Une année charnière
Certains parlent de 2006 comme d’une année de refondation, de même calibre que 1935, qui avait vu la naissance de l’INAO. Il faut dire que les chantiers sont nombreux et d’envergure. Après la réforme des Offices, qui a valu à l’ONIVINS de rejoindre l’Office des Fruits et Légumes dans un pool « cultures spécialisées » nommé ONIFHLOR, après le lancement par Dominique Bussereau du programme ambitieux de la régionalisation s’appuyant sur les Comités de bassin, un autre dossier occupe le terrain en ce moment, celui de l’INAO. En effet, on se prépare à mettre la dernière main au projet d’ordonnance précisant les modalités de fonctionnement du nouvel Institut national de l’origine et de la qualité (qui a conservé son acronyme d’INAO). Car la loi d’orientation agricole de janvier 2006 a confié à l’INAO le soin de s’occuper non seulement des AOC et des IGP mais aussi des labels rouges, de l’agriculture biologique et les spécialités traditionnelles, une catégorie communautaire pas encore matérialisée dans les faits. L’ordonnance chargée d’indiquer le mode opératoire doit être prête fin juin, pour une application le 1er janvier 2007. On comprendra donc que « le fer soit au feu » en ce milieu d’année 2006.
Accord sur l’odg
Un point interpelle tout particulièrement la région de Cognac, celui de l’ODG, pour « Organisme de défense et de gestion ». Dans le cadre INAO – qui, dans la nouvelle organisation régionale, concerne le Pineau et le Cognac – l’ODG du Cognac a vocation à s’occuper des conditions de production. Qui doit faire partie de l’ODG ? Cette question de fond s’était posée en son temps sous une autre forme – qui composera le Syndicat de défense de l’appellation ? – mais le sens demeure le même. Après quelques tâtonnements, la région est tombée d’accord sur un schéma qui semble remporter l’adhésion des deux familles. L’ODG resterait 100 % viticole ou plus exactement intégrerait les viticulteurs non-bouilleurs de cru, les bouilleurs de cru et les bouilleurs de profession. « Et l’on s’arrêterait là » précise Philippe Boujut, président du CRINAO, sous la houlette duquel se sont déroulées les discussions. Exit donc l’idée, un temps évoquée, de l’interprofession comme ODG. Par contre, au nom des spécificités du Cognac, il serait admis que le rendement se discute non pas au sein de l’ODG mais au sein du BNIC, avec le mode de fonctionnement paritaire qui prévaut aujourd’hui. « Il paraît difficile de discuter du rendement sans intégrer le négoce » admet-on côté viticulture. Quant au négoce, il ne voyait pas comment un aspect aussi économique que le rendement aurait pu se retrouver sous la tutelle directe de l’INAO. « Le rendement traite du besoin du négoce et de la capacité de production de la viticulture. Il est de nature éminemment interprofessionnelle même si nous avons besoin de l’INAO. » Eh oui, il faut l’admettre ! La région a besoin de l’INAO. A quelles fins ? Non seulement pour protéger son appellation à l’international mais aussi pour faire respecter les règles et notamment pouvoir prononcer la perte d’AOC en cas de dépassement du rendement. Mais cela n’est possible que si le rendement reste une condition de production. D’où, quelque part, la nécessité de raccorder la décision interprofessionnelle à l’ODG. C’est pourquoi les rédacteurs de l’ordonnance sont sommés d’avoir la plume inventive pour à la fois consacrer le pouvoir interprofessionnel et la tutelle de l’INAO. Et ce d’autant plus que le texte, général, a vocation à s’appliquer à tous les produits du périmètre INAO, du vin aux spiritueux en passant par les fromages ou les noisettes.
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