Cerfrance Poitou-Charentes : assemblées de territoires : « Tout seul, on n’est pas grand chose »

26 janvier 2017

Entreprendre, ensemble…c’est le slogan de Cerfrance, réseau national de comptabilité et de gestion. En Poitou-Charentes, la fusion des quatre entités départementales remonte à 2009. Et, en cette fin d’année 2016, les deux territoires viticoles – Sud des Charentes et Cognac-Saintonge – ont tenu leur assemblée…ensembles. Avec un invité surprise, Louis Bodin, ingénieur prévisionniste, présentateur  météo sur RTL et TF1

Florence Swisteck et Patrice Fradet dirigent les deux territoires qui embrassent la zone viticole : les agences de Barbezieux et de Jonzac pour la première (territoire Sud des Charentes), les agences de Saint Jean d’Angély, Saintes, Cognac et Jarnac pour le second (territoire Cognac-Saintonge). En tout, 110 collaborateurs, 3 200 clients, 18 administrateurs. Gilles Gault, le directeur de Cerfrance Poitou-Charentes a rappelé les grandes missions de l’organisme de comptabilité et de gestion : accompagner les projets des adhérents, proposer des services  – gestion de la paie, ressources humaines… – et bien sûr répondre à ce qui constitue le cœur du réacteur, la comptabilité, la gestion, l’élaboration des comptes. Une activité de comptabilité et de gestion en hausse de 12 % d’une année sur l’autre, pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’€ à l’échelon régional. « Depuis la fusion des quatre entités départementales, nous avons conduit une vigoureuse politique d’équipement immobilier, pour l’accueil de nos adhérents comme pour la qualité de travail de nos collaborateurs » a indiqué G. Gault. « Un cycle se termine, a-t-il dit, qui va dégager une marge de manœuvre pour investir dans d’autres domaines». A titre d’exemple, il a cité une initiative en train de prendre forme, la mise en place d’une société de prestation de service spécialisée dans la cession de fonds d’entreprises agricoles. Objectif ? Accompagner dans leurs démarches les adhérents, qu’ils soient vendeurs ou acquéreurs d’un bien agricole. « Jusqu’à présent, nous ne disposions pas des compétences pour le faire. La question est résolue aujourd’hui. »

 

Cerfrance Connect

 

Dans le domaine informatique, le réseau Cerfrance vient de développer un outil, d’ores et déjà effectif : Cerfrance connect. Il s’agit d’un espace sécurisé d’échange de données. Ouvert depuis un mois, il a pour but de faciliter l’accès à l’information, de part et d’autre, des adhérents vers le centre comptable et inversement. « Sur cet espace va pouvoir transiter l’ensemble des informations qui vous concerne : documents juridiques, de gestion, éléments de paie… Même de votre smartphone, vous pourrez extraire des informations de votre « coffre-fort » et les partager là où vous êtes, à la banque, ailleurs… » Les adhérents Cerfrance ont reçu mots de passe et identifiants. Naturellement, dans un tel système, les dimensions de sécurité et de confidentialité sont centrales. Sur l’application, figure un onglet « espace avantages ». Les adhérents y trouveront plusieurs choses. A la fois des prix négociés avec des fournisseurs mais aussi un « club avantages », fonctionnant un peu comme un comité d’entreprise (adhésion de 15 € par an) ; un espace de mise en relation au sein de la communauté des 350 000 adhérents Cerfrance (possibilité, pour chacun, de présenter ses produits, ses prestations etc…). Modernité oblige, s’y intégrera une plateforme de crowdfunding (investissement participatif), pour financer des projets.

 

Gilles Gault a encouragé tout le monde à découvrir puis s’approprier l’outil, sans obérer le fait  que 30 % des adhérents ne possèdent pas d’adresses mail. Problème de couverture réseau, problème d’incompatibilité avec l’informatique… A ce titre, Florence Swistek s’est fait l’avocat du diable – « D’un côté, on prône la proximité et de l’autre, on vous propose de déposer vos documents sur un site internet. En fait, ces transferts n’apportent pas beaucoup de valeur ajoutée. Les uns et les autres nous seront plus disponibles pour nous parler, échanger sur les sujets importants. »

 

"L’école de la comptabilité"

 

« Tout seul on est pas grand-chose » a rebondi la directeur de territoire qui a souligné l’engagement en faveur de la formation. « ici, nous sommes souvent perçus comme l’école de la comptabilité et du conseil » a-t-dit en souriant. Dans les six agences de la zone viticole, sept collaborateurs suivent une formation diplômante en alternance (comptabilité, expertise-comptable…). « Et jusque-là, tous nos collaborateurs  ont obtenu leur diplômes » s’est réjouie F. Swistek.

A l’Abaca, la nouvelle et grande salle de Cherves Richemont, Médéric Courbeau, le président de Cerfrance Poitou-Charentes, avait ouvert la réunion devant environ 200 personnes. Sébastien Dathané, membre du Conseil d’administration, l’a conclu en présentant l’invité du jour, Louis Bodin. Le présentateur météo de RTL mais aussi de TF1 le week-end est à ses heures perdues auteur et conférencier. Moins lisse qu’il n’y paraît, l’homme s’est livré à un exercice d’équilibrisme, entre arguments qui le classeraient presque parmi les climatosceptiques (mais non, a priori il ne l’est pas) et un discours sur la démographie mondiale qui va d’écologistes patentés comme René Dumont ou Jean-Marie Pelt jusqu’à des thèses hygiénistes et «l’inquiétude identitaire ». Volatil, le météorologue ne se laisse pas enfermer dans des courants. Malin, Louis Bodin.

 


 Louis Bodin, prévisionniste météo :  Le doute est son métier 


 

L’ingénieur météo qui fut le routeur de Florence Arthaud ou de Paul Vatine dans leurs courses au large professe l’humilité dans son métier. Il parle de la variabilité naturelle du climat, du « mur des connaissances » sur lequel butent assez vite les modèles mathématiques, des calculateurs toujours plus puissants mais incapables de rendre compte de l’infinie combinatoire des particules. Alors ne parlons pas de l’orage de grêle entre Le Croux et La Courade le 22 juillet 2016.


 Devant les adhérents de Cerfrance, Louis Bodin est parti de très loin, du Big band d’il y a 4,5 milliards d’années. Tout cela pour pointer du doigt l’insondable distance entre le pas de temps de l’homme et celui de la planète. Le climat préhistorique ! Seuls quelques carottages permettent de  le renseigner. Et c’est seulement en 1870, au parc Montsouri, à Paris, que furent installées les premières stations météorologiques « scientifiques ». Quant aux images satellites, elles ne remontent qu’à 1961. Avec une certaine gourmandise, L. Bodin a repris une citation – «Il n’a plus de saison, il n’y a plus d’hiver, il n’y a plus d’été ». De quand date-t-elle ? De 1821. « Bien avant l’ère industrielle » a-t-il signalé. Et de poursuivre – «De grâce, ne mélangeons pas tout. Les courbes montrent bien un réchauffement des températures, c’est indéniable. Mais la variabilité naturelle du climat  existe, ne l’oublions pas. Au 17 ème siècle, pendant quelques décennies, notre pays a connu des variations tout aussi brutales que celles d’aujourd’hui. Si mes 35 ans de métier m’ont appris une chose, c’est la prudence. La météorologie se heurte assez vite au mur de la connaissance. S’il est possible de prévoir le temps à 24 h avec une tendance à 4 / 5 jours, au-delà de 7 jours, cela n’a plus de sens ! Ceux qui prétendent le contraire –  prévisions à 15 jours / trois semaines – racontent des histoires. Pour l’instant, au-delà de 7 jours, la recherche stagne. Et je ne parle pas de l’échelon local. »


« Le climat, a résumé le prévisionniste, se sont des milliards de particules à la seconde qui s’entrechoquent et interagissent entre elles. » Comment tenter d’interpréter ces données ? Par des calculateurs toujours plus puissants. Aujourd’hui, sur la base des relevées terrestres et satellitaires, les plus gros appareils traitent un million de milliards d’opérations à la seconde…mas c’est insuffisant. Des appels d’offres sont déjà lancés pour de plus gros calculateurs encore. Ces capacités de calcul surmultipliées déboucheront-elles, un jour, sur une mise en équation de l’atmosphère ? Le météorologue en doute sérieusement. Mieux ou pire ! Il ne semble pas croire à une progression infinie des connaissances.


D’ailleurs l’homme est moins lisse qu’il n’y paraît. Alors qu’il était attendu sur le climat, il a souhaité « émettre une réflexion politique de citoyen ». En question les 2 milliards d’habitants supplémentaires prévus dans les trente ans à venir. « Comment vivre ensemble ? Comment donner à manger à tout le monde ? » s’est interrogé le présentateur.  « Ne pratiquons pas la politique de l’autruche sur le sujet. »


Hasard ou intention, il a cité dans la foulée les 35 000 milliards de dollars qui, selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), seraient nécessaires pour contenir les températures en deçà des + 5 ° à l’aune des 100 prochaines années. « Où est la priorité ?» a demandé L. Bodin. Un peu plus tard, il a repris la phrase de François Gervais (physicien français, professeur émérite à l’université de Tours) sur « l’innocence du carbone ».


Pour son assemblée de territoires, le Centre d’économique rural aurait-il invité un climatosceptique doublé d’un hygiéniste ? Pas si simple. Le météorologue s’en était défendu en se définissant d’emblée comme « défenseur de l’identité culturelle et citoyen du monde ». Malgré tout et même si la sensibilité écologique emprunte bien des courants, une certaine ambiguïté a marqué son discours.


 

 Cerfrance en chiffres


Réseau national


64 entités


700 agences


12 000 collaborateurs


320 000 clients


Cerfrance Poitou Charentes


32 agences


600 collaborateurs


12 000 clients

 

 

 

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