Les pépiniéristes chez le roi des eaux-de-vie

18 décembre 2019

En plein force de l’âge, le congrès national des pépiniéristes a posé ses valises dans la capitale des eaux-de-vie brunes afin d’évoquer l’actualité, le futur, les adaptations nécessaires de la profession et ses liens essentiels avec d’autres filières. Retour sur les points forts de ces échanges, parfois intenses.

Pour son 17e congrès, la fédération française de la pépinière viticole, la FFPV, s’est installée à Cognac du 28 au 30 octobre derniers. En tête des nouvelles plantations viticoles avec 10 000 hectares prévus sur trois ans, dont 3 474 pour l’eau de vie en 2019, le cognaçais semblait être la meilleure destination possible pour faire le point sur l’activité des pépiniéristes au cœur de l’automne, début, pour certaines, des chantiers de plantation.

De 200 à 300 personnes se donnèrent donc rendez-vous dans les salles de la Salamandre, à Cognac, avant de visiter plusieurs installations historiques et productrices des Charentes. Les intervenants venaient de diversions institutions : la FFPV, l’IFV, l’Institut Richemont, plan Écophyto, la région Nouvelle-Aquitaine, France Agrimer ou encore l’INRA pour n’évoquer que les interprofessions.

Les prises de paroles se firent avec des échanges, parfois éparses, parfois intenses, avec une profession qui évolue rapidement, dont la prise de conscience du rôle primordial s’enracine chaque jour un peu plus. Plusieurs sujets ont rythmé les conversations, comme l’environnement, le dépérissement du vignoble, la qualité du travail et les évolutions règlementaires.

 

LE DÉPÉRISSEMENT DE LA VIGNE

Christophe Rioux, directeur adjoint IFV, disserta, en tant que délégué national, sur le plan national de dépérissement du vignoble, DNPV. Ce qui se conçoit bien s’évoque clairement s’énonce clairement : « Tous les facteurs qui concourent à la baisse pluriannuelle de la production des ceps et qui aboutissent à la mortalité progressive ou brutale du cep. » Par ricochet évidemment, « le levier de productivité est un enjeu majeur ». Le site officiel, https://www.plan-deperissement-vigne.fr, présente les quatre ambitions du DNPV :

        un réseau d’acteurs pour promouvoir la formation et le transfert des bonnes pratiques ;

        la production des plants en partenariat avec la pépinière viticole ;

        une coordination de réseaux d’observation du vignoble pour anticiper les crises et identifier des actions correctrices ;

        une recherche répondant aux attentes de la filière, dans un partenariat renouvelé avec le monde scientifique. 

L’objectif affiché est de « placer le viticulteur au cœur de la lutte contre le dépérissement. Toutes les actions d’accompagnement, formation, identification permettent de mieux comprendre les dépérissements et définir des axes prioritaires de travail. Les démarches participatives doivent partir du besoin, des priorités identifiées par ces mêmes acteurs (enquête, identification des pratiques) pour mettre en place des expérimentations, des présentations, et accueillir les résultats de la recherche de manière pratique et pragmatique ».

 

 

L’ENVIRONNEMENT JUSQU’AUX RACINES

Jean-Christophe Gerardin, conseiller en viticulture, anime, dans le cadre du plan Écophyto, une partie des Groupes 30 000, « des collectifs d’agriculteurs reconnus par l’État suite à un appel à projets régional, qui mettent en œuvre des changements de pratiques dans une logique globale agro-écologique, dans une démarche centrée sur la réduction des usages des produits phytopharmaceutiques », explique le site officiel1. M. Gerardin souhaite que les pépiniéristes s’orientent « vers une certification reconnue qui peut-être viticulture durable Cognac, ou HVE, inciter ces groupes d’être constitués, être prioritaire aux PCAE, plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles, pour être aidés ».

« Le groupe 30 000, plan Ecophyto numéro 2, met en avant les bonnes pratiques durables dans toutes les filières : diminution des intrants phyto, amélioration de la biodiversité et sa mise en avant, respect des sols et de la vie microbienne, gestion de l’eau, voisinage, et autres thématiques. Il y a déjà 3 000 structures fermes Dephy dites de référence, l’objectif d’aujourd’hui est d’accompagner 30 000 structures. »

Pratiquant déjà de nombreuses méthodes de production avant-gardistes, sans en faire toutefois la promotion comme d’autres interprofessions, les pépiniéristes rejoignent la liste épaisse des agriculteurs figures de proue du labeur. « De nombreuses filières adhèrent déjà à l’écophyto : arboriculture, cultures tropicales, grandes cultures, polyculture-élevage, horticulture, légume-maraîchage, viticulture. La filière pépinière viticole n’est pas du tout représentée. L’objectif final est être acteur de la pépinière viticole durable. Ce sont déjà des pratiques mises en œuvre sur l’exploitation et l’objectif est de les mettre en avant, de communiquer. Il est possible d’intégrer groupe 30 000, avec le dépôt des candidatures début 2020. Le pilotage de l’entreprise se fait au travers du groupe, raisonné au maximum les interventions et valoriser le travail. L’avenir de la filière est en jeu, c’est pourquoi il faudrait aller vers cette démarche. »

« La pépinière est déterminée avec des objectifs pour 2020 : réduire demain IFT de 50% par plusieurs leviers, utilisation du biocontrôle, outils d’aide à la décision, utilisation d’un témoin non traité en place. Nous souhaitons répondre aux enjeux avant d’être sollicité et aidé quant aux résultats. »

 

LES ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES

Ce fut le sujet qui occasionna discussions, échanges, questions, remouds, discordes. France Agrimer va changer de statut auprès des pépiniéristes. Elle ne fera plus que des contrôles de second niveau et plus de contrôleur de premier niveau qui seront effectués par les pépiniéristes eux-mêmes. « France Agrimer va continuer à contrôler : obligations de contrôle liés à la certification et les contrôles de second niveau et la totalité des contrôles des OPA, opérateurs professionnels agréés, imposés au moins une fois par an », ont annoncé les représentants de l’institution.

Les pépiniéristes ont jusqu’au 14 décembre 2020 pour devenir OPA, sous peine de perdre leur outil professionnel.

Cette nouvelle réglementation provient de l’Union européenne UE, le règlement 2016/2031/UE, remplaçant la directive 2000/29/CE. Déjà à l’étude en Italie depuis 2016, l’adaptation nationale semble donc en retard. Toutefois, l’interprofession anticipa ces évolutions, promouvant une approche plurielle. « Le collectif permet une mutualisation des frais ; à faire valider ce qui est déjà fait par France Agrimer, 80% des demandes ont été  anticipées », déclara Giovanni Varelli, président de l’associaiton Vitipep’s.

Jean-Bernard Larquier, CNIV, comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique, rappela que la FFPV était « le premier maillon de la filière », et qui s’inscrivait « dans une démarche collective. »

Au-delà des nouvelles contraintes règlementaires, M. Larquier essaya de dépasser les actuels problèmes afin d’accentuer, encore, l »expertise nationale. Les débats actuels autour des ZNT pourrait pousser à accentuer les recherches variétales (souches résistantes) et continuer le travail en commun. « Le temps et le collectif seront des atouts afin que le futur statut OPA ne fasse pas disparaître les pépiniéristes. » Même si 2019-2020 verra, outre le transfert de compétence de France-Agrimer aux futurs OPA, la standardisation européenne s’accroître encore davantage (notamment au niveau de l’équitage), le CNIV mit en avant le savoir-faire et la qualité reconnue mondialement des plants français.

 

L’énergie de la profession tente de combler les brèches. « Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mère Terre, laquelle nous soutient et nous gouverne et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe », louait saint François d’Assise dans son Cantique des créatures. Le reste n’est que « travail », « sueur » et « poussière ». Ils portent leurs fruits.

 

 

1. https://nouvelle-aquitaine.chambres-agriculture.fr/agro-environnement/ecophyto/groupes-30-000/

Nouvelle règlementation pour les pépinières viticoles

 

Au titre de la révision régulière des textes européens, la politique sanitaire et phytosanitaire a été revue. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les règlements UE 2016/2031 du Parlement européen et du Conseil du 26 octobre 2016, relatif aux mesures de protection contre les organismes nuisibles aux végétaux (Ce règlement abroge la directive 2000/29/CE) et le règlement UE 2017/625 du 15 mars 2017, concernant les contrôles officiels et les autres activités officielles, qui seront applicables à compter du 14 décembre 2019.

Le nouveau règlement santé des végétaux établit les règles permettant de déterminer le risque phytosanitaire présenté par tout organisme nuisible et les mesures visant à ramener ce risque à un niveau acceptable. Il mette en place notamment :

·      une nouvelle classification des organismes nuisibles ;

·      une stratégie préventive à l’importation ;

·      la responsabilisation des opérateurs professionnels ;

·      et le renforcement du dispositif de délivrance du passeport phytosanitaire.

Ce suivi vise les espèces cultivées et la flore sauvage, quel que soit le milieu et de protéger le territoire européen face à l’introduction et à la dissémination d’organismes nuisibles aux végétaux.

Les deux règlements établissent des règles communes à tous les États membres de l’Union européenne en ce qui concerne :

·      la production, l’inspection, l’échantillonnage, les contrôles, l’importation, la mise en circulation et la certification du matériel végétal ;

·      la détection, la notification et l’éradication des Organismes de Quarantaine (OQ). 

Un nouveau format pour le passeport phytosanitaire (PP)

Dans la filière bois et plants de vigne les passeports phytosanitaires (PP) qu’accompagnent les marchandises restent accouplés à une étiquette de certification officielle.

Source : https://www.franceagrimer.fr/filieres-Vin-et-cidre/Vin/Accompagner/Dispositifs-par-filiere/Normalisation-Qualite/Bois-et-plants-de-vigne/Nouveau-reglement-sante-des-vegetaux

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