Cap sur les mesures d’aides

22 mai 2017

La Rédaction

A l’initiative des deux préfets de Charente et de Charente-Maritime, une réunion de concertation post gel s’est tenue au BNIC vendredi 5 mai en matinée. Y participèrent les différentes interprofessions (Cognac, Pineau, Vins de pays, Autres débouchés), les représentants des administrations ainsi que les acteurs économiques et techniques (Chambres d’agriculture, banques, MSA…). En tout une cinquantaine de personnes. L’occasion, pour les professionnels, de faire remonter leurs demandes.

 

Suite au gel, la libération des réserves de gestion des récoltes 2011 et 2013 sera-t-elle d’actualité ? Jean-Bernard de Larquier, le président du BNIC, l’interprofession du Cognac, a indiqué qu’un travail sur les réserves était en cours mais que la décision n’était pas encore définitivement prise. Concernant les mesures de dégrèvement, celle sur le foncier non bâti est acquise mais il s’agit d’un dispositif éminemment classique. Le chômage partiel peut être activé sur les exploitations ayant gelées. La Direccte, l’administration chargée du travail, s’est engagée à fournir toutes les informations nécessaires. La DGFIP (Direction générale des finances publiques) fera de même. Elle fournira des fiches récapitulant tous les moyens fiscaux susceptibles de lisser le revenu. La MSA va essayer quant à elle de mobiliser des enveloppes même si, compte tenu des aléas et crises diverses, elle est déjà amplement sollicitée. Les banques et notamment le Crédit agricole accompagneront les viticulteurs sinistrés.

 

Parmi les autres mesures, il y a toutes celles relevant de FranceAgriMer. Les représentants syndicaux ont établi la liste de leurs souhaits : sur les plantations anticipées, possibilité de reporter d’un an les arrachages compensateurs, lorsqu’une demande avait été faite pour les plantations 2014 et / ou 2015 – possibilité d’annuler les plantations anticipées 2016 qui auraient gelé afin de procéder à leurs arrachages et ainsi générer de nouvelles autorisations de replantation permettant de repartir de zéro pour procéder à l’arrachage compensateur – demande de report des dossiers de restructuration – des dossiers d’investissements.

 

« C’est le Conseil spécialisé vigne et vin de FranceAgriMer du 17 mai qui décidera de la suite à donner à l’ensemble des demandes remontant des bassins » précisait-on à FAM Bordeaux début mai. Une chose est sûre ! En ce qui concerne les dossiers de restructuration et d’investissement, les textes réglementaires de l’OCM vin  prévoient déjà la faculté de report. «Les personnes engagées de manière individuelle ou collective dans la restructuration auront la possibilité de différer leurs plantations sur la prochaine campagne, en totalité ou partiellement. Si c’est partiellement, elles devront simplement établir un avenant. »  Au sujet des investissements, la réglementation européenne prévoit également la possibilité d’obtenir une prorogation du projet ; en tout cas pour ceux relevant d’appels d’offres antérieurs à 2017. Pour les projets 2017, c’est moins net puisque, entre-temps, la réglementation a un peu évolué. Malgré tout, la confiance l’emporte même si « une confirmation des textes sera nécessaire. »

 

Crédit agricole :  La banque se prépare à accompagner les viticulteurs

 

Déjà pourvu d’un « bagage » en termes de gestion de crise, la première banque de la viticulture (8 viticulteurs sur 10 sont ses clients) se prépare à co-construire  des mesures d’accompagnement personnalisées : prêts de trésorerie, allongement des durées d’amortissement…Témoignage de Benoît Stenne, responsable de la filière viticole à la Caisse régionale Charente-Périgord.

 

« Dans ces moments de difficulté, le Crédit Agricole est toujours extrêmement présent et réactif»  indique Benoît Stenne, responsable de la filière viticole à la Caisse régionale Charente-Périgord. Et c’est vrai que depuis quelques années, l’agriculture – et son banquier de référence – ne sont pas épargnés : crise de l’élevage, crise des céréales… Sur l’élevage par exemple, la caisse régionale Charente-Périgord a mis en place depuis deux ans un dispositif de gestion de crise. Pour autant, est-il applicable en l’état à la viticulture ? A l’évidence non. Après avoir très vite, avec ses 18 chargés viticoles, réalisé un état des lieux pour repérer les situations les plus fragiles, la banque s’apprête à lancer une réflexion plus en profondeur « sur une boîte à outils la meilleure et la plus complète possible ». Cette réflexion va associer cabinets comptables, syndicat, jeunes viti…et sera partagée  sur l’aire délimitée Cognac. « Les deux caisses de Charente-Maritime-Deux Sèvres et de Charente-Périgord vont adopter les mêmes méthodes de travail, le même dispositif » précise B. Stenne. L’approche privilégiée sera celle du « cas par cas » car chaque situation est différente : jeune installé ou viticulteur à la veille de la retraite, réserve climatique ou pas, assurance ou non, trésorerie ou pas, phase d’investissement ou non…Malgré tout, vont s’imposer quelques mesures clés : prêts de trésorerie, durée d’amortissement plus longue ; à la marge une « pause crédit » c’est-à-dire une année blanche en termes de remboursement « Ce n’est pas toujours un cadeau car le coût est un peu plus élevé mais, dans certains cas, c’est impossible de faire autrement » note le référent viticole. « Nous sommes vraiment dans la démarche d’un accompagnement personnalisé ».

Clairement, tout va se jouer après les vendanges, quand la viticulture abordera un nouveau cycle de culture. C’est là qu’elle aura besoin du soutien des banques.

 

             L’UGVC s’implique

 

Déjà en première ligne sur la grêle (voir article page…) le référent « aléas climatique » de l’UGVC, Nicolas Tricoire, a été rattrapé par la gelée. Le viticulteur présente les différents points que le syndicat viticole a l’intention d’explorer.

 

 

Le cadre préventif – « Il s’agit encore une fois de renforcer les alertes météo mais aussi de faire un inventaire exhaustif des moyens de lutte : tours à gel, chaufferettes, aspersion…Nous avons vu que l’hélicoptère n’était pas efficace en dessous de – 2 ° C. De toute manière, nous n’éviterons pas les effets d’un gel à – 4 / – 6 °. Les vignerons champenois comme les Chablisiens, pourtant couverts, ne sont pas passés au travers. En matière de gel, tout le problème est celui de la récurrence. De manière plus globale, le parcellaire rentre beaucoup en ligne de compte. Depuis 1991, nous avons peut-être un peu oublié que les fonds étaient plus gélifs. Certes, il reste davantage de terres disponibles dans les fonds que sur les coteaux mais, pour autant, faut-il planter partout ? Avec le concours éventuel de la Station viticole du BNIC, nous allons essayer de cartographier les zones de fort gel, afin de mieux cibler les zones de lutte. »

 

L’accompagnement – « Dans de telles situations, on a parfois tendance à se replier sur soi. L’UGVC est là pour soutenir ses adhérents, remonter les informations sur les mécanismes d’aide, de dégrèvement. »

 

Bourse d’échange de vendanges – « Clairement, le dispositif n’a pas fonctionné l’an dernier, lors de la grêle. Nous allons essayer de le remettre en place cette année, en le peaufinant. Pourquoi ne pas faire jouer un levier fiscal au bénéfice des vendeurs, pour leur surplus, sachant que la récolte sera de toute façon fiscalisée au niveau de l’acheteur. Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience de l’importance de cet outil pour tenter de palier, autant que faire ce peux, au déficit de récolte. Individuellement comme collectivement, la région a besoin de cette production.

 

Alerte grêle – « J’y reviens. Des menaces de grêle se sont déjà fait sentir et, une fois, Météo France n’a pas lancé d’alerte alors que les préfets avaient prévenu les communes du risque de grêle. Il a fallu l’intervention de l’UGVC et du BNIC pour que nous puissions allumer nos postes. Il faut bien comprendre que nous ne tolérerons plus une seule faille dans le système. C’est quelque chose que nous n’accepterons pas. »

 

 

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