Jusqu’à présent, on parlait de QNV dans la région délimitée. Dorénavant, il va falloir s’habituer à parler de rendement d’appellation. Car, avec la disparition de la distillation européenne de l’article 28, la région rentre de plain-pied dans le système d’appellation. Dans la nouvelle configuration, applicable dès cette récolte, l’ADG Cognac va soumettre au comité permanent de l’INAO une proposition de rendement. C’est donc l’échelon parisien de INAO qui sera chargé de valider le niveau de production de l’appellation Cognac et non plus les deux organismes de tutelle de l’interprofession, le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Economie et des Finances. Pourtant, c’est toujours au sein de l’interprofession que se discutera la proposition de rendement, sur la base de l’outil de calcul mis en place par l’accord interprofessionnel datant de février 2005. Par cet accord, viticulture et négoce ont convenu de s’en remettre au modèle économique élaboré par le BNIC pour fixer le niveau de production.
prévisions de ventes
Le chiffre de 10,85 hl AP/ha résulte directement du moteur de calcul interprofessionnel. Sur quels critères repose-t-il ? Comme chaque année, le négoce Cognac a été invité à communiquer ses prévisions de ventes sur les cinq ans à venir. Objectif : que la production couvre les besoins de base du commerce, compte de vieillissement par compte de vieillissement. Le contexte ambiant a conduit les maisons à revoir à la baisse leurs projections de sorties. Au lieu d’envisager, comme l’an dernier, 6 % de hausse tous les ans pendant cinq ans, les coefficients d’évolution de la commercialisation envisagés cette année sont les suivants : + 2,5 % la première année, + 3 % la deuxième année, + 3,5 % la troisième année, + 6 % la quatrième année et + 6 % la cinquième année. Cette première approche aboutit à un besoin après évaporation de 636 333 hl AP, additionné de 7 547 hl AP pour compenser les pertes de distillation. Cela donne un « rendement de base » qui, sur 2008-2009, s’élève à 8,78 hl AP/ha. Restaient à intégrer les éléments correcteurs car, au départ, il a été convenu que l’outil serait tout sauf statique. Ces rattrapages sont de deux ordres : rattrapages liés à des erreurs de prévisions ou à un défaut de réalisation l’année antérieure et rattrapage lié à des éléments ponctuels qui, par nature, ne se reproduiront plus dans l’avenir. Dans cet ordre d’idée, il s’agit du rattrapage de l’année N-2 et du passage de l’XO en compte 10 (alors que l’XO était prélevé auparavant en compte 6). L’an dernier, avec 6 % de hausse sur tous les comptes, le négoce s’était montré un peu trop optimiste. L’outil de calcul soustrait donc cette année – 98 423 hl AP au titre du rattrapage de l’année N-1. Par contre, il réintègre un écart de distillation de + 174 686 hl AP, pour compenser le manque de distillation 2007-2008 (il s’est distillé sur la dernière campagne 609 000 hl AP alors qu’il était prévu de passer en chaudière 784 634 hl AP). Mais la nature en a décidé autrement. Ces deux éléments correcteurs ajoutent 1,04 hl AP au « rendement de base » de 8,78 hl AP ha. En ce qui concerne le rattrapage de l’année N-2 qui arrive à expiration cette année, il se traduit par + 0,45 hl AP/ha (32 933 hl AP) et les besoins XO par 0,59 hl AP/ha (42 963). Soit, au final, un rendement qui atteint les 10,85 hl AP/ha.
Que pense la viticulture d’un tel niveau de production ? Le sentiment général est que le vignoble, compte tenu des conditions climatiques du printemps, aura bien du mal à honorer sa promesse. L’objectif des 130-150 hl ha semble d’ores et déjà compromis, sauf à ce que « Dame Nature » y mettent vraiment du sien. Les viticulteurs sont les premiers à regretter une telle situation, eux qui font tout pour appuyer sur la pédale d’accélération. Le prouvent les chiffres de plantation de la campagne, tout à fait exceptionnels.
« rattrapage »
Les syndicats viticoles ne contestent pas le chiffre de 10,85, loin s’en faut. Le SVBC par exemple exprime sa satisfaction des 10,85, tout en l’assortissant de commentaires. « N’oublions pas qu’il s’agit d’un rattrapage de ce qui n’a pas été produit et que nous aurions dû produire bien avant. L’évolution des sorties Cognac de + 11 % sur le mois d’avril montre que les ventes reprennent au changement de compte. Tout se passe comme si le négoce avait dû restreindre ses expéditions, pour essayer de préserver les années faisant défaut, entre 2000 à 2004. Avec le changement de compte, il accède de nouveau à des récoltes plus abondantes. Qu’une frange de la viticulture ait voulu toujours produire au ras des pâquerettes, voire même en deçà des besoins, nous a fait perdre bêtement des débouchés, qu’il est toujours difficile de reprendre. A croire que le SGV avait oublié que l’on pouvait faire de mauvaises récoltes ! »
Pour Jean-Bernard de Larquier, président du Syndicat général des vignerons, le chiffre de 10,85 « n’a rien de choquant. Il suffit de l’expliquer. » « D’ailleurs, dit-il, nous serions mal venus de le contester puisque nous l’avons voté à l’unanimité et qu’il émane d’un outil de calcul que nous cautionnons. » Le président du SGV souligne l’efficacité de la méthode, vérifiable cette année. « Sans la compensation de la petite récolte 2007, la projection à la baisse des ventes de Cognac aurait impacté négativement le niveau de rendement 2008 d’au moins 1 hl AP. Il serait passé de 10,62 à 9,62. L’outil fait la preuve de sa réactivité. » Dans les trois-quatre ans qui viennent, une « jauge » de 10 hl AP/ha lui semble de nature à « reconstituer les stocks sans craindre de voir les cours s’effondrer ». « Et puis si nous nous trompons l’année prochaine, nous rectifierons ! » Décidément, l’outil d’aide à la décision a le don de déminer les tensions. Il faut dire qu’il a été fait pour cela. Le seul point « un peu chaud » des discussions 2008 est venu de la détermination des surfaces à attribuer aux débouchés vins de table/vins de base mousseux/jus de raisin. Si les surfaces à retenir pour les moûts Pineau et vins de pays ne prêtaient pas à contestation – respectivement 500 ha et 125 ha – il n’en allait pas tout à fait de même pour les « autres débouchés ». Les négociants en vins et moûts de la région des Charentes auraient volontiers signé pour 2 000 ha. Après discussions, ils n’ont finalement décroché que 1 500 ha. D’où une certain amertume des opérateurs qui, plus généralement, s’inquiètent pour l’avenir des débouchés vins de table et jus de raisin en Charentes (voir intervention d’Hervé Pogliani).
Enseignement agricole
4e et 3e technologiques au Lycée professionnel agricole de Barbezieux
Un oubli n’est pardonnable que s’il est avoué… et réparé. Dans la liste des formations agro-viticoles disponibles sur les deux départements charentais (Le Paysan Vigneron n° 1081), ne figuraient pas les 4e et 3e technologiques du LPA de Barbezieux. Pourtant, cet établissement accueille les jeunes dans cette tranche d’âge. Les candidats potentiels sont invités à se rapprocher du lycée, qui leur réservera le meilleur accueil.
LPA de Barbezieux – Tél. 05 45 78 03 17.