Viticulteur à Macqueville, entre Cognac et Matha, Emmanuel Février a été contrôlé par l’ODG Cognac. Il trouve que contrôle et professionnalisation vont de pair, même si les conditions du contrôle soulèvent chez lui quelques interrogations.
Comment avez-vous été prévenu du contrôle ?
Un jour, sur mon portable, j’ai reçu un coup de fil de mon principal acheteur, me demandant s’il était possible de se voir la semaine suivante. C’est vrai que, sur le moment, j’ai pensé à un contrôle HACCP. La communication n’était pas très bonne. Le jour du rendez-vous j’ai découvert, dans ma très grande naïveté, qu’il s’agissait non pas d’un contrôle HACCP mais d’un audit ODG. Ayant déjà regroupé mes registres pour la visite HACCP, je n’ai pas eu trop de mal à m’adapter.
Que pensez-vous de ce type de contrôle ?
C’est normal. Nous sommes dans un mouvement de professionnalisation. Etre doté d’un cahier des charges, conforme aux AOC, c’est accepter, derrière, que des choses sérieuses se mettent en place. Ce sont de tels outils qui aident à s’insérer dans le cahier des charges. Le contrôle ne me choque pas. D’autant qu’il faut en saisir l’esprit et pas uniquement la lettre. Maintenant, j’ai peut-être un esprit chagrin mais je trouve un peu bizarre que ce soit mon acheteur principal qui se charge de l’audit. De l’extérieur, ne pourrait-on pas penser qu’il est « juge et partie » ? Après, je comprends totalement la démarche qui permet d’alléger les emplois du temps des uns et des autres. La formule a le gros avantage de la souplesse. Je ne fais pas un blocage dessus.
Quand l’auditeur est venu, qu’a-t-il regardé ?
Il a passé en revue tous les points du Plan de contrôle intéressant le viticulteur, du point 3 au point 22. Nous avons regardé ensemble le casier viticole et, plus globalement, toute la partie règlementaire. Ensuite, nous sommes allés dans le vignoble. Plus exactement, l’auditeur m’a demandé de l’accompagner sur deux parcelles. Je lui ai proposé celles qui me passaient par la tête : l’une près du village et l’autre un peu plus loin. Il a vérifié la densité de plantation, les manquants ; il a regardé s’il y avait des clones. Nous avons aussi parlé un peu du mode de culture. Il a observé la taille, le mode d’entretien. Ses fiches listaient des critères bien précis. De retour sur l’exploitation, je lui montré les courbes de fermentation et tout ce qui concerne les analyses de vin. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la distillerie. Il m’a demandé le registre de fabrication des eaux-de-vie puis nous avons visité les installations, distillerie, chais de vieillissement.
Quelle perception avez-vous eu du contrôle ?
Très bien, pas tatillon. Les gens qui l’exercent ont du métier. Ils peuvent ressentir les choses. D’ailleurs ils passent régulièrement sur l’exploitation. Si j’ai besoin d’un renseignement, d’un conseil, je peux leur faire appel. Je trouve normal que les acheteurs cherchent à connaître leurs livreurs, essayent de cerner les exploitations. Cela ne me gêne pas. Ce qui m’a surpris, par rapport à l’économie générale de la mesure, c’est que l’acheteur fasse le contrôle ODG.
Comment s’est terminé l’audit ?
Lors de la restitution, tout était au vert.
Vous qui faites aussi du Pineau, y a-t-il une grosse différence entre le contrôle interne Cognac et le contrôle interne Pineau ?
Je trouve le contrôle Pineau peut-être un peu plus tatillon et plus précis que le contrôle Cognac. C’est l’impression que j’aie eue. Après, le Pineau est aussi un produit relativement plus fragile, plus sensible aux altérations bactériennes. Le suivi des lots réclame un contrôle régulier. Il n’en reste pas moins qu’une proximité existe avec le producteur de Pineau que l’on ne retrouve pas avec le Cognac.