Comment exister comme centre de ressource ? En diffusant l’information. C’est le parti pris du Centre international des eaux-de-vie de Segonzac qui publie tous les jours sur le net une lettre d’info. sur les spiritueux (Spirit’express), complétée d’une analyse hebdomadaire du secteur (Spirit’hebdo). Le CIEDV compte déjà une quarantaine d’entreprises membres.
Ne pas faire de bruit et un jour « faire partie des meubles ». Sébastien Dathané, l’animateur du CIEDV, dit tenir cette conduite de l’esprit charentais. Il dit aussi que, finalement, tout son parcours précédent l’amenait à occuper sa fonction actuelle. Comme animateur syndical de la FSVC*, son intuition ne l’avait-elle déjà pas incité à « développer l’info. pour accrocher les cotisations ». Comme webmaster d’un site marchand ensuite, le « deal » était encore plus clair : du nombre de visites dépendait directement la viabilité du modèle économique. S’il osait la comparaison, S. Dathané se verrait bien comme « un dealer qui apporte tous les jours sa dose d’information à un client en phase de dépendance ». En bref, le CIEDV a l’ambition, avec le temps, de rendre sa lettre d’information incontournable. Déjà, une quarantaine d’entreprises et institutions ont mordu dans le fruit. En clair, elles sont devenues membres du CIEDV en s’abonnant à ses banques de données. Suivant leur taille, il leur en coûte entre 500 et 3 000 € par an. Ce montant forfaitaire leur ouvre droit à consultation de toutes les infos qui s’affichent sur les deux supports numériques du CIEDV, Spirit’express et Spirit’hebdo. Après avoir repéré une nouvelle qui les intéresse, les entreprises (ou leurs membres, estimés à environ 200 personnes) peuvent demander communication de l’article complet. Une copie papier – par fax ou par courrier – leur est délivrée dans les meilleurs délais. « Nous nous sommes aperçu, note S. Dathané, que les entreprises ne souhaitaient pas un décryptage de l’information, ou alors il eut fallu que ce décryptage leur soit exclusivement réservé. C’est pour cela que nous nous contentons de reprendre les titres des articles, accompagnés d’un bref résumé. » Plutôt que d’aller plus loin dans l’analyse – un travail pour lequel S. Dathané estime d’ailleurs ne pas avoir assez de « vécu » – les objectifs actuels de l’Observatoire consistent plutôt à améliorer les sources et la qualité de l’info. disponible. Sans oublier de réfléchir à de nouveaux outils pour le site. Le webmaster revendique par exemple d’avoir réussi à automatiser le centre de ressource et la mise en page. La mise en ligne de sa lettre quotidienne ne lui réclame plus qu’une demi-heure tous les jours, là où il lui en fallait deux à trois. L’autre chantier concerne la numérisation des articles, c’est-à-dire leur transfert non plus sur support papier mais sur support numérique (par e.mail). Mais cette numérisation, à terme indispensable, générera des coûts. « On ne pourra pas se contenter d’un scanner d’étudiant », indique le webmaster, qui fait aussi allusion aux problèmes de droits d’auteurs, plus élevés sur le net, pour l’instant du moins.
(*) Fédération de syndicats viticoles de crus.
Une spécialisation assumée
La banque de données exploitée par le Centre des eaux-de-vie se veut résolument tournée vers les spiritueux et rien que les spiritueux, plus spécialement dans une optique marchés. « Nous avons reçu des demandes pour nous ouvrir vers le vin. Nous avons refusé. D’abord, nous nous serions fait “allumer“ et ensuite nous préférons cultiver notre caractéristique », indique l’animateur du CIEDV. A l’Observatoire, le budget abonnement s’élève à environ 30 000 F – revues spécialisées, revues plus généralistes – avec vérification régulière de la fiabilité des sources. Le travail de sélection des articles est confié à une documentaliste d’origine anglaise, Yvette Parfitt. En Angleterre, Y. Parfitt dirigeait un service de documentation de 25 personnes. Arrivée en Charente à la retraite de son mari, elle considère son activité à Segonzac plutôt comme un hobby, ce qui n’entame en rien son professionnalisme. Sébastien Dathané parle de son approche très anglo-saxonne, presque froide face à l’info. « Même quand il nous est arrivé d’avoir des informations négatives sur nos membres, nous les avons passées. » En plus de Sébastien Dathané chargé de piloter l’outil, le Centre compte une troisième recrue avec Quittrie Fourquette. La jeune femme, qui vendait auparavant des bases de données financières sur Paris, est plus spécialement chargée des relations extérieures et du « commercial », même si ce terme est partiellement impropre à une structure associative comme le CIEDV. Son profil l’a rendu immédiatement opérationnelle. Les entreprises adhérentes des lettres d’info de l’Observatoire se recrutent parmi les petites entreprises françaises du secteur des spiritueux, les PME « + » ainsi que les fournisseurs (emballage, etc.). De grands groupes sont aussi abonnés, des interprofessions, des instituts. Le CIEDV compte également quelques membres étrangers comme l’Association des producteurs de brandies sud-africains, l’Association suisse des spiritueux… « Le découpage actuel des abonnées nous paraît assez représentatif de ce qu’il devrait être en régime de croisière », notent les responsables du Centre. Financée à 60 % par des fonds publics régionaux, départementaux et par la communauté de communes de Grande Champagne, l’association couvre depuis cette année 40 % de ses dépenses, grâce aux cotisations des membres ainsi qu’à la formation professionnelle.
« Au début, pas grand monde croyait à notre projet », se souvient Sébastien Dathané. Son président Patrick Brisset et lui-même ont conscience d’avoir eu à faire à un mode des spiritueux « très mâture en terme d’informations ». Aujourd’hui, des gens du vin viennent leur demander des renseignements sur le parcours du CIEDV. Le début de la consécration…
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