Tour de table et recentrage sur le cœur de métier

22 mars 2009

Cognac Ferrand va bien merci. C’est le message qu’a transmis Alexandre Gabriel début octobre en présentant les trois nouveaux actionnaires participant à son tour de table ainsi que deux membres de son comité directeur. L’entreprise repart sur de nouvelles bases, avec un repositionnement commercial affirmé.

 

cognac_ferrand_7_opt.jpeg

Alexandre Gabriel, troisième à partir de la gauche, entouré de ses partenaires.

Avec 51 % des parts de la société, Alexandre Gabriel est l’actionnaire majoritaire de la holding United spirit qui détient 100 % de Cognac Ferrand et de ses filiales aux Etats-Unis et en Allemagne. A ce titre, il préside l’ensemble des structures. Avec son ancien partenaire, Jean-Dominique Andreu, A. Gabriel se trouvait à égalité, à 50/50. Mais les associés ont rompu leur pacte le 16 mai 2008, par la signature d’un accord entérinant leur séparation. Alexandre Gabriel a racheté les parts de J.-D. Andreu, en élargissant son tour de table à trois nouveaux actionnaires. Mais chat échaudé… Cette fois, il s’est réservé la position d’associé majoritaire. Participent à cette nouvelle aventure de Cognac Ferrand des entrepreneurs aux profils divers. Deux d’entre eux se recrutent dans la sphère des distributeurs majeurs de la sociétés à l’export, un autre est davantage relié au monde financier tandis que les deux derniers appartiennent à la sphère amicale, tout en restant homme d’entreprise et de réseaux. Ils étaient tous présents, le 11 octobre à Bonbonnet, siège de l’entreprise à Ars, initialement pour un week-end entier de travail. Finalement, la matinée du samedi fut consacrée à la présentation de la nouvelle équipe aux interlocuteurs clés de la maison en Charentes, fournisseurs, élus locaux, management, en tout une petite quarantaine de personnes. Devant ce public improvisé, A. Gabriel a avoué sans détour un déficit de communication de sa part durant ces mois de crises. « J’ai été très mauvais. Cela tient sans doute à mon tempérament. Mais un proverbe africain ne dit-il pas aussi que plus un singe monte au cocotier, plus il montre son derrière. Aujourd’hui, tout a été dit sur le sujet, la page est tournée. Je remercie de leur confiance fournisseurs, clients, salariés avec qui, par contre, je crois avoir été d’une transparence absolue, totale. A mes côtés chaque jour, l’équipe Cognac Ferrand n’a pas faibli. Je la salue encore. »

Alexandre Gabriel a ensuite présenté ses nouveaux partenaires investisseurs dont, au premier chef, un homme de haute taille, l’Américain William Deutsch. La société qu’il a fondée en 1981 importe depuis sept ans le Cognac Ferrand aux Etats-Unis. L’entreprise, basée à New York, commercialise 120 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 650 millions de $. Elle représente notamment les intérêts outre-Atlantique de la famille Lurton de Bordeaux ou de la maison Georges Dubœuf (Beaujolais), qui est devenue la première marque de vin français vendue aux Etats-Unis. W.J. Deutsch est aussi à l’origine d’une des grandes sucess story en matière de vin, les 9 millions de caisses vendues par le vin australien Yellow Tail. Commentaire d’A. Gabriel : « C’est une entreprise qui a une force de feu significative auprès des distributeurs régionaux. »

des coréens à ars

Avait-on jamais vu des Coréens à Ars, commune de Grande Champagne ? Ils étaient pourtant bien là, en ce samedi ensoleillé d’octobre. Créée en 1952 à Séoul, la société KookSoonDang Brewery est une florissante entreprise dont la maison mère produit un vin de riz aromatisé. Elle importe depuis sept ans les produits de Cognac Ferrand, dont la marque Landy. Troisième homme du tour de table, Jean Ducroux a le profil d’un banquier d’affaires. Jusqu’à peu, il présidait le fonds de placement Cognetas qui est notamment intervenu dans le rachat de Saint-Gobain Desjonquères. C’est à titre personnel qu’il investit dans ce projet avec, à ses côtés, une société de capital développement qu’il conseille. Au sein de son comité directeur, Alexandre Gabriel a souhaité s’entourer de deux autres personnes : Pierre Tourrette et Dario Liguti. Ami de très longue date, P. Tourrette a passé l’intégralité de sa vie professionnelle au sein d’un important groupe agro-alimentaire, Danone pour ne pas le nommer (pôle brasserie, fabrication d’emballage, Evian, Badoit). Dixit A. Gabriel, Pierre Tourette est à l’origine de l’achat du site de Bonbonnet. « Face à l’opportunité que cela représentait, il ne m’a pas laissé le choix ! » Quant à Dario Liguti, c’est un jeune homme brillant, sorti major de sa promotion à l’équivalent d’HEC Italie. Ayant démarré son parcours professionnel en Russie, il occupe aujourd’hui un poste important à General Electric pour toute l’Europe du sud. Basé à Milan il est accessoirement le beau-frère d’Alexandre Gabriel. En plus du rachat de 49 % des parts (à hauteur de 16,33 % chacun), les trois investisseurs, rejoints par Alexandre Gabriel, ont décidé de consacrer 2 millions d’euros supplémentaires au développement de l’entreprise. A. Gabriel s’est félicité de la solidité des partenaires qui l’entouraient. Il s’est ensuite adressé « à quelqu’un de très cher, ma femme Debby, qui a toujours eu confiance en moi. » (L’épouse d’A. Gabriel est Américaine – NDLR).

du chiffre d’affaires « de qualité »

Si le chiffre d’affaires de Cognac Ferrand s’était bouclé en 2007 à 20 millions d’€, le P-DG de la société annonce pour 2008 un chiffre d’affaires en léger repli, autour de 14-15 millions d’€. Ce changement, non seulement il l’assume mais il le revendique. « Nous ne recherchons pas le développement pour le développement mais du chiffre d’affaires de qualité. Notre ADN, c’est le créneau des spiritueux haut de gamme. Au cours des années précédentes, la société Cognac Ferrand s’était mise à produire des marques de brandy vendues à bas prix sur des quantités importantes. Cette activité à fort volume mais à très faible marge fut d’ailleurs à l’origine d’une rupture coûteuse dans la stratégie de l’entreprise (tension de trésorerie, différence d’approche des deux associés). Cette époque est révolue. Les ventes de produits à marque distributeurs ou de spiritueux à faible valeur ajoutée ont été interrompues. La société se recentre sur son métier d’origine, les spiritueux haut de gamme, ce qui lui a déjà permis de renouer avec les profits. » A. Gabriel a indiqué que la stratégie actuelle consistait à renforcer les efforts commerciaux sur les Etats-Unis, sans oublier les marchés asiatiques, en plein développement, la Russie et l’Europe de l’Est. « Nous allons nous recentrer sur les marchés où nos marques sont déjà le plus implantées. Le réseau commercial consolidé va mettre l’accent sur les spiritueux à forte valeur ajoutée, bénéficiant déjà d’une certaine réputation parmi les connaisseurs : Cognac Ferrand, Gin Citadelle, Rhum Plantation. Pour la marque Landy qui bénéficie d’une bonne notoriété aux Etats-Unis, un partenariat important vient d’être noué avec un importateur national qui prévoit la promotion active de la marque. Un contrat avec l’artiste Hip Hop Snoop Dogg a d’ailleurs été signé. » Le P-DG de la société a précisé que la distribution de la gamme Cognac Ferrand était assez sécurisée. « La société compte environ 400 clients et ses ventes se répartissent de manière assez équilibrée entre trois pôles : Amérique (40 %), Europe (40 %) et Asie (20 %, plutôt centrée sur la Corée). Dans le portefeuille de marques Ferrand, Alexandre Gabriel a confirmé que le Cognac restait le point d’ancrage. « Il représente environ 70 % de notre chiffre d’affaires. » « Bourguignon d’origine, j’ai découvert la région il y a 25 ans. Je suis tombé amoureux du produit. » Cet homme sans doute pudique, en tout cas discret, s’est laisser aller à évoquer « la dimension passionnelle » qui le reliait au Cognac. « Depuis vingt ans, le Cognac a connu des hauts et des bas, des excès en tout genre. C’est un perpétuel mouvement de balancier qui fait qu’à un moment les choses se recentrent. Cognac Fernand existe déjà depuis 20 ans et j’espère bien pour le siècle à venir. »

 

Pierre Aguilas,

nouveau président de la CNAOC

Pierre Aguilas succède à Christian Paly à la tête de la CNAOC (Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie à appellations d’origine contrôlées), l’instance professionnelle représentative des AOC viticoles. Il a été élu par le conseil d’administration de la CNAOC le 18 novembre dernier. Pierre Aguilas n’est pas un inconnu dans la région délimitée Cognac. Depuis plusieurs années, il préside la commission d’enquête Pineau des Charentes de l’INAO ainsi que la commission d’enquête Cognac. Connaissant bien les spécificités locales, P. Aguilas est considéré comme un homme ouvert, sachant dépasser le tropisme vin. Il a toujours entretenu de bonnes relations avec les professionnels charentais. Installé depuis 1969 sur l’exploitation familiale de Chaudefonds-sur-Layon (Anjou), il préside le comité régional INAO du Val de Loire et fait partie de la commission permanente de l’INAO au sein du Comité national. Avec d’autres présidents de comités régionaux, il figure comme un « homme de poids » dans l’univers des appellations. 

A lire aussi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Le projet du groupe est le maintien de la réduction significative des intrants phytosanitaires, fongicides et insecticides, d’au moins 50% par rapport à la référence et l’arrêt total du désherbage chimique, tout en maintenant la productivité. Cette viticulture...

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Guillaume Chaubenit adhére au Collectif 30 000 Martell. Il a choisi de tester le programme LUMA, un programme phytosanitaire sans DSR, avec des produits 5m pour les ZNT. Changement de pratiques, année à pression forte pour le mildiou, ce jeune viticulteur, confiant...

error: Ce contenu est protégé