Cluster, vous avez dit cluster ? Inno’Vin …

17 janvier 2018

INNO’VIN Une courroie de transmission pour dynamiser la filière vitivinicole !

 

Avec l’innovation pour étendard, Inno’vin contribue depuis sa naissance en 2010 au développement économique de la filière vitivinicole. Né dans les vignes bordelaises, le cluster n’a pas attendu la naissance de la Nouvelle Aquitaine pour inviter les acteurs du Cognac à rejoindre son réseau d’entreprises performantes et innovantes. Gilles Brianceau, son directeur, nous l’explique…

 

°Le Paysan Vigneron

Qu’est-ce qui a présidé en 2010 à la création d’Inno’vin ?

 

Gilles Brianceau

On assistait à ce moment-là au développement de la clustérisation de l’économie : Dans de nombreux endroits, dans de nombreux secteurs, on cherchait à acquérir et à garder de la compétitivité en créant du lien, en innovant de manière collaborative sur un territoire, avec une mise en commun des performances des différents acteurs. Mais l’élément déclencheur a été l’inauguration du bâtiment de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) à Villenave d’Ornon. Cet institut pluridisciplinaire qui avait été initié dès 2000 par la Région Aquitaine, avec de nombreux partenaires académiques (université de bordeaux, Inra, Bordeaux Sciences Agro, Bordeaux Montaigne…) est un concept unique au monde. Il regroupe en un seul lieu l’ensemble des équipes de la recherche, de la formation et du transfert de technologie du domaine vitivinicole de multiples partenaires. Il restait à créer le lien nécessaire entre la recherche et les entreprises…La création d’Inno’vin est apparue comme une évidence

 

°LPV

A partir de quand Inno’vin s’est-il rapproché de la vitiviniculture cognaçaise ?

 

GB

Pour commencer, il nous a fallu positionner notre cluster. Dans le bordelais (comme sur les terres de Cognac, d’ailleurs) la filière ne nous avait pas attendu pour exister. Elle est ancienne avec une structure un peu atomisée et déjà de nombreux acteurs pour s’en occuper. Les vignes sur ces territoires sont un patrimoine. Inno’vin a dû trouver sa place, être reconnu, ce qui nous a pris quelques années. Mais nous n’avons pas attendu la fusion des Régions pour penser au cognac, à la façon dont on pourrait interagir avec ces vignes voisines, dans une synergie d’autant plus simple à mettre en place que les produits ne sont pas concurrentiels… Nous avions déjà commencé à faire connaissance avec les acteurs de la filière cognac dès 2015 et quand la grande Région a commencé à prendre forme, nous avions déjà anticipé en travaillant avec Charente Développement. A mi-temps, l’un de leurs collaborateurs Arnaud Laurent commençait à développer la présence d’Inno’vin sur le territoire. La fusion, qui a vu la disparition de Charente Développement, n’a fait que précipiter une évolution souhaitée vers un poste plein dédié aux Charentes, qui s’est concrétisé cette année avec l’arrivée de Nathalie (Nathalie Nga Mengue Vallet, voir encadré).  

 

°LPV

Comment Inno’vin sélectionne-t-il les projets qu’il accompagne ?

 

GB

Le projet doit porter sur la vigne, sur toute la chaîne de valeur, jusqu’au verre en passant par la vinification, le commerce… et il doit être innovant, avec comme seul critère que pour Inno’vin, la finalité de l’innovation c’est de s’adapter aux besoins. Prenez le projet d’Imunrise par exemple (voir encadré) que nous continuons à accompagner…Le respect de l’environnement est l’un des grands enjeux de demain et concerne toute la filière. Il existe de nombreuses solutions intéressante alternatives au phytosanitaire (contrôle et traitement) et il est essentiel de les accompagner, si on ne veut pas qu’elles soient récupérées par un grand groupe. Voilà le rôle d’un cluster !

 

°LPV

Quels sont les projets d’Inno’vin pour 2018 et au-delà ?

 

GB

L’arrivée de Nathalie va nous permettre de consolider la position du cluster sur les Charentes. Aujourd’hui, il est reconnu et incontournable à Bordeaux. Le même travail doit être fait sur Cognac : Nous devons nous faire connaître et reconnaître, monter des projets pour que des dynamiques se mettent en place, nous adapter aux problématiques spécifiques du cognac, la méthode de vinification, la distillation…apporter des réponses adaptées. Mais s’il est important de prendre en compte les spécificités, nous sommes une seule et même structure et nous avancerons ensemble, à l’exemple de ce groupe de travail commun sur la robotique viticole qui a permis des échanges intéressants et une mise en commun des pistes à suivre…

Quant à notre feuille de route 2018/2025, elle regarde vers l’international. Ancré en Nouvelle Aquitaine, s’appuyant sur l’excellence de ses acteurs, le cluster doit rendre visible l’ensemble de la filière vitivinicole et l’exporter. Nous voudrions aussi profiter, pour répondre aux besoins de la filière, du fait que la Nouvelle Aquitaine soit le meilleur des écosystèmes pour les jeunes pousses viticoles pour accompagner l’émergence de nouvelles start-up viticoles. Enfin, nous avons la volonté d’accompagner des projets de plus en plus ambitieux, en innovation comme en taille. 

Pour conclure, je pense que, dans le paysage des clusters qui ne cesse de s’enrichir sur notre territoire, il est important que chacun se consacre aux activités qui sont les siennes, sans doublon ni concurrence : Inno’vin, Atlanpack et Spirits Valley, nous sommes proches, nous échangeons, nous discutons…il y a beaucoup de travail, travaillons ensemble.

 

 

Structure unique en France, Inno’vin est le cluster de la filière vitivinicole en Région Nouvelle Aquitaine, dont la mission est de fédérer les acteurs de l’écosystème vitivinicole et de favorise leurs rencontres : les producteurs et négociants formulent leurs demandes ou problématiques, les fournisseurs de biens et services proposent des solutions innovantes, les laboratoires et centres d’expérimentation apportent connaissance et expertise et les institutions leurs financement. 

Pour ce faire, Inno’Vin s’est donné trois missions clés :

°L’ingénierie de projet : Le cluster accompagne les entreprises dans le développement de leurs projets innovants et collaboratifs, quel que soit le nombre d’acteurs, le budget, sur toute leur durée de vie, sur toute la chaîne de valeur, de la vigne au verre et sur les grands enjeux de la filière : environnement, typicité et marché. Il a accompagné plus de 130 projets 2010 à 2015.

°L’animation d’un réseau d’entreprises : Pour favoriser les rencontres et participer à la diffusion de l’innovation au sein de l’écosystème vitivinicole, Inno’vin met en œuvre des actions collectives : lettres d’information, événements, conférences, séminaires, ateliers thématiques….

°Des services personnalisés et évolutifs : veille technologique, présence mutualisée sur des salons, communication club export…

 

« Une vraie passion pour le vignoble de cognac… »

 

Depuis juillet, Nathalie Nga Mengue Vallet a pour mission de développer la présence d’Inno’vin sur le territoire des Charentes…Une mission à laquelle elle s’est attelée avec beaucoup d’enthousiasme et un grand sourire… 

 

Responsable commerciale et évènementielle durant 23 ans pour de grands groupes pharmaceutiques, Nathalie décide il y a quelques années de changer d’orientation professionnelle « pour faire ce qui me passionne vraiment…et j’ai une vraie passion pour le vignoble de Cognac dans lequel je suis née ». En 2015 elle est diplômée du Master 2 Droit, Gestion et Commerce des Spiritueux de l’Université des Eaux-de-vie de Segonzac. Elle est également titulaire du Master 2 en commerce International obtenu à l’IAE de Poitiers, et, durant ces deux dernières années, elle a collaboré à de nombreux projets au sein du Négoce occupant les fonctions d’Assistante Maitre de Chai et de Consultante Production et Qualité : « je voulais tout connaître, de A à Z ».

Sur le territoire des Charentes, le cluster compte 25 adhérents (gros et petits viticulteurs, laboratoires, tonneliers, pépiniéristes, négociants, spécialistes en robotique…) « …pour l’instant. Mon challenge chez Inno’vin c’est de mettre ma curiosité et mon sens du contact au service des adhérents, et des futurs adhérents, pour écouter toutes les idées innovantes, les faire germer ou les accompagner. Je pense que la grande force d’Inno’vin, c’est de partager les locaux de l’Institut Scientifique de la Vigne et du Vin à Villenave d’Ornon : Nous avons tous les chercheurs sous la main, nous sommes ancrés dans le développement technique de la filière, ce qui nous permet de créer des liens, de favoriser des échanges entre les entreprises et les chercheurs, pour faciliter les projets, dans un sens comme dans l’autre… »

Cette moitié d’année 2017, Nathalie Nga Mengue Vallet l’a consacrée à rencontrer les adhérents, à remettre le réseau à plat. « Début 2018, nous organiserons un dîner pour que tout le monde puisse se connaître, mais d’ores et déjà, nous proposons avec le BNIC 3 ou 4 « RV Innovations » par an. Le dernier avait pour objet, la qualité de l’eau… ». Le contenu de ces interventions sont disponibles sur le site du cluster.

Parce qu’elle aime passionnément ce territoire, Nathalie est convaincue qu’il a grand besoin d’innovation pour avancer : « Le cognac se porte bien, mais il ne faut pas oublier pour autant d’investir dans l’innovation. Beaucoup de choses peuvent être améliorées, il ne faut surtout pas se priver de changer de point de vue. La filière Cognac fait vivre notre région, mais elle a besoin d’affiner sa vision. Il ne faut jamais oublier le principe premier : le respect de la terre. »

 

 

 

 

Un véritable apport stratégique pour le projet d’Immunrise

 

Inno’vin accompagne depuis deux ans la strart–up Immunrise dans son projet de bio pesticide à base de micro-algues. Ce produit révolutionnaire a été testé cette année pour la première fois en plein air, dans des vignes bordelaises et charentaises. Les résultats sont plus qu’encourageants. Laurent de Crasto, l’un des fondateurs d’Immunrise, nous explique comment le cluster l’a accompagné dans cette aventure scientifique.

   

« Pour mener à bien notre projet de bio-pesticide, bien sûr nous avons eu besoin de financements. Nous nous sommes donc tourné vers Inno’vin qui nous a présenté tout le panel des offres (aides, subventions…) auxquelles nous pouvions prétendre. Elles sont nombreuses, et chacune avec des critères spécifiques. Le cluster nous a aidé à faire le tri, pour trouver la bonne aide, celle dont le montant et le délai d’obtention correspondaient le mieux à notre projet.

Cet accompagnement s’est avéré un vrai apport stratégique, en nous apportant une lecture claire et précise qui nous a aidé à mettre en place de notre stratégie financière. Inno’vin a aussi supervisé notre dossier de demande de subvention, pour nous éviter des erreurs mais aussi pour faire en sorte que le contenu du projet soit assimilable par les membres du comité de sélection…et on peut dire que cette demande s’est déroulée sans accrocs.

Le cluster nous a rendu le même service pour une deuxième demande et aujourd’hui nous poursuivons notre collaboration autour d’un troisième dossier. Cette fois, c’est une démarche commune avec des vignerons, dont le cognaçais Christophe Brandy : Avec eux, nous allons poursuivre les essais en pleins champs sur une plus grande échelle, l’objectif étant d’obtenir une meilleure lecture, une connaissance plus fine des processus d’utilisation du produit. »   

 

 

 

 

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