Le Petit « Global »

24 juin 2009

L’exportation représente aujourd’hui 90 % de ses ventes. Gourmel fait partie des petits « Global », au sens anglo-saxon du terme. On le donne même comme la plus petite des « douze maisons moyennes », derrière les « quatre grandes ». L’an dernier, un associé de renom a rejoint la maison Gourmel : Jean-Jacques Frey, propriétaire du domaine La Lagune à Bordeaux, de grands crus en Champagne et d’une perle en Côtes-du-Rhône, la maison Jaboulet, de l’illustre Hermitage.

 

1729_o.blanc_opt.jpegConteur né, Olivier Blanc aime tisser la toile de Gourmel. Il ne se lasse pas de raconter l’histoire de cette maison, brève à l’échelle du Cognac mais riche d’expériences humaines. Gourmel, c’est d’abord l’empreinte d’une forte personnalité, Pierre Voisin, l’inspirateur, le visionnaire, concessionnaire automobile de son état, amateur de grands vins, de Bordeaux tout spécialement. Il a l’intuition que les gens qui ne boivent pas de Cognac mais qui aiment le vin pourront se raccrocher au wagon du Cognac si l’on sait leur en parler comme d’un vin, simplement, avec pédagogie et si, dans son élaboration même, le Cognac se rapproche de l’univers du vin. Ce sera toute la matière des petits rendements chers à Gourmel, des degrés élevés, de la distillation « grasse » où la coupe se fait au goût, « en allant jusqu’où on peut aller trop loin », de l’achat de chênes sur pied 15 années durant, pour sélectionner au plus près ces chênes à grains fins qui restitueront tous leurs tanins aux eaux-de-vie. Ce sera encore ce Cognac « naturel », sans caramel, ni boisé, ni sirop, où l’on ne mélange pas les années, contrairement à la doctrine de l’assemblage qui a pignon sur rue à Cognac. P. Voisin avait commencé à distiller en 1961. D’abord considéré comme un hobby par la famille, l’activité se structure peu à peu. Olivier Blanc y prendra une part de plus en plus active, lui qui pointe son nez en 1972, d’abord amoureux de la fille de M. Voisin (qu’il épousera en première noce) puis du Cognac. Ce jeune homme bien né, bilingue – il a vécu aux Etats-Unis où son père été diplomate – entre dans la carrière commerciale avec un brin de dilettantisme. « Jeune étudiant à Bordeaux, j’ai commencé à vendre du Cognac pour m’amuser. » Puis il se pique au jeu. Après cinq ans passés à s’occuper de la clientèle, un conflit de générations le pousse vers l’extérieur. Des financiers rachètent Gourmel. Lui part officier chez Moueix, Roederer, travaille pour Louis Dreyfus, redresse Castillon Renault avant que la marque soit reprise par Pernod-Ricard. Et, finalement, rachète Gourmel en 1993, avec 100 % de son stock. Fleurs, Fruits, Epices… la société mise sur des mots évocateurs pour transcender les dénominations classiques VS, VSOP, XO. A chaque catégorie de Cognac correspond un millésime. Avec son maître de chai Denis Lahouratate, arrivé à la maison en 1995, Olivier Blanc goûte les eaux-de-vie d’une année et les fait monter en Fleurs, Fruits, Epices, en fonction de leur complexité. « La beauté du Cognac, c’est le fondu » témoigne le chef de maison, qui peut dire d’un Cognac « que la paix est faite. » « On prétend toujours que le Cognac Gourmel est le préféré des sommeliers car, avec lui, ils ont des choses à dire. Ils peuvent jouer leur rôle de professionnels. »

Un associé

L’an dernier, Olivier Blanc s’est lancé à la recherche d’un associé. La reprise ne se dessinant pas en interne, il voulait assurer la pérennité de l’entreprise. Affaire a été conclue avec Jean-Jacques Frey, l’un des noms qui montent dans l’univers viticole. La famille possède un vignoble de 120 ha en Champagne de Reims, détient le domaine de La Lagune, grand cru classé du Médoc, a racheté la maison Jaboulet, à Hermitage, en Côtes-du-Rhône. J.-J. Frey a par ailleurs réussi dans l’immobilier commercial. Dernièrement, le magazine Challenge estimait la fortune familiale à 300 millions d’€. A Vinexpo Bordeaux, le Cognac Léopold Gourmel avait l’habitude de louer un bateau amarrer au port de La Lune pour recevoir ses hôtes et clients. Cette année, Olivier Blanc a décidé de jouer l’effet groupe. Il sera présent sur le stand de Jean-Jacques Frey. Bien entendu, le manager « historique » de Gourmel reste à la tête de la société. L’entreprise emploie une dizaine de personnes, six à Genté, autour de l’activité négoce et quatre pour la production, auprès de son apporteur privilégié, la coopérative La Jurignacaise. Au plan commercial, O. Blanc a cité quelques chiffres en mars dernier « La société travaille avec 62 VRP en France, 71 importateurs dans le monde. Nous comptons 3 500 clients professionnels, moitié restaurateurs, moitié cavistes. Dans chacune des quatre grandes zones (Asie, Amérique, Europe centrale…), la maison a un agent. »

Il y a deux mois, la crise mondiale inspirait les commentaires suivants à Olivier Blanc : « Nous manquons totalement de visibilité. La chute des ventes peut être énorme comme contenue. Pour l’instant, sur les marchés, les gens réagissent positivement. Je ne les trouve pas pessimistes. De toute façon, personne va attendre de mourir la bouche ouverte. Nous allons tous réagir. Ce sont dans les périodes de crise que l’on gagne des parts de marché. Mon obsession à moi, c’est de prendre le leadership de ma petite catégorie. Un magasin vend aujourd’hui dix bouteilles de Cognac dont deux de Gourmel. Demain, il n’en vendra peut-être plus que six mais trois de Gourmel. L’objectif, c’est de monter dans son créneau, jusqu’à retour à meilleure fortune pour l’ensemble de la catégorie. » Toujours dans une entreprise de différenciation, la marque a lancé en octobre dernier un Cognac « Bio Attitude » issu d’une exploitation certifié Ecocert. Papier recyclé, encre à l’eau, colle naturelle font de ce produit et de son packaging un Cognac en phase avec son époque avec, au palais, fraîcheur et délicatesse. L’exploitation, conduite en biodynamie depuis 2007, pourrait bientôt rejoindre le club animé par le « pape de la biodynamie », Nicolas Joly et son groupe de 76 producteurs français et étrangers, rassemblés sous la bannière « Renaissance des appellations ».

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