Le 5 octobre dernier, le Comité permanent du BNIC – l’organe exécutif de l’interprfession de Cognac – a voté une "rallonge" de réserve de gestion Cognac de 0,5 hl AP/ha. Un mini-coup de tonnerre dans le ciel charentais. Car, cinq mois plus tôt, le 24 mai 2011, l’assemblée pleinière du BNIC (l’interprofession du Cognac) s’était prononçée pour un rendement Cognac 2011/2012 de 10,52 hl AP/ha, dont un rendement "libre" de 9,52 hl AP/Ha et une réserve de gestion d’‘1 hl AP/ha libérable en compte 4. Et, le 24 septembre, le Comité national INAO avait confirmé ce rendement. Ainsi tout laissait à penser que ces chiffres étaient définitifs. Mais, la profession en a décidé autrement, alors que les vendanges étaient terminées depuis une bonne semaine.
Différence par rapport à la réserve de gestion d’1 hl AP ! Il est prévu que la libération des 0,5 hl AP/ha ne puisse intervenir qu’en compte 10.
Bien sûr, pour que le dispositif s’applique, il devra repasser devant toute la chaîne décisionnelle : ODG Cognac, assemblée pleinière du BNIC, Comité régional, Comité national INAO. Le prochain Comité national INAO, qui entérine de façon définitive les rendements de toutes les régions viticoles françaises, est fixé au 3 novembre 2011. Cette échéance s’annonce donc comme une date butoir. A ce moment seulement, l’on saura si, oui ou non, la réserve de gestion de 0,5 hl AP/ha libérable en compte 10 s’applique vraiment.
Si la prudence s’impose quant à la décision finale, la région délimitée Cognac a démontré à maintes reprises sa capacité de conviction. En cas d’accord, le rendement Cognac valable pour la campagne 2011/2012 s’élèverait donc à 11,02 hl AP/ha, dont 1 hl AP/ha libérable en compte 4 et 0,5 hl AP libérable en compte 10.
Depuis le printemps, le négoce réclamait une "rallonge" de réserve de gestion, libérable en compte 10. La commission Production du BNIC, paritaire entre viticulture et négoce, s’est réunie le 4 octobre. Après un large débat en famille, la viticulture a répondu favorablement à la demande du négoce. Jean-Bernard de Larquier, chef de famille de la viticulture au BNIC, en donne les raisons. « C’est pour continuer à construire que nous avons décidé de voter ces 0,5 supplémentaires, construire au sein de la viticulture avec le rapprochement des deux syndicats dans une structure commune l’UGVC (Union générale des vignerons de Cognac) et construire avec le négoce.
Le responsable viticole évoque aussi le soutien à l’expansion du Cognac, la reconstitution de stocks à la viticulture et les besoins générés par le passage de la qualité XO du compte 6 au compte 10. « Toute décision comporte un risque mais il s’agit d’un risque mesuré. »
La viticulture a posé certaines conditions à son accord : que le négoce ne contractualise pas la réserve de gestion, qu’il continue de faire progresser les prix, non seulement pour couvrir les coûts de production mais aussi pour rattraper la perte des années passées.
C’est d’ailleurs pour favoriser au maximum la négociation sur les prix que la viticulture avait souhaité différer sa réponse sur la réserve de gestion de 0,5 hl AP. Au risque de créer une certaine confusion chez les vignerons. Et la précocité de la récolte n’a rien arrangé.