Cognac : Musée haut, musée bas

7 août 2009

Pour paraphraser le titre du film de Jean-Michel Ribes, « Musée haut, musée bas » sorti en novembre 2008, Cognac possède son « musée haut », le musée municipal d’Art et d’Histoire, en centre-ville et son « musée bas », le musée des Arts du Cognac (le Maco), près des quais de la Charente. Deux musées pour une ville de 20 000 habitants… un affichage fort de la politique culturelle de la ville et de sa région.

musee_cognac.jpgAttachée de conservation du patrimoine, Stéphanie Dalmasso a en charge la vie des musées de la ville de Cognac. Elle a remplacé à ce poste Laurence Chesnau-Dupin, devenue depuis un an directrice du développement culturel de la cité des eaux-de-vie. A ce poste, créé de toutes pièces par la nouvelle municipalité, L. Chesnau-Dupin chapeaute la bibliothèque, le service des archives, les musées, différents événements culturels. Elle est à la fois coordinatrice et animatrice de projets comme celui du futur pôle des musiques actuelles (West rock) ou le projet de « Cognac, ville et pays d’art et d’histoire ». Stéphanie Dalmasso pilote, quant à elle, l’équipe de conservation des musées, l’équipe technique, les agents d’accueil, le suivi des collections, l’inventaire, la création graphique… Car, au fil du temps, la gestion des musées a évolué, des compétences se sont développées en interne. Aux musées de Cognac par exemple, une personne a appris à maîtriser les logiciels d’arts graphiques InDesign, Illustrator, Photoshop. Tous les « flyers » et autres documents édités par les établissements culturels sortent de ses mains. Annuellement, les deux sites, musée d’Art et d’Histoire et Maco reçoivent environ 15 000 visiteurs. Si la fréquentation du Maco reste en peu en deçà des prévisions, le score s’avère néanmoins honorable. La courbe des visites progresse lentement mais sûrement. Une personne, Sylvie Lebb, est spécialement chargée de stimuler l’intérêt autour des musées en contactant agences de voyage, tours operator… « Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre le visiteur. » Un autre agent fait à plein-temps de la « médiation » auprès des scolaires et des enseignants. Les musées de Cognac fonctionnent en réseau avec les autres établissements de Poitou-Charentes. Dotés d’un site web dédié, les musées de Cognac partagent également un portail commun avec leurs homologues picto-charentais. « C’est notre combat de tous les jours que d’attirer plus de visiteurs » glisse S. Dalmasso. La politique tarifaire s’avère particulièrement alléchante. Il n’en coûtera que 4,5 € pour visiter les deux sites, sans contrainte de temps pour utiliser l’un ou l’autre billet. La gratuité est totale pour les enfants, adolescents jusqu’à 18 ans, étudiants. En plus de la remise d’un livret découverte, les visiteurs reçoivent des pass privilèges pour d’autres sites partenaires, Gabarre, Espace découverte, Cep Enchanté (exploitation Quéron à Macqueville). Quant aux plages d’ouverture, elles se veulent souples et larges, notamment en été : en juillet et août, ouverture de 10 h à 18 h 30 sur les deux sites, sans interruption. « Nos agents d’accueil travaillent de manière indifférenciée dans les deux endroits, en alternance, par cycle de trois semaines. » Pour inciter à la découverte, des visites nocturnes et gratuites sont programmées durant la période estivale. La prochaine aura lieu le 5 août, de 20 h 30 à 24 h.

Comme son nom l’indique, le Maco – musée des Arts du Cognac – a une thématique toute tournée vers le Cognac, sans prétendre non plus à l’exhaustivité. Des donateurs très actifs, tel Paul Rhone pour le fonds d’étiquettes, contribuent à alimenter ses collections. Le musée travaille actuellement sur les archives de la maison Hine ; des sociétés proposent qui une nouvelle bouteille, qui une série limitée. « Notre but consiste à rendre ce patrimoine visible au plus grand nombre. » De loin en loin, le musée procède à des acquisitions. Ce fut le cas récemment pour une aquarelle de 1880 montrant la place de la Salle-Verte et le bateau-lavoir. Elle est allée rejoindre les collections du Maco.

Ne pas dépouiller Paul pour habiller Jean. C’est un peu la problématique que doit résoudre en permanence la conservatrice des musées de Cognac, entre ses deux sites. Musée municipal, le musée d’Art et d’Histoire, s’inscrit dans la veine de ces jolis musées provinciaux, dont la collection s’est bâtie au gré des donations et des rencontres. La déambulation de salle en salle y trouve un charme certain. Parmi les pièces maîtresses figure une pirogue néolithique découverte en 1979 à Bourg-Charente. Construite en un seul tronc, il s’agit d’un remarquable témoin du passé. Le musée compte une intéressante collection de céramiques de différentes époques, de nombreux tableaux dont ceux d’un peintre régional de bonne facture, Louis-Augustin Auguin, contemporain de Gustave Courbet. Mais les objets qui déclenchent la venue de pas mal de connaisseurs sont sans conteste les vases et coupes art nouveau d’Emile Gallé. Ces objets en verre furent acquis lors de l’Exposition universelle de 1900 par Claude Bouché, l’inventeur de la machine semi-automatique à fabriquer les bouteilles. Dans les années 1940, un des fils de C. Boucher légua ces œuvres au musée.

« Le visiteur qui arrive à Cognac trouve matière à découverte » confirme Stéphanie Dalmasso. Entre les sites de visite des maisons de commerce et les lieux culturels de la ville, un dialogue fructueux s’instaure, introduction ou enrichissement mutuels.

Le Cognac, un Festival d’images
Une exposition temporaire sur le Cognac à travers la publicité
La salle d’exposition de la cour du musée (bd Denfert-Rochereau) présente une piquante exposition sur l’imagerie du Cognac, de la fin du 19e à nos jours. Affiches, objets publicitaires… Où l’on s’aperçoit que le Cognac a toujours drainé un imaginaire très riche, parfois débridé, jamais fade ou sans saveur. Véritables « marqueurs d’époques », ces affiches et objets publicitaires mettent en scène la féminité dans tous ses éclats, célèbrent la marque, racontent l’histoire des modes de consommation. Un chemin buissonnier pour rencontrer le Cognac, différemment.
Exposition du 3 juillet au 31 août, tous les jours de 10 h à 18 h 30 ; du 1er septembre au 3 octobre, 11 h-12 h 30 – 13 h 30-18 h sauf le mardi. Entrée libre

 

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