Comme il y a des Catégories Socio-Professionnelles +, il y a des Vignobles Oeno-Touristiques +. Bordeaux fait partie de ceux-là, avec son image mondiale indétronable, sa puissante attractivité. Pourtant Bordeaux ne campe pas sur ses lauriers. La région cultive la synergie et la mutualisation de tous les acteurs, avec la conviction que l’on est jamais plus fort qu’ensemble.
Anne Marbot, du service information et communication du CIVB (l’interprofession viticole bordelaise), le confirme : « Ici, nous avons une Mme œnotourisme, une personne ressource, dans toutes les institutions, Conseil régional, Conseils généraux, Mairie de Bordeaux, CDT, Communautés de communes, Syndicats de Pays… Tout le monde essaie de se fédérer pour présenter quelque chose de cohérent. » La machine œnotouristique bordelaise se présente donc comme un millefeuille où chacun a sa part. Ainsi, par exemple, le Comité départemental de la Gironde gère la marque « Vignes et chais en Bordelais ». Il s’agit de qualifier et de « charter » des lieux de visite qui s’engagent à respecter certaines conditions d’accueil. A c e jour, 614 propriétés viticoles, caves coopératives, maisons de négoce adhèrent à la charte. Pour ce faire, le CDT s’est appuyé sur les syndicats mixtes de pays, les territoires Voynet mais travailla également main dans la main avec le Conseil général de la Gironde, le CIVB, la Fédération des négociants, la Fédération des grands vins et la Chambre d’agriculture. Parallèlement, le Conseil régional d’Aquitaine a lancé à partir de 2004 « Destination Vignobles », un vaste programme de développement de l’offre œnotouristique régionale. A condition de s’intégrer dans le schéma global, des aides sont allouées pour des actions transversales – formation, éducation, communication, ingénierie – mais aussi individuelles : création d’un circuit de visite, amélioration de l’hébergement, ouverture d’un gîte… Un premier bilan réalisé à N + 3 révèle que la région a consacré 1,27 million d’€ à ce projet. Des prestataires, au nombre de 736, ont bénéficié de l’appui régional, sur douze territoires et dans les cinq départements aquitains (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Landes, Pyrénées-Atlantiques). Cependant, avec 598 partenariats signés, le département girondin se taille la part du lion. De même, les viticulteurs arrivent en tête avec 80 % des prestations concernées. Brigitte Bloch, directrice du Comité régional du tourisme, indique que le programme de développement œnotouristique régional va être reconduit pour une nouvelle période de trois ans. « La région Aquitaine fait de l’œnotourisme un axe de développement fort et se dit prête à y consacrer des moyens financiers » Destination Vignobles est également un label du CRT, recensant sur les 12 territoires tous les lieux de visites, hébergement, restauration répondant à la charte régionale. Le CRT édite une brochure en plusieurs langues sur cette offre : Divin détours en Aquitaine. Toujours pour rester dans le domaine de la qualification des sites et des propositions, la Chambre de commerce de Bordeaux a participé au lancement, en 1999, de Best of Wine tourism. Ce réseau, regroupant huit capitales de grandes régions viticoles mondiales – Bordeaux, Bilbao/Rioja, Florence, Le Cap, Mayence, Porto, Santiago du Chili et San Francisco – organise tous les ans un concours international récompensant les plus belles adresses œnotouristiques dans les quatre catégories suivantes : Architecture/Parcs et Jardins, Art & Culture, Découverte et Innovation, Hébergement à la propriété. Bien sûr, outre l’originalité de la proposition, rentrent en ligne de compte des critères très sélectifs : site internet en anglais, accueil correspondant au canon international. A ce jour, une soixantaine de propriétés viticoles d’Aquitaine affichent le label « Best of Wine tourism ».
Point de passage obligé
Quand les visiteurs, français ou étrangers, arrivent à Bordeaux, où s’adressent-ils ? A l’office de tourisme bien sûr, point de passage obligé. Pour coller à la réalité du flux touristique, le CIVB a dépêché en ce lieu sa « femme lige », Sophie Gaillard. Au sein de l’OT de Bordeaux – à un jet de pierre du CIVB – elle est chargée de coordonner un pôle viti-vinicole axé grand public. L’office du tourisme, en étroite collaboration avec le CIVB, développe des produits œnotouristiques à valeur ajoutée. Un comptoir d’information spécialisé « Découverte du vignoble » a même été ouvert au sein de l’OT de Bordeaux. Au départ de l’office de tourisme, sont notamment proposées des journées découverte en autocar. Les tarifs vont de 30 € à 90 € (à ce tarif-là, le déjeuner est inclus, en plus des visites et des dégustations). Saint-Emilion, route du patrimoine, Journée gourmande à Margaux, Médoc 1855, grands crus classés d’exception, Grave et Montesquieu, route des grands crus classés de Graves, Balades sur les coteaux de Garonne… Tous ces itinéraires font partie du programme 2009 des circuits guidés dans le vignoble. Le CIVB participe également activement à « Bordeaux fête le vin », la grande manifestation qui, les années paires, en alternance avec Vinexpo, réunit sur les quais de la Garonne, entre Saint-Michel et Bacalan, tout ce que la région compte d’amoureux du vin. Durant quatre jours, autour du 21 juin, des milliers de pass dégustation sont vendus lors de cette fête populaire, lancée en 1998. L’événement en est à sa sixième édition. Bordeaux, « musée à ciel ouvert », classée patrimoine mondial de l’Unesco en 2007, se rapproche, le temps d’un long week-end, de ses racines occitanes. En 2008, la manifestation a reçu la visite de 450 000 personnes. Du jeudi au dimanche, furent vendus 48 200 pass dégustation, avec plus de 500 000 dégustations et 45 450 bouteilles consommées. Budget estimé : 2,6 millions d’€.
Pour le CIVB, il ne s’agit pas de se substituer aux acteurs du tourisme. « Ce n’est pas notre métier explique Anne Marbot. Notre mission à nous consiste à communiquer autour du produit. Par contre, l’interprofession prend une part active aux projets structurants, en tout cas ceux qui mettent en avant le produit. Nous jouons à fond la synergie régionale, sans cloisonner ». Une réunion trimestrielle réunit tous les intervenants de l’œnotourisme, pour faire le point des différents projets. Et s’il y a un sujet qui fait l’unanimité entre eux, c’est bien la manière de communiquer. « Pour nous, c’est dire Bordeaux, ensuite Gironde, enfin Aquitaine. Un Américain ne connaît pas la Gironde. Il ne connaît que Bordeaux et encore Bordeaux le vin, pas la ville. »
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