Cognac et patrimoine mondial de l’UNESCO

8 janvier 2013

Plus qu’une chimère, c’est un véritable projet. Que l’aire d’appellation Cognac – dans une ou plusieurs de ses composantes – candidate à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les étapes seront longues mais le processus est enclenché.

A toute chose, il faut un détonateur. Pour le Pays Ouest-Charente, chef de fil du projet, ce fut d’apprendre qu’à New York, le « way of live » français passait, entre autres, par une vue plongeante sur les coteaux viticoles de Bouteville. Mazette ! On savait le Cognac membre du petit cercle très restreint des produits de terroir remarquables. Mais que des vignes charentaises puissent à ce point incarner à l’étranger beauté et bonheur de vivre, ce fut un petit choc culturel. Du coup, un classement au patrimoine de l’Unesco ne paraissait plus si inaccessible.

Jérôme Sourisseau, président du Syndicat de Pays Ouest-Charente, y voit deux intérêts : une reconnaissance mais aussi une dynamique, un nouvel élan insufflé à tout le territoire. Non seulement un classement braque les projecteurs sur votre région, mais aussi il vous « oblige ». En terme d’exigences, il vous fait grandir, vous tire vers le haut. Idée reçue cinq sur cinq par les trois autres Pays de la zone délimitée Cognac (Haute Saintonge, Saintonge Romane et Val de Saintonge). Ils ont souscrit avec enthousiasme au projet. En juin dernier, une première rencontre a eu lieu à Paris, au ministère de la Culture (chaque pays instruit au préalable ses dossiers, avant de les transférer éventuellement à l’Unesco).

Candidature recevable

En première approche, la candidature du Cognac a été jugée « recevable ». Ce qui ne va toujours de soi, certaines sollicitations s’attirant le qualificatif de « farfelu ». Le ministère a réclamé à ses interlocuteurs deux choses : sérier avec précision le champ de la demande (l’Unesco ne classe pas un territoire dans son ensemble mais des éléments précis de ce territoire) ; monter un pré-dossier national, qui constituera une sorte de matrice. Une fois cette étape franchie, des auditeurs nationaux se déplaceront sur le terrain pour apprécier si, oui ou non, la procédure mérite d’être lancée à l’Unesco.

Une grosse machinerie

J. Sourrisseau est conscient de s’attaquer à forte partie. « Une grosse machinerie » dit-il. Une association va être créée pour porter le projet. Dans la foulée, un comité de pilotage se mettra en place pour encadrer la première étude de faisabilité. L’équipe, restreinte, devrait compter le CRT (Comité régional du tourisme), le BNIC et les quatre Pays concernés.

D’un point de vue politique, les élus sont conscients que si un classement à l’Unesco présente une formidable opportunité, elle peut aussi recéler quelques chausse-trappes, en termes de contraintes notamment. D’où l’intérêt de bien circonscrire les enjeux. « Toute l’aire géographique n’est sans doute pas concernée. Par ailleurs, nous devons nous demander ce qui incarne le mieux le Cognac : sans doute l’alambic mais aussi le vieillissement, l’assemblage… »

A Bordeaux, le classement des quais du Port de la Lune a bien failli empêcher la construction du nouveau pont. Une procédure de classement à l’Unesco ! Un chantier où la prudence et la patience le disputent à l’audace et à la vélocité.

Unesco « vini-friendly »
Quel lien établir entre la cathédrale de Cologne, la cité fortifiée de Bakou, la tour de Londres, l’art rupestre d’Alta en Norvège ou la Juridiction de Saint-Emilion ? Ils s’inscrivent tous sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. L’institution recense 962 sites classés, sous toutes les latitudes (157 pays) et répartis sous trois grandes rubriques : biens culturels, biens naturels, biens « mixtes ».
Patrimoine viticole
Dans le monde, quelques sites de l’Unesco se rattachent directement à la vigne : deux sites au Portugal (la région viticole du Haut-Douro et les paysages viticoles de l’île du Pico) ; les paysages culturels et historiques du Tokaj en Hongrie ; le vignoble en terrasses de Lavaux en Suisse ; la plaine de Stari Grad en Croatie ; la Juridiction de Saint-Emilion à Bordeaux. A noter que deux nouveaux vignobles frappent à la porte, les paysages de la Champagne de Reims et les « climats » de Bourgogne. A cette liste, s’ajoutent plusieurs sites « vini-friendly » : le Val de Loire, entre Sully-sur-Loire et Chalonnes (Coteaux du Layon), le Port de la Lune à Bordeaux (quais des Chartrons) ou encore les paysages culturels de la Wachau, en Autriche.
Cette attraction des vignobles pour le classement Unesco interroge d’ailleurs et notamment ceux qui profitent déjà de la manne : « Tous les vignobles de forte notoriété ont-ils vocation à se retrouver sous la bannière de l’Unesco ? » s’interrrogent-ils. Le danger qu’ils y voient concerne bien sûr le risque de banalisation ou du moins d’uniformisation. Si tout le monde s’engouffre dans la brèche Unesco, adieu le signe distinctif.

 

 

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