Coopérative Alliance Fine Champagne – Rémy Martin – Contrats collectifs : Retour vers la flexibilité

24 août 2010

A l’issue de la période triennale 2007-2009, les contrats collectifs d’Alliance Fine Champagne renouent avec l’annualisation et voient leur volume amputé de 30 %. Une évolution que la maison de Cognac justifie par la nécessaire flexibilité et l’ajustement de ses stocks, après une période 2008-2009 difficile, que la reprise des ventes en 2010 n’a pas encore totalement compensée.

afc_cls_rc.jpgDepuis la création de Champaco en 1966, les contrats collectifs de la coopérative associée avaient toujours été annuels. En 2007 pourtant ils passèrent à un rythme triennal, sur le pas de temps des récoltes 2007, 2008 et 2009, sans doute sous l’effet de la période euphorique. Qui pouvait prévoir à l’époque qu’il y aurait crise. Le retour à un engagement annuel a été annoncé le 2 juillet dernier par Bernard Guionnet, président d’Alliance Fine Champagne, lors de la traditionnelle réunion des délégués de la coopérative. Pour sa part, Vincent Géré, directeur des Cognacs et domaines Rémy Martin, a indiqué que sur la récolte 2010, les contrats collectifs sur les eaux-de-vie 00 allaient enregistrer une baisse de 30 %, soit environ 10 000 hl AP (en 2009 les contrats collectifs portèrent sur 33 176 hl AP). Quant aux contrats individuels sur les eaux-de-vie rassises (ex Prochacoop), ils ne bougent pas. Ils sont « sécurisés » tant sur leurs volumes que sur leur durée. Annuellement, ils représenteront le même volume que sur le précédent palier – 32 000 hl AP – et leur durée continuera bien de courir sur trois ans, de 2010 à 2013. Sur les 437 contrats individuels renouvelés début juillet 2010, furent comptabilisés 43 hausses de contrats, 8 nouveaux contrats, 9 diminutions et 5 arrêts.

pertes de volumes

Ces changements sur les contrats collectifs, Vincent Géré les a justifiés par la baisse des ventes des années 2008-2009. Durant cette période, la maison de Cognac a connu des pertes de volumes pouvant aller jusqu’à – 25 %. Si, aujourd’hui, la baisse a été réduite à – 15 % par rapport aux années records, grâce aux six derniers mois positifs, les ventes n’en ont pas pour autant récupéré leur niveau antérieur à 2008. « Dans ces conditions, un jour ou l’autre, il fallait bien penser à rééquilibrer nos stocks. Nous ne pouvions pas engager indéfiniment des quantités au-delà de nos besoins. C’est aussi simple que cela. » D’où la recherche d’une plus grande flexibilité sur les contrats collectifs. Bernard Guionnet a rappelé que la maison de Cognac avait honoré ses engagements sans coup férir sur la période triennale 2007-2009. « En cours de contrat, a-t-il précisé, la maison n’a pas souhaité procéder à des ajustements. Vincent Géré m’a dit que les contrats Rémy Martin seraient respectés à la lettre. En cela, Rémy Martin a joué un rôle d’amortisseur. Les viticulteurs dans le périmètre Rémy Martin ont pu passer trois bonnes années. La baisse d’aujourd’hui constitue en quelque sort le prix à payer. L’économie contractuelle ne doit pas faire oublier que nous sommes aussi dans une économie libérale. » Le président d’Alliance s’est montré rassurant. « Rien n’est figé. Nous pouvons espérer une remontée des volumes. Et au moins, avec l’annualisation, ne risquons-nous pas d’être bloqués à un niveau bas pendant trois ans. » Vincent Géré a recommandé aux livreurs sous contrat collectif de rester vigilants et réactifs. « Durant l’été, gardez absolument le contact avec Alliance Fine Champagne, avec vos bouilleurs de profession. Il y aura peut-être des opportunités d’achat à saisir. Avec le retour de la flexibilité, nous nous mettons en mode opératoire de gérer les bonnes surprises. » Le président d’Alliance a indiqué que le conseil d’administration avait demandé et obtenu que les premières augmentations de volume aillent aux contrats collectifs.

sentiment de décalage

Reste qu’en ce 2 juillet 2010, persistait comme un sentiment de décalage entre ce qui était annoncé aux viticulteurs et la manière dont eux-mêmes perçoivent la situation. La progression à deux chiffres des statistiques Cognac depuis janvier 2010 n’y est sans doute pas étrangère. Pas plus que la communication de Jean-Marie Laborde, directeur général de Rémy Cointreau qui, en début d’après-midi, avait présenté aux délégués les bons résultats du groupe et de Rémy Martin. Sur l’exercice fiscal, la maison Rémy Martin a réalisé un chiffre d’affaires de 400 millions d’€, un résultat opérationnel de 100 millions d’€ et 27 % de marge opérationnelle. Pourtant « ceci n’empêche pas cela » semblent dire les dirigeants de l’entreprise. Certes, Patrick Piana, le jeune directeur général de Rémy Martin, affiche sa confiance « dans les fondamentaux de la maison ». Dans le fait que l’abandon du réseau de distribution Maxxium se soit révélé une excellente opération ; que la stratégie de valeur de la maison – augmenter ses prix alors que la crise sévissait à plein – ait trouvé son marché et ses consommateurs ; ou encore que le chiffre d’affaires du groupe soit bien équilibré entre l’Asie, l’Europe et les USA (un tiers chacun). Cependant, la reprise reste fragile, en dépit des investissements et des ambitions de la marque.

« des marchés plus jamais linéaires »

Dominique Hériard-Dubreuil, présidente du groupe Rémy Cointreau, n’a pas dit autre chose. Présente à la réunion des délégués, c’est le message qu’elle a transmis. « Oui, Rémy Cointreau et Rémy Martin ont engrangé de bons résultats mais nous avons eu une période 2008-2009 catastrophique et la crise mondiale n’est pas finie. La lisibilité de marché n’est pas au rendez-vous même si nous sommes très fiers du rattrapage de nos ventes, grâce à nos équipes. Les marchés, soyez-en sûrs, ne seront plus jamais linéaires. C’est pourquoi nous avons besoin de flexibilité. En permanence, il faudra être capable de s’adapter, même si c’est difficile pour des structures d’élaboration à très long cycle comme la nôtre. Les marchés ne sont plus ceux que nous avons connus. Seule la réactivité nous conférera une attitude plus positive et nous redonnera davantage de visibilité. Je vous remercie pour ce partenariat au long cours que nous avons partagé et que nous allons continuer de vivre ensemble. »

Alliance Fine Champagne
Chiffres clés

Sur la récolte 2009, Alliance Fine Champagne, la coopérative associée de Rémy Martin, aura rentré 64 567 hl AP – 33 176 hl AP sous contrat collectif (compte 00) et 31 391 hl AP en contrats individuels (comptes 1/2/3 et 5/6/7/8, en volume moindre). Ces quantitées étaient identiques à celles de la récolte 2008. Au 31 août 2010, le volume détenu par la coopérative de stockage s’élèvera à 173 976 hl AP, avec une clé de répartition « moitié/moitié » en contrat collectif et contrats individuels. Ce volume a progressé de 3 % par rapport à la campagne précédente. Les ventes de l’exercice 2009-2010 se sont soldées par la sortie de 57 718 hl AP, 31 000 hl AP issus du contrat collectif et 26 700 hl AP des contrats individuels (hausse de 15,23 %). Par rapport au prix de base, l’acheteur a consenti des primes qualité (+ 3, + 5, + 10 %) qui auront représenté, en moyenne, sur la récolte 2009, un peu plus de 1 % de la valeur (0,83 % en GC et 0,79 % en PC sur le contrat collectif ; 1,05 % en GC et 1,19 % en PC sur les contrats individuels. Le chiffre d’affaires prévisionnel de la coopérative au 31 août va s’élever à 66 millions d’€, pour un résultat courant prévisionnel de 2 millions d’€. La valeur du stock est estimée à environ 80 millions d’€. La mise en place des nouvelles structures financières va occasionner une rémunération du capital à hauteur de 6,20 %.
Début juillet, les viticulteurs partenaires ont signé leur renouvellement de contrat. Sur la campagne 2009-2010, 1 050 viticulteurs ont fourni tout ou partie de leur récolte à Alliance Fine Champagne.

Groupe de travail prix
Comme d’habitude, le groupe de travail « prix des rassises » composé des délégués d’Alliance s’est réuni plusieurs fois, fin juin et courant juillet. Il a procédé à l’analyse de l’environnement prix (moyenne pondérée du BNIC avec ou sans les volumes d’AFC, cours des principaux concurrents…). C’est fin juillet que le groupe de travail rend normalement sa préconisation à l’acheteur. Le message qui se dégage est celui de prix « acceptables et raisonnables », dans la continuité des précédents. En ce qui concerne le prix des eaux-de-vie nouvelles de la récolte 2010, le chantier s’ouvrira à la mi-septembre. B. Guionnet, le président d’Alliance, a mentionné à cet égard l’étude sur les coûts de production viticole du groupe de travail BNIC, piloté par Olivier Louvet. La progression des charges s’est semble-t-il « adoucie » par rapport aux années précédentes (+ 0,8 %). Vincent Géré cite le chiffre de rendement de 9,4 hl AP « comme un niveau de curseur “vertueux” pour les deux parties ». Quant au prix, « il vaut mieux augmenter un peu tous les ans plutôt que de devoir procéder, de loin en loin, à un rattrapage ». De manière plus générale, le directeur des Cognacs et domaines Rémy Martin trouve « un peu ridicule cette histoire d’affectation début juillet. En quatre mois, il peut se passer des choses, dans les vignes comme sur les marchés ». Il a regretté que les promoteurs d’une affectation en deux temps – pré-affectation en juin et affectation définitive trois mois plus tard – se soient retrouvés en minorité.

 

 

 

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