale. Il avait notamment critiqué le temps et les sommes consacrés à Agri-confiance, le système de certification piloté par la coopération. « Je ne nie pas le côté positif de la démarche mais le rapport entre son coût et le retour sur investissement. Ce sont les exploitations, avait-il dit, qui, à travers leurs enregistrements, font preuve de rigueur. Mais derrière, il faut que ça suive ! » Bruno Delage, directeur de la coopérative (aujourd’hui à la retraite – NDLR), était prestement monté au créneau : « Je ne peux pas laisser dire à Fabrice Micheau que nous manquons de rigueur dans la communication. » L’échange en était resté là mais, lors de la mise en place du nouveau conseil d’administration, le viticulteur de Saint-Denis-d’Oléron avait démissionné de son poste de vice-président. Raison invoquée : la difficulté de Louis Auvray à déléguer. « Au fil du temps, la coopérative était un peu devenue son entreprise » énonce-t-il aujourd’hui.

Fabrice Micheau élu

C’est ainsi que le 22 mars dernier, lors du conseil d’administration suivant l’AG, il a présenté sa candidature à la présidence. « Je n’en avais pas informé au préalable mes collègues et Louis Auvray ne m’avait pas fait part de ses intentions, malgré la perche que je lui avais tendue quelque temps auparavant. Cela s’est fait de façon tout à fait démocratique. »

Sur onze voix exprimées, F. Micheau en a recueilli les deux tiers : 7 voix contre 4 à L. Auvray. Le vigneron-coopérateur du nord de l’île rend hommage à son prédécesseur. « Louis Auvray s’est beaucoup investi dans la coopérative. Il a fait ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Ce ne fut pas toujours facile. Le regroupement des trois coopératives viticoles avait laissé des traces. Il a fallu temporiser. » Issu d’une vieille famille oléronnaise, Fabrice Micheau s’est installé il y a 23 ans sur une exploitation à dominante viticole, avec une partie maraîchage (comme beaucoup d’exploitations sur l’île). Fils, petit-fils de coopérateur, il compte bien fonctionner en tandem avec le nouveau directeur, Pierre-Luc Alla. « Nous avons déjà pas mal échangé. Nous partageons la même vision. » Son vice-président est Vincent Libner. « C’est quelqu’un de grande valeur, sur lequel on peut s’appuyer. »

Les chantiers de la cave

Quels sont les chantiers de la cave ? « Les actions engagées doivent être poursuivies. C’est la moindre des choses » note le nouveau président. Il vise notamment la mise aux normes des bâtiments. Dans un contexte de contraintes plutôt drastiques en matière de sécurité-incendie, un nouveau chai de vieillissement va être construit sur le site de Saint-Georges, à proximité de la distillerie. Sa capacité ? 4 000 hl AP (5 500 hl vol.). La place libérée dans les anciens chais ira au stockage du Pineau. « L’embellie du Cognac va nous permettre de conserver une partie de l’argent dégagé pour assurer nos investissements. »

« Au niveau commercial, précise Fabrice Micheau, notre objectif premier consiste à améliorer la valeur ajoutée de nos produits, en continuant de progresser sur la qualité. » La vente au caveau et chez les revendeurs insulaires représente plus que jamais le credo des coopérateurs. « Tout sur l’île ! » lance P.-L. Alla. Pour l’instant, ce n’est pas encore tout à fait d’actualité. Si Oléron absorbe 60 % des produits embouteillés de la cave, 40 % « s’évadent » hors de l’île. L’idée ! Solliciter encore davantage le réseau des revendeurs ainsi que le caveau de Saint-Pierre, qui fonctionne déjà très bien. Complètement repensé il y a deux ans, il voit passer entre 35 et 40 000 personnes par an. « Le circuit court, précise F. Micheau, est non seulement une volonté de la coopérative mais aussi des élus oléronnais. »

« Pérenniser les surfaces »

Dans un autre ordre d’idée, « pérenniser les ha de la coopérative » fait partie des fondamentaux de Viti-Oléron. Aujourd’hui, l’approvisionnement de la cave repose sur 320 ha. « Pour l’instant, c’est figé ; c’est du sûr » commentent les dirigeants. L’hémorragie de surfaces, ils ne veulent plus en entendre parler. « Pour qu’il fonctionne et soit rentable, notre outil de travail a besoin de ce niveau de surfaces. » La coopérative a créé une société à vocation foncière : Dyonis. Elle rachète des terres et permet d’installer des jeunes. Ce fut le cas récemment d’un jeune, installé sur 10 ha (il possédait déjà 2 ha en propre). « La coopérative assure le portage, explique F. Micheau. Au départ, le jeune reçoit une part sociale et paie un fermage. Petit à petit, il acquiert le capital. »

Sur la dernière récolte, le conseil d’administration a décidé de faire progresser la rémunération Cognac de 40 %. Il faut dire qu’elle partait d’un niveau très bas (500 € l’hl AP). La rémunération passe donc à 700 € l’hl/AP. La rémunération Pineau s’affiche en légère hausse tandis que le prix des vins de pays demeure étal. « Je pense qu’il s’agit d’une distribution raisonnée et raisonnable. Un consensus s’est établi au sein du conseil d’administration pour financer les projets d’investissements. Il y a 20 ans, une autre embellie du Cognac s’était traduite par une distribution massive. Mais c’était une autre génération, pas les mêmes personnes » commente F. Micheau.

Le nouveau président des Vignerons d’Oléron parle d’une « gouvernance partagée ». « Une coopérative, c’est un ensemble d’adhérents. S’il y a toujours besoin d’un leader, il faut savoir déléguer. » « Cette conviction, dit-il, je la tire non seulement de mon vécu à la coopérative mais aussi de l’expérience d’autres mandats, au conseil municipal de Saint-Denis ou à la communauté de communes d’Oléron. »

Bio
Marié, deux enfants, Fabrice Micheau a 45 ans. Il exploite 18,5 ha de vignes à Saint-Denis, au nord de l’île avec, en plus, une activité maraîchère, devenue secondaire au fil du temps. Adhérent de la coopérative depuis son installation en 1990 (comme son père et son grand-père), il en fut vice-président pendant 5 ans avant de démissionner de son poste l’an dernier. Il avait été remplacé par Vincent Libner, renouvelé à la fonction de vice-président par le dernier conseil d’administration.

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