Alors que la cave a recruté un nouveau directeur au profil commercial affirmé, elle mise sur la qualité en sortant une gamme « Intense ». La démarche « Sauvignon terroir » confirme cette volonté de tirer la production vers le haut. Avec, toujours en ligne de mire, la recherche de la marge, rémunération des adhérents oblige. La coopérative a tenu son assemblée générale à Siecq le 28 janvier dernier.
Il parle parfaitement quatre langues, le français, l’anglais, l’allemand et le hollandais, sa langue maternelle. Henk Alferinck a rejoint la cave du Liboreau en avril 2003, après le licenciement de Michel Not pour motif économique (voir interview de H. Alferinck pages 32-33). Le recrutement du nouveau directeur n’est pas le fait du hasard. La coopérative recherchait un cadre à vocation commercial, afin de développer ses ventes et, quelque part, « faire de la marge ». Si la concrétisation de cette aspiration demandera forcément du temps, l’expert-comptable de la cave, M. Apparailly, a exprimé un sentiment général en disant que « cette année redonnait espoir. Votre coopérative est en train de fonder quelque chose ». En terme de vins de pays, le Liboreau écoule déjà 50 % de ses volumes à l’export, ce qui constitue sans doute une exception dans la région. Pour accroître encore ce commerce à l’international et notamment la part des produits embouteillés, Henk Alferinck a prévu un programme de prospection qui va le conduire très prochainement à Düsseldorf, au salon ProWein, en Belgique… En collaboration avec la Chambre de commerce d’Angoulême, seront également organisées des missions à l’étranger. Cible prioritaire, les pays de l’Est mais pas uniquement. « En tant que vendeur, relève H. Alferinck, je marque facilement des points dès que je peux faire déguster nos produits. La structure présente de gros atouts et je suis très fier de pouvoir montrer notre outil de production. Je suis très conscient que quelque part, à ma place, je suis responsable de la rémunération des adhérents. »
L’incendie de 1994 a généré de gros investissements, qui pénalisent d’entrée le compte de résultat annuel. « Il faut savoir que quoi que l’on fasse, l’exercice débute chaque année avec un handicap de 50 000 € au bilan » résume J.-Y. Marilheau, le président de la coopérative. Dans ces conditions, le sérieux dans la gestion et la recherche de débouchés rémunérateurs font partie des incontournables. La coopérative continue de se désendetter même si, le temps passant, elle doit se préparer à plus de dépenses d’entretien. L’union commerciale avec la cave de Saint-Sornin se poursuit. Baptisée Union Sornin-liboreau, elle ne concerne que la commercialisation des vins de pays. Le président du Liboreau a signalé que le chiffre d’affaires était à la hausse, les niveaux de prix légèrement supérieurs à l’an passé et les charges légèrement inférieures. « On est sur la bonne voie ! » Quant à la mise sur le marché de nouveaux produits, depuis trois ans, la cave du Liboreau a travaillé à l’élaboration d’une gamme « Intense » constituée d’un Chardonnay vieilli en fûts de chêne et d’un Sauvignon de terroir. Avec ces deux bouteilles, elle compte bien se démarquer et constituer une référence, comme il en existe peut-être davantage dans le domaine des vins charentais rouges. Destinées davantage au marché de la restauration régionale – créneau sur lequel la cave était jusqu’alors très peu présente – les bouteilles « Intense » commencent à bien « accrocher ». Elles sont vendues environ 4,5 € prix public, soit une trentaine de F. La forme de la bouteille, haute et contemporaine, joue les effets de transparence et de dégradé de teintes. Et pour mettre tous les atouts de son côté, la cave propose en prime des chevalets de table à ses couleurs.
Le handicap de deux faibles récoltes
Dans son rapport, le président Marilheau a souligné le handicap que constituaient les deux faibles récoltes 2002 et 2003. Sur les vins de cépages, les rendements moyens enregistrés par la coopérative en 2002 ont plafonné à 60 hl/ha pour le Colombard, 50 hl/ha pour les rouges, 40 hl/ha pour les Sauvignon et 35 hl/ha pour les Chardonnay. Conséquence de la sécheresse, les choses ne se sont pas arrangées en 2003. « Certes, le vignoble est jeune mais cela n’explique pas tout. A de tels niveaux de rendement, personne ne gagne sa vie, ni les adhérents, ni la coopérative qui manque de produits. » J.-Y. Marilheau poursuit : « Les prix de marché ne peuvent pas subitement doubler, sous prétexte que nous avons une demi-récolte. » Dans ces conditions, faut-il tailler plus long ? J.-Y.
Marilheau met en garde les adhérents : « Chacun est responsable de ses choix sur son exploitation mais attention à ne pas tomber dans l’excès inverse, si toutefois la nature voulait se montrer généreuse en 2004. » Pour lui, une fourchette de 70-75 hl/ha est à même de ménager qualité et quantité, en débouchant sur une rentabilité de l’exploitation.
Sans doute pour tenir compte de ces éléments et un peu « sous la pression des événements », la grille de paiement s’est « adoucie » en matière de rendements. Alors qu’elle avait été conçue pour être très dissuasive à l’égard des forts rendements, aujourd’hui le sommet de la courbe est atteint entre 65 et 75 hl/ha. Au-delà, la rémunération chute. Cette évolution tient également au fait que la cave vend plus de vrac et de bouteilles moyennement valorisées que de produits haut de gamme. Le raisonnement serait sans doute différent dans le cas inverse. Outre le rendement, la grille de paiement applicable aux vins de pays comporte quatre autres critères, l’état général d’avant vendanges (cette année cantonné aux seules parcelles de Sauvignon et de Chardonnay), le botrytis, l’âge et le degré. L’état général vise la qualité du feuillage, l’état du raisin, la hauteur de palissage, le pourcentage de manquants, l’état sous le rang ; en bref, il s’agit d’une photographie de la vigne. Si ce nouveau critère a été introduit en 2003, un autre va disparaître en 2004, celui concernant l’âge de la vigne. « Nous tenons à rester sur une grille relativement simple et l’âge de la vigne ne nous paraît plus un critère pertinent, étant donné que toutes les vignes ont vieilli. De plus, dans la pratique, c’est infernal à gérer, avec le phénomène des fonds de remorques correspondant à quelques rangs plus âgés que d’autres. »
Sur la récolte 2003, le président Marilheau a annoncé un niveau de rémunération globalement en hausse par rapport à 2002. Depuis l’an dernier, ces prix s’entendent nets de tous frais, vinification et autres. Ainsi, s’ils peuvent paraître encore en dessous de certains cours, « la différence est moins importante qu’il n’y paraît ». « Il y a encore du chemin à faire mais c’est mieux que par le passé et j’espère que les prix vont continuer à remonter » a indiqué J.-Y. Marilheau. Pour l’heure, le conseil d’administration croise les doigts et émet un vœu, celui de « pouvoir tenir ses engagements jusqu’à la fin », c’est-à-dire au terme du versement des acomptes. Cette année, la coopérative « attaque » fin février le paiement des moûts et vins de la récolte 2003. Le versement des acomptes s’étalera sur dix mois et représentera 80 % du prix. Les 20 % restants seront versés sur les deux mois restants, décembre et janvier. Pourquoi privilégier la méthode du fractionnement ? D’abord parce que c’est la pratique en matière de coopération et sans doute aussi par prudence. « Les 80 % sont acquis et nous ferons tout pour vous assurer le solde mais, au vu des résultats de l’exercice clos au 31 juillet 2004, nous jugerons si nous pouvons vous verser plus ou moins de ces 20 %. » Les jus de raisins, quant à eux, feront l’objet d’un paiement anticipé sur les six premiers mois de l’année, en trois fois, fin février, fin avril et fin juin.
Une hausse générale des niveaux de rémunération
Les destinations de la récolte 2003
Sur la récolte 2003, la cave du Liboreau a vinifié 26 000 hl vol. Sur ce volume, elle a distillé 600 hl AP d’eau-de-vie, fabriqué 2 000 hl de Pineau blanc et 330 hl de pineau rosé. Profitant des cours élevés du vin de table, elle a produit 2 500 hl de vin de table. Les vins de pays concernent près de 5 000 hl vol., en constante augmentation d’une année sur l’autre. Les excédents d’Ugni blanc ont été attribués à l’élaboration de jus de raisin et, pour une faible partie, aux vins de table pays tiers.