Catherine Mousnier, une qualité d’écriture dédiée à la viticulture

31 mai 2021

PLUS DE TRENTE ANNÉES D’IMPLICATION AU SEIN DE NOTRE REVUE

La revue Le Paysan Vigneron tient à rendre un hommage appuyé à Catherine Mousnier qui a été une journaliste reconnue dans la région de Cognac. Son implication forte et constante au sein de la rédaction a contribué à assurer la prospérité et la pérennité de cette petite entreprise de presse indépendante. Après plus de trente ans de collaboration, un problème de santé l’a contrainte d’arrêter prématurément sa carrière au printemps 2017. Sa volonté et le soutien de ses proches lui ont permis de lutter contre le mal en faisant preuve de beaucoup de courage et de discrétion. Malheureusement, la maladie s’est montrée trop féroce et l’a emportée, il y a quelques semaines.

Le professionnalisme qu’elle n’a cessé de déployer dans les colonnes de la revue Le Paysan Vigneron était unanimement reconnu. Elle a contribué à la définition d’une ligne rédactionnelle qui s’est affirmée durant quatre décennies. L’écoute et la défense des intérêts des viticulteurs de base dans le court, le moyen et le long terme sont devenues le fil rédactionnel permanent du journal. Le choix de dire les choses en faisant preuve de sens des responsabilités et sans jamais alimenter des polémiques stériles a été un cap permanent. C. Mousnier s’est immergée dans cette mission d’information en faisant preuve de beaucoup de rigueur et d’une profonde connaissance de tous les maillons de la filière Cognac. Tout n’a pas été simple entre le début des années 80 et le contexte actuel très porteur. La région délimitée a vécu des périodes très difficiles qui ont malmené les propriétés viticoles et le tissu de PME impliquées dans la filière. La revue Le Paysan a réussi à traverser les mauvais jours sans jamais renier son identité rédactionnelle.

Une passion, vivre au cœur de la Champagne de Cognac

Catherine Mousnier possédait des capacités intellectuelles réelles qui se sont concrétisées par un cycle d’études supérieures brillant. Après l’obtention d’un bac D au lycée agricole de Saintes, elle a choisi de s’engager dans un cursus de droit juridique agricole à l’HEDREA de Paris, complété ensuite par un DEA de droit rural à l’université de Poitiers. Une telle formation lui ouvrait la possibilité de belles carrières dans de grandes entreprises et des structures nationales de premier plan. Son choix a été tout autre car ses racines charentaises de fille de viticulteur de Celles lui donnaient régulièrement « le mal du pays ». La jeune intellectuelle qui dévorait la littérature classique et contemporaine était aussi terriblement attachée à son territoire d’origine de Petite et Grande Champagne. Passer un ou deux mois sans se replonger dans la beauté des paysages viticoles, la typicité des villages et de l’architecture locale n’était pas envisageable. A l’aube de la trentaine, la rencontre d’un jeune viticulteur de Verrières, Bernard Rebillier, l’a définitivement convaincue de construire son projet de vie dans le cœur de la Champagne de Cognac.

L’opportunité de devenir journaliste dans l’univers Cognac a conforté son projet de vie

Après un premier emploi à durée déterminée au Syndicat viticole de Charente-Maritime, une opportunité de travail dans l’univers Cognac s’est présentée. Les responsables du journal viticole Le Paysan Français, Jean-Vincent Coussié et Bernard Lucquiaud, souhaitaient structurer la revue en recrutant deux journalistes : l’un ayant un profil technique et l’autre une formation juridique et économique. A la lecture de l’annonce, C. Mousnier s’est tout de suite dit qu’elle devait forcément postuler. Une candidature aussi solide a été immédiatement retenue et sa carrière a commencé au printemps 1983. Très rapidement, le métier et également la vie au sein de l’entreprise lui ont beaucoup plu. Dans cette TPE, les deux journalistes étaient « seuls maîtres à bord », ce qui leur conférait à la fois une grande liberté d’initiative et de véritables responsabilités. Son intégration dans un univers où les hommes occupaient à cette époque la plupart des postes de responsabilité n’a pas été toujours simple.

Une personnalité réservée qui masquait un état d’esprit ouvert et curieux

La personnalité réservée de C. Mousnier en public, et même parfois au sein de la rédaction, contrastait avec son état d’esprit ouvert et curieux et une capacité d’écoute et d’analyse forte. Elle s’intéressait à tout, à tous les milieux et avait un profond respect pour tous ses interlocuteurs. Côtoyer des décideurs de l’univers Cognac, des responsables commerciaux, des techniciens, des responsables administratifs et professionnels, des viticulteurs de tout horizon, des salariés, des enseignants… lui procurait toujours des satisfactions. Selon ses propos : « Toutes les personnes ont des choses intéressantes à dire et il faut s’employer à relater leurs propos fidèlement. » L’un de ses traits de caractère majeurs était de chercher en permanence à pousser la réflexion loin et à s’entourer de contacts diversifiés pour nourrir sa compréhension de l’univers Cognac.

Une qualité d’écriture très appréciée des lecteurs

Elle rédigeait des textes courts ou longs, des dossiers, des interviews, des éditoriaux avec un souci de respect des sources et une qualité d’écriture très appréciée des lecteurs. Catherine Mousnier avait « une plume » et un sens de la précision des propos indéniables. Son travail mobilisait toute son énergie et chaque article était mûri, relu et corrigé de nombreuses fois avant d’être validé. Multiplier les échanges, donner du contenu et élever le débat sont devenus l’éthique de la revue Le Paysan Vigneron. La maladie a malheureusement interrompu brutalement sa fin de carrière, ce qui l’a beaucoup affectée. Elle aurait aimé transmettre à son successeur sa culture de l’univers Cognac et son sens du travail journalistique. Une ligne rédactionnelle ne se construit pas pour soi, mais pour répondre aux attentes de la cible majeure du lectorat, les 4 000 viticulteurs de la région délimitée. Durant quatre ans, elle a livré une dernière bataille très éprouvante physiquement et moralement en étant très entourée par son mari et ses trois enfants. Toute l’équipe de la revue Le Paysan tient à apporter son soutien à cette famille unie et profondément marquée par son décès prématuré.

Lionel Ducom

Une très belle rencontre

Depuis la reprise de la direction du journal en janvier 2008, après le décès de mon père, j’ai travaillé avec l’équipe « historique » du Paysan Vigneron.
Catherine et Lionel, les deux journalistes permanents, servis par des personnalités fortes mais différentes et complémentaires, ont collaboré pendant plus de trente ans. Ils ont fait vivre Le Paysan Vigneron par leur intérêt et leur approche de la région.
Derrière sa personnalité discrète et réservée, Catherine cachait un caractère bien trempé et un sens de l’analyse stricte mais toujours bienveillant. Elle accordait un profond respect au cognac et à sa région, mais aussi à tous ses acteurs dont elle s’efforçait de retranscrire le plus fidèlement possible les analyses en apportant une grande qualité de plume.
Ce respect s’accompagnait naturellement d’une connaissance parfaite de la région, de ses rouages et de ses hommes et femmes qui en écrivent la vie, avec lesquels elle entretenait d’excellentes relations. Certains sont d’ailleurs devenus au fil des années des amis fidèles.
Ses interviews étaient recherchées et appréciées car Catherine avait cette capacité à mettre en confiance et faire parler ses interlocuteurs, à faire émerger l’essentiel de leurs analyses tout en respectant les règles de confidentialité.
Catherine faisait également preuve d’un sens exceptionnel de modernité et d’adaptabilité. Elle a pris part avec enthousiasme aux évolutions du journal, a participé activement à la réflexion sur la nouvelle charte graphique en 2011 et à la réalisation du site Internet en 2009.
Catherine a très vite compris l’importance de la communication numérique et s’est passionnée pour l’animation de nos pages Facebook, Instagram ou Twitter.
Après nos 10 ans de collaboration, sa disparition me laisse un grand vide et une profonde tristesse.
Je regrette qu’elle n’ait pas eu le temps de profiter de sa retraite tellement méritée.
A sa famille et à ses proches, j’adresse mes plus sincères condoléances.

Laëtitia Adol

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