Mme le directeur… Il faudra s’y habituer. Catherine Le Page penche pour la masculinisation de la fonction, quitte à afficher une prestance très féminine. Autour du 15 janvier, elle est passée « en coup de vent » à Cognac, pour saluer ses nouveaux collaborateurs, leur présenter ses vœux, rencontrer les chefs de services des six départements du BNIC et, accessoirement, « humer » l’air cognaçais. C’est le président Guionnet qui fit office d’ambassadeur régional durant ces trois jours d’immersion. Présélectionnée par les professionnels le 15 décembre et confirmée dans la fonction le 5 janvier, Catherine Le Page intégrera son nouveau poste de directeur de l’interprofession le 15 mars prochain. D’ici là, cette période de transition devra certainement se solder par quelques allers-retours entre le Var et les Charentes puisque c’est du département du Var qu’arrive C. Le Page. Elle y a passé ces quatre dernières années au Conseil général, en tant que directeur chargé de l’Agriculture, du Développement rural et de l’Europe. Sous l’autorité de deux commissions d’élus – commission agricole et commission européenne – elle y animait une équipe d’une petite centaine de personnes, dotée, selon ses propres termes, « d’un budget assez conséquent ».
troïka
Europe, agriculture et collectivités territoriales… Cette troïka résume assez bien le parcours et la carrière de Catherine Le Page. La formation d’abord. C. Le Page est diplômée de l’IHEDREA, du collège de l’Europe à Bruges. A ce cursus sont venus s’ajouter une maîtrise de droit public et un DEA de droit communautaire. L’expérience professionnelle ensuite. C. Le Page commence à travailler à la Commission européenne, pendant une dizaine d’années. Puis elle intègre, pour une nouvelle plage de temps d’une dizaine d’années, un Comité d’expansion du Finistère, qui a pour objectif de défendre les intérêts du département breton. Ses dossiers touchent essentiellement à l’agriculture, à l’agro-alimentaire, à la pêche. C’est là que Catherine Le Page affûte ses armes de lobbyiste. Pour elle, cette dimension attachée aux groupes de pression fait partie intrinsèque des fonctions de manager. « De nos jours, cela me paraît absolument indispensable, quel que soit le dossier » dit-elle. En bonne politique, elle ne néglige aucune étape. « Cela ne sert à rien de faire du lobbying européen si l’on a oublié de régler les choses au plan régional ou national. » Dans le Var, son « job » consistera aussi à faire de la prospective territoriale, de l’intelligence économique au service cette fois du rosé de Provence, de l’horticulture ou des petites productions. Elle participera à la création d’un vrai portail d’information. A ce sujet, elle s’est dit « bluffée » par le site internet du BNIC, « d’une densité inouïe ».
Quels facteurs incitèrent Catherine Le Page à postuler pour la direction du BNIC ? « C’est un peu le fruit du hasard raconte-t-elle. Mais quand j’ai vu la fiche de poste, je me suis dit : ça, c’est un peu moi. » Elle évoque le caractère international du Cognac, son côté exceptionnel et luxueux ainsi que le plaisir de se concentrer sur un seul produit. Et puis, dit-elle, « nous n’avons qu’une vie. Autant essayer d’engranger le maximum d’expériences ». Le fossé ne risque-t-il pas d’être rude à franchir entre le soleil méridional et les brumes atlantiques ? « Quand vous avez parcouru les 1 300 km séparant le Finistère du Var, vous ne craignez pas de changer de région. » C. Le Page parle de sa curiosité tous azimuts. « Au cours de mes études, j’ai toujours essayé de positionner mes stages le plus loin possible. »
Ce goût de la découverte lui vient peut-être de ses racines bretonnes. Catherine Le Page est une Bretonne bretonnante, aux racines solidement ancrées entre Quimper et Douarnenez. Son grand-père était agriculteur, son père dirigeait une coopérative agricole, son frère possède une ferme. Proche de la cinquantaine, elle est mère de deux enfants, de 17 et 19 ans, et son mari travaille à l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’agriculture).
« aucun changement »
Femme de dossiers, la future directrice du BNIC l’est sans nul doute. Reste le test du terrain, jamais acquis en Charentes. Questionné sur les prérogatives du directeur, le président de l’interprofession a martelé « qu’aucun changement ne s’était opéré. Ses missions restent les mêmes que précédemment. » Certes, un changement de statut est intervenu peu avant le départ d’Alain Philippe. L’article 24 des statuts a été modifié de la façon suivante : « Le directeur a la responsabilité de l’établissement sous l’autorité du président. » « N’est-ce pas normal que le directeur se réfère au président ! » a interpellé Bernard Guionnet, « sinon le directeur est
P-DG, président-directeur général. » « Le président préside et le directeur dirige, comme dans n’importe quelle entreprise. Il n’y a pas de spécificité interprofessionnelle. » Catherine Le Page a emboîté le pas au président de l’interprofession. « Il est clair pour moi que les élus montrent le cap, donnent les orientations. Ensuite, effectivement, le directeur et ses équipes mettent en œuvre la politique des élus. Ils sont aussi là pour les
conseiller. » En plus d’être femme de dossier et lobbyiste, Catherine Le Page est diplomate.
0 commentaires