Audit Social : Un Service Pour Optimiser La Retraite Du Couple

5 mars 2009

Depuis 2004, le CGO – Centre de Gestion Océan – propose un nouveau service : l’audit social. Son but : optimiser la retraite des exploitants agricoles, considérés dans leur dimension de couple (monsieur et madame). L’audit social reconstitue la carrière déjà écoulée et permet d’anticiper celle à venir.

 

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Catherine Moizand.

Comme la guerre est chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls militaires, la gestion de la retraite est sans doute trop délicate pour la confier aux seuls hommes du chiffre. En liaison avec l’AS CLCP, le réseau de centres comptables auquel il adhère, le CGO a choisi de former deux collaboratrices à « l’audit social », Marinette Bouchaud pour le secteur nord et Catherine Moizand pour le secteur sud. Que recouvre le barbarisme « d’audit social » ? Rien que des aspects très concrets. Il s’agit d’envisager la retraite non pas seulement en terme de cotisations mais aussi en terme de prestations. Que vais-je toucher à ma retraite et comment puis-je éventuellement améliorer ma situation ? Cette question, il n’y a pas d’âge pour se la poser même, s’il est vrai que les 45-60 ans se la posent plus fréquemment que les autres. Mais parfois, envisager le problème assez tôt (autour de 35-40 ans) permet de déboucher sur de bien meilleures solutions, tant en terme de retraite de base qu’en terme de retraite complémentaire facultative. C’est l’aspect d’anticipation. Mais, dans l’audit social, existe aussi la dimension de « pompier volant ». Que faire quand, durant la plus grande part de sa vie active, l’épouse a travaillé sans statut, ou plutôt avec celui d’associée non exploitante et qu’approche l’heure de la retraite ? « Même si les gens partent plutôt battus d’avance, tellement persuadés qu’ils ne vont pas toucher grand-chose, reste toujours la possibilité d’optimiser sa retraite à la marge (rachat de trimestres, évolution du statut…). Ce n’est pas toujours aussi catastrophique qu’ils le pensent » relèvent les deux spécialistes retraite du CGO. Quand elles sont sollicitées, elles s’attachent d’abord à reconstituer la carrière du couple (relevé de carrière) puis, en fonction des objectifs, émettent des propositions pour la suite, reprises dans un document écrit, remis aux intéressés ainsi qu’au comptable (coût horaire pour le relevé de carrière, forfait de 450 € pour la partie étude et comparatif). L’audit social peut se prolonger le cas échéant par un conseil juridique, un conseil patrimonial… Une constante marque l’approche, celle de toujours considérer les deux membres du couple – monsieur et madame – et non l’un ou l’autre pris isolément.

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Marinette Bouchaud.

De l’aveu même des deux « auditrices », le gros point noir concerne la conjointe du chef d’exploitation. Bien souvent, madame avait la qualité d’associée non exploitante, la position la plus avantageuse en terme de cotisations sociales mais la plus chiche en terme de prestations (cotisation qu’à la seule retraite forfaitaire). Et quand le couple a « oublié » de placer les économies réalisées, ce qui se vérifie dans 99 % des cas… C’est pour cela que M. Bouchaud et C. Moizand sensibilisent leurs collègues comptables à la dimension prestation, un paramètre que les « hommes du chiffre »auraient tendance à placer au second plan. « Nous réagissions comme eux il y a trois ans » avouent les deux femmes, toujours comptables mais détachées pour une partie de leur temps sur l’activité d’audit social. Leur « tropisme » prestations ne les empêche d’ailleurs pas d’envisager de près le côté cotisations. « Il y a des tranches de revenu qu’il vaut mieux essayer d’éviter, disent-elles. On paie plus de cotisations sans acquérir davantage de points. C’est dommage. Là aussi l’optimisation peut jouer. »

Comment réagissent les jeunes générations face à la question des retraites ? Elles se montrent généralement concernées. La loi d’orientation du 5 janvier 2006 a imposé que le conjoint du chef d’exploitation ait un statut. Et puis, de toute façon, la place des femmes se pose moins qu’auparavant, dans la mesure où beaucoup ne travaillent pas sur l’exploitation. Subsistent tout de même des poches de précarité. « Des prises de risques existent » notent les conseillères. « Nous voyons des jeunes couples vivre en concubinage, la compagne n’a pas de statut mais travaille tout de même sur l’exploitation. »

 

Pour ne pas battre retraite en rase campagne

Montrer autant de réactivité dans la préparation de sa retraite que dans son parcours professionnel… c’est doute l’une des conditions pour postuler à l’état de « retraité heureux ».

Depuis la loi Fillon de 2004, les assurés nés après 1947 doivent cumuler 160 trimestres (40 ans de travail) pour partir avec une retraite au taux plein. Autant dire que tout le monde n’y parviendra pas ou ne le souhaitera pas. Que faire dans ces conditions ? Se satisfaire d’une retraite minorée (mais de combien ?), souscrire une assurance-vie, un PERP (Plan épargne retraite populaire), investir dans l’immobilier, opter pour une retraite complémentaire facultative ? Autant de pistes qu’il convient d’explorer, voire de chiffrer.

Et dans ce domaine, l’anticipation est souvent source d’économie. A trop attendre, le rapport gains/coût risque d’être moins avantageux. Peut-être va-t-il falloir améliorer le statut de la conjointe. Donner un statut personnel de gérante à l’épouse peut améliorer sa retraite de
2 500 € par an. L’option la plus favorable passera parfois par la création d’une société, le but consistant à créer des droits propres au conjoint sans dévaluer les droits de l’exploitant. Est-il judicieux de tout miser sur la réversion en cas de décès de l’un ou de l’autre ? Ne vaut-il pas mieux évaluer l’intérêt de constituer des droits propres pour les deux conjoints, mais aussi celui d’investir dans des produits réversibles à 100 % sur la tête du conjoint et 100 % sur les enfants ? En cas de carrière incomplète, il est possible de racheter ou de valider gratuitement des années d’aide familiale pour éviter des minorations. Les retraités, hommes ou femmes, ayant eu ou élevé trois enfants ont droit à une bonification de 10 % de leur retraite de base…

S’informer, ne pas faire preuve de passivité, prendre des positions de carrière, patrimoniale ou financières… Il y a certainement plus à gagner à de telles initiatives qu’à attendre une hypothétique parité sociale qui tomberait d’en haut.

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