Bio et bon

27 décembre 2008

jean_francois_rault.jpgEttre bio ne suffit pas. Pour valoriser le « plus » du bio, faut-il être encore bon et organisé pour intéresser les acheteurs. C’est pour répondre à ces attentes que fut créée le 23 juillet 2001 la Coopérative des vignerons bio des Charentes. La cave du Liboreau, auquelle adhère la coopérative, a vinifié l’an dernier 1 800 hl de vins bio dont une partie a été vendue à la société Lurton.

« A partir de Viti-Bio, l’association regroupant les producteurs bio de la région délimitée, une frange de viticulteurs souhaitait aller plus loin » se souvient Eric Berthonnaud. Le déclic, le jeune président de la coopérative le fait remonter à l’année précédente, lors du salon professionnel Millésime Bio qui se tient chaque mois de janvier dans le Midi de la France. A cette occasion, la poignée de Charentais présents dans les bagages de Viti-Bio s’aperçoit que les acheteurs butent sur un problème de volume. L’offre n’est pas assez regroupée ni homogène. Ils prennent aussi conscience que la région des Charentes a une carte à jouer en matière de vin blanc. « Sur cette couleur, nous sommes un peu à part. Nous correspondons bien au style de vins de pays recherché par les acheteurs. Hormis le Gers, nous sommes les seuls à proposer ce type de vin. » Des contacts sont noués avec un certain nombre d’opérateurs dont les frères Lurton, de Bordeaux. Reste à concrétiser ce rapprochement des volumes. Le statut coopératif s’impose d’emblée. La Coopérative des vignerons bio des Charentes voit le jour le 23 juillet 2001, en totale symbiose avec l’association Viti-Bio, présidée par David Ramnoux, qui aide au lancement du projet. Sur les 50 adhérents de Viti-Bio, 15 rejoignent la coopérative, pour une surface de 35 ha. Les adhérents, apporteurs partiels, livreront des raisins. La coopérative va-t-elle se lancer dans des investissements ? Ce n’est pas l’option retenue par le conseil d’administration qui estime « plus intelligent » de travailler en partenariat avec d’autres structures. Le choix se porte sur la coopérative du Liboreau, qui accepte sans réserve. La cave est demandeuse de volumes et intéressée par les produits bio, par l’histoire qui s’en dégage, par la traçabilité, la compétence technique associées. Qui plus est, un de ses adhérents est déjà converti au bio. Quant à la diminution des coûts de vinification, elle profitera à tout le monde, aux producteurs bio comme aux conventionnels. Il faut dire que les deux présidents, Jean-Yves Marilleau et Eric Berthonnaud partagent la même approche réaliste, ce qui facilite l’entente. Souhaitant dépasser la simple relation de prestation de service, la Coopérative des vignerons bio adhère à la cave du Liboreau mais sans se départir de la propriété des raisins. Elle réceptionne le vin fini, au stade de la mise en bouteille. Ce qui pose une question d’importance. Que faire du vin ? Le vendre en vrac, en bouteilles ? Comme tout un chacun, la coopérative ne s’interdit pas de capter davantage de plus-value. Mais elle sait aussi qu’il faut laisser « du temps au temps » et que les métiers du vin ne s’improvisent pas. Ainsi, va-t-elle répondre positivement à la demande de la société Lurton d’acheter en vrac 1 000 hl de vins de pays charentais (120 000 bouteilles) pour les commercialiser sous la marque Terra Sana, la gamme bio de la société. « Ils cherchaient des produits bio, avaient réalisé des cuvées dans d’autres régions mais les volumes s’avéraient insuffisants, explique Eric Berthonnaud. Jacques Lurton est venu à Siecq et le site lui a plu, comme susceptible de produire des vins de qualité à partir d’un outil performant. Restait le prix. Nous nous étions fixés des objectifs et nous sommes tombés dedans. » Pour décrire le niveau de rémunération, le président de la coopérative n’a qu’un seul mot : « C’est mieux qu’avant. » Si, dans l’esprit de la coopérative bio, cette démarche de vente en vrac a vocation à s’inscrire dans la pérennité, exclut-elle pour autant la vente en bouteille ? Certainement pas. Pour meilleure preuve, la coopérative a déposé sa propre marque, « Biocéan ».

Durant trois jours, répartis sur trois semaines, ne sont rentrés à la cave du Liboreau que des raisins bio, après désinfection de toute la chaîne. Car la traçabilité associée à la vinification séparée fait partie des « fondamentaux » de la démarche bio. Et pas question de prendre une quelconque liberté avec ce protocole. L’organisme de certification Eco-Cert y a veillé, présent à plusieurs reprises sur le site pour s’assurer de la faisabilité d’apports séparés. « Aux manettes » de la vinification, Osvaldo Hernandez, l’œnologue de la société Lurton, relayé sur le terrain par le responsable de chai du Liboreau. Ce professionnel de la « vinif. » a conquis les Charentais par sa rigueur et sa connaissance du vin. Une connaissance qu’il avait déjà exercée au vignoble par une visite des parcelles durant l’été. « Nous avons plus appris en 4 mois qu’en 5 ou 6 ans » se réjouit Eric Berthonnaud. « La mayonnaise a bien pris entre l’œnologue, Liboreau et nous. » A l’intérieur du cahier des charges imposé par la société Lurton figurait le transport de la vendange protégée, dans des bacs bâchés. Cet aspect n’a pas posé trop de problème, la Cuma associée à Siecq disposant de tels équipements. Le gros point à résoudre fut plutôt celui de la logistique. Comment régler l’acheminement rapide des bacs en se jouant de la pluie, des distances et de la méconnaissance des parcelles par les chauffeurs ? Le téléphone portable a beaucoup servi. A cette occasion, on s’est aperçu par exemple qu’il serait plus profitable d’avoir des parcelles de 1 ha correspond à un bac plutôt que des parcelles de 30 ares ou 50 ares. Les conseils aux adhérents pourraient intégrer cet aspect les années à venir. Parmi les autres pistes de réflexion figurent la vinification des raisins rouges, qui pointe son nez dès la prochaine récolte ou encore l’ouverture à de nouveaux adhérents. Bien sûr l’optique de la coopérative est de se dire qu’il ne faut pas trop diviser l’offre : « Nous sommes suffisamment peu nombreux pour éviter de nous manger le nez ». Par contre, elle ne veut pas non plus devenir « l’exutoire des Ugni blanc invendus ». C’est pour cela que dans les années à venir, elle souhaite que les nouveaux adhérents s’engagent à apporter des cépages améliorateurs dans les proportions recommandées par le Comité des Vins de Pays Charentais. « Etre bio ne suffit plus, diagnostique le jeune président de la coopérative. Il faut être bio et bon. C’est à cette condition qu’une nouvelle frange de consommateurs accepte de donner la priorité au bio. »

Le bureau de la coopérative des Vignerons Bio

Président : Eric Berthonnaud (Germignac).

Vice-présidents : Bruno Courait (Julienne), Pascal Rousteau (Bréville).

Trésorier : Jean-François Rault (Houlette).

Secrétaire : Alain Raby (Lignières-Sonneville).

Contacts : Eric Berthonnaud (05 46 49 04 59), Coopérative du Liboreau (05 46 26 61 86).

Association Viti-Bio : un salarié à plein temps

Créée en 1998, l’association Viti-Bio, présidée par David Ramnoux, regroupe une cinquantaine d’adhérents convertis à la viticulture biologique sur les deux Charentes. Après avoir ouvert un bureau à la Maison des Viticulteurs à Cognac, elle vient de recruter en mars dernier un salarié à plein temps, en emploi jeune. Agé de 28 ans, Jean-Gabriel Beillard est titulaire d’un DESS « produits du terroir, labels de pays, alimentation de qualité » après une formation au développement rural à la faculté Lyon III. Travaillant en réseau avec la MAB 16 et le GAB 17, il sera plus spécifiquement chargé d’animer l’association à travers ses différentes têtes de rubriques que sont l’organisation de marché, le développement technique, l’aide aux adhérents pour développer de nouveaux projets. L’association a notamment joué le rôle d’incubateur auprès de la Coopérative des vignerons bio des Charentes créée en juillet dernier par une quinzaine d’adhérents de Viti-Bio.

Contacts : association Viti-Bio, 25, rue de Cagouillet, 16100 Cognac. Tél. 05 45 80 50 83.

Foire aux vins de Beauvais-SUR-Matha le 12 mai

L’Amicale des commerçants et artisans de Beauvais-sur-Matha organise sa dixième foire aux vins. Sont attendus 45 producteurs de toutes les régions viticoles de France. Sur la place du village, de 9 heures à 20 heures, les Côtes-de-Provence côtoieront les Bourgognes, Champagnes et autres Aligotés. Tous les ans, 3 à 4 000 visiteurs font le déplacement. Avec preuves d’achat à l’appui, ils peuvent gagner un week-end Relais et Châteaux. Un concours de Pineau, primé par la communauté de communes de Matha, rassemble de manière amicale les producteurs de la petite région. Originalité : ce sont les viticulteurs des autres régions qui constituent le jury.

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