En 2007, CEMES Emploi, qui rayonne sur tout le sud de la Charente-Maritime et une partie de la Charente, a réalisé 555 mises en relation d’emploi. Le groupement d’employeurs a embauché 96 salariés en CDD (contrats à durée déterminée) et mis à disposition 13 salariés en CDI (contrat à durée indéterminée) auprès du même nombre de groupes d’emploi. Au total, Cemes Emploi a facturé 32 000 heures de prestations à une quarantaine d’adhérents. C’est en 1999 que germe l’idée d’un groupement d’employeurs, pour tenter de traiter les stigmates de la tempête dans les forêts. Particularité de Cemes emploi : il a pour matrice le cercle d’échange.
A quoi sert un cercle d’échange ? A la base, il s’agit d’organiser l’entraide entre voisins à l’occasion de réalisation de chantiers. Un exploitant manifeste un besoin, son collègue dispose du matériel pour le réaliser. Le temps disponible de l’un va servir de monnaie d’échange au matériel de l’autre. Avec le temps, les compensations financières sont venues « lisser » les relations et il a bien fallu gérer les problèmes de distance. Le rôle principal du cercle d’échange ! Servir « d’entremetteur ». Il met en relation les deux parties, qui s’entendent sur le prix de la prestation. Ce qui fonctionne pour le matériel, pourquoi ne pas l’étendre à la main-d’œuvre ! C’est ainsi qu’est né CEMES Emploi, entité partagée par CESAM 16* (le cercle d’échange de la Charente) et Cemes 17* (le cercle d’échange de la Charente-Maritime). Dans les faits, que se passe-t-il ? Les adhérents s’adressent le plus souvent au CEMES Emploi pour couvrir des besoins ponctuels – en viticulture, taille, attachage, palissage… – sur 15 jours ou 3 semaines. Y répondent des ouvriers en CDD embauchés par le groupement d’employeurs. Mais quand la demande devient récurrente ou quand les agriculteurs émettent le regret de ne pas avoir toujours le même salarié, le Cercle essaie de rechercher des complémentarités entre deux, trois ou quatre exploitants. En général, ces exploitants se connaissent déjà. Ils ont l’habitude de travailler ensemble. L’objectif va consister à bâtir un groupe d’emplois pour recruter un ouvrier à temps plein en CDI. Car tel est bien le but ultime du groupement d’employeurs : grâce à la mutualisation, pouvoir fidéliser un ouvrier qualifié. Avant de lancer le recrutement, sont étudiés le profil du poste, les plannings de chacun. Si des complémentarités se dévoilent en terme de taille
d’exploitation (petites et grosses structures), certaines activités s’avèrent plus compatibles que d’autres. Ainsi en va-t-il du mariage vigne-tabac ou vigne-grandes cultures, aux périodes de pointes relativement décalées (pour le tabac, 15 jours en mai pour la plantation et de la mi-juillet à début octobre pour la récolte. Les viti-agri alternent un peu en fonction de la météo). L’association vigne-élevage aurait également des chances de marcher mais elle butte souvent sur des problèmes de distance. Pour le salarié, les exploitations doivent se situer dans un rayon relativement restreint. On pourrait aussi imaginer des associations vigne/maçon, etc. A ce jour, Cemes emploi compte 6 ouvriers viticoles en CDI, auprès de groupes soit 100 % viticole, soit mixtes. Les salariés sont employés par le groupement d’employeurs, qui s’occupe de tout, « de A à Z » (bulletin de salaire…). Il facture la prestation à l’adhérent. Ce dernier s’engage par convention sur une durée, engagement qu’il peut dénoncer avec préavis. Pour couvrir les frais de fonctionnement du groupement d’employeurs, l’heure de travail est majorée de 61 c pour un CDI et d’1 € pour les CDD. A Saujon, siège du cercle d’échange 17, trois animatrices se relaient pour s’occuper de CEMES Emploi. Ce sont notamment elles qui se chargent des recrutements. « Nous ne nous engageons jamais sur un délai de réponse » précisent-elles, « c’est trop aléatoire ». ANPE, journaux gratuits, journaux spécialisés, établissements scolaires, bouche à oreille… Pour trouver un salarié, le groupement d’employeurs dispose des mêmes réseaux que les agriculteurs individuels, avec des temps de latence similaires, même si la structure facilite peut-être un peu la démarche. Pour améliorer le processus de recrutement, Cemes emploi vient de former 14 de ses adhérents à l’accueil d’apprentis. Une initiative formalisée en février dernier par la signature d’une charte – Force 9 – avec les 9 CFPPA de Poitou-Charentes et l’ANPE. Pour Joël Goulevant, président du Cemes, il s’agit de s’inscrire dans une démarche à long terme, pour former les futurs collaborateurs des exploitants.
* Présidé par Antoine Allard (commune de Vars, au nord d’Angoulême), CESAM 16 compte environ 70 adhérents à jour de leur cotisation, un chiffre en perte de vitesse puisqu’en 2001-2002 il s’élevait à 160. Ceci explique peut-être cela : depuis 3 ans, le cercle d’échange n’a plus d’animateur. Sur 2008, il vient de signer un partenariat avec la Chambre d’agriculture Charente pour la mise à disposition d’un technicien machinisme durant 20 jours. La prospection fera partie de ses missions. Nettement plus étoffé, le Cemes 17 affiche 325 adhérents. Une centaine adhère à Cemes emploi. Le Cemes (Cercle d’échange de machinisme et d’entraide de la Seudre) est présidé par Joël Goulevant, céréaliculteur à Chay, près de Saujon.
CEMES Emploi : 4, voie des Erables, 17600 Saujon. Tél. 05 46 02 94 94 – cemes@club-internet.fr
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