Bordeaux – Centre culturel et touristique du vin : Un phare sur le Garonne

11 mai 2011

La plate-forme œnotouristique adoubée par la mairie de Bordeaux et ses partenaires a l’ambition de faire de Bordeaux la capitale culturelle du vin. Que le lieu devienne emblématique pour Bordeaux mais aussi pour le monde du vin. Implantée sur les bords de la Garonne, dans le prolongement du port de la Lune, ce sera « un musée sans objet », un lieu très « organique », destiné à accueillir un public non spécialisé. Livraison attendue fin 2014. Interview à deux voix de Philippe Massol, directeur du projet et de Laurence Chesnau-Dupin, directrice culturelle.

 

 

centre_culturel_bdx.jpg« Le Paysan Vigneron » – A quels besoins répondra le Centre culturel et touristique du vin bientôt implanté à Bordeaux ?

Le fond du projet consiste à aborder le vin dans sa dimension interculturelle. Comprendre pourquoi, comment, depuis des milliers d’années, le vin s’est mué en vecteur de civilisation. Certes nous parlerons un peu de Bordeaux mais nous parlerons surtout de la civilisation du vin à travers un grand voyage dans le temps et dans l’espace. L’ensemble des vignobles français et européens seront évoqués. Nous pensons que Bordeaux a la légitimité suffisante pour être ce lieu d’échange et de rencontre. Que Bordeaux se pose en capitale culturelle du vin n’a l’air de choquer personne. Depuis plusieurs années, Bordeaux est devenue une destination œnotouristique majeure. Son rayonnement dépasse les frontières administratives. Il irrigue l’Aquitaine, les Charentes. Besoin se faisait sentir d’un lieu identitaire extrêmement fort autour du vin, d’un lieu de tourisme urbain qui renvoie aux vignobles environnants.

« L.P.V. » – Concrètement, qu’y trouvera-t-on ? Et, d’abord, comment qualifieriez-vous ce lieu ? Est-ce un musée ?

Non, ce n’est pas un musée. A nos yeux, il s’agit plus d’un complexe, au sens contemporain du terme ; quelque chose de très organique qui rassemblera plusieurs fonctions. Il y aura un parcours permanent de visite, type centre d’interprétation, une sorte de musée sans objet, sur un emplacement de plus de 3 000 m2 ; deux salles d’exposition temporaire destinées à accueillir des collections importantes autour de diverses thématiques (art de la table…), une salle de lecture dotée de nombreux ouvrages ; des salles de dégustation conviviales pour un public non spécialisé ou plus averti ; un auditorium où pourront être organisés de petits spectacles, concerts, cinéma autour du thème du vin mais aussi des colloques d’experts. Des auteurs, des universitaires, pourront venir présenter leurs ouvrages. Nous souhaiterions en faire un lieu d’éclairage et de partage, une sorte de plate-forme œnotouristique, un espace invitant les visiteurs à aller plus loin, à découvrir les terroirs, les exploitations, les entreprises de négoce, les lieux de consommation. Le centre proposera bien sûr restaurant, cave à vin, bars, boutique, garderie pour les jeunes enfants. Ce sera une petite ville autour du vin et de sa culture.

« L.P.V. » – Qui a conçu le projet global ?

Une équipe de six personnes a écrit le « script ». Elle s’est appuyée sur un comité scientifique et culturel d’une trentaine de membres, géographes, historiens, agronomes, sociologues, historiens de l’art, médecins, œnologues, toutes personnes ouvertes et d’un très bon niveau. Ensemble, nous avons défini les angles qui nous semblaient les plus pertinents, comme de traiter des grands vins mythiques, de l’origine à nos jours ou encore de présenter les routes fluviales et maritimes… Sur chaque thématique, des experts, français et étrangers, sont mobilisés. En terme de scénographie, nous recourons beaucoup aux nouvelles technologies. Même pour un premier niveau de visite, ces nouvelles technologies permettent une approche très globale, très directe et assez spectaculaire. Un gros travail iconographique a été mené ainsi qu’une approche multisensorielle dont s’est chargée Véronique Lemoine, conseiller scientifique du projet.

« L.P.V. » – Financièrement, quelles institutions soutiennent le projet ?

Les principaux partenaires sont la Ville de Bordeaux, la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux), le CIVB (l’interprofession bordelaise), la Chambre de commerce et probablement la Région (interview réalisée en fin d’année 2010). Nous comptons aussi sur le mécénat d’entreprises, de la part du négoce notamment. Par ailleurs, nous sollicitons toutes les régions et départements de France concernés par la vigne et le vin. Pour des raisons différentes, ce projet emporte l’adhésion d’un grand nombre d’acteurs.

« L.P.V. » – A quel montant se chiffre-t-il ?

Initialement, les programmistes ont prévu une enveloppe de 55 millions d’€ TTC (44 millions pour la réalisation et 10 millions pour les études en amont). Des grands équipements comme le musée du Louvre à Lens où le centre Pompidou à Metz affichent des coûts proches de 4 à 5 000 € le m2. A priori, nous serions plus proches des 2 000 € le m2. En 2004, le musée des Arts du Cognac avait coûté 3,6 millions d’€ mais son budget était exceptionnellement réduit. Proportionnellement, les musées de Rochefort ou de Saint-Jean-d’Angély sont revenus plus chers. En phase d’exploitation, l’équipement devrait engendrer une centaine d’emplois par an et 750 emplois durables pour l’Aquitaine. L’exploitation se fera par délégation de service public. Aujourd’hui le leader incontesté, le maître d’ouvrage est la Ville de Bordeaux.

Bordeaux : La winery globale de Philippe Raoux
Il y a quatre ans, en mars 2007, ouvrait à Arsac, dans cette langue de terre du Médoc, entre estuaire et Océan, une winery à l’image des wineries californiennes. Son bâtisseur, Philippe Raoux, négociant et propriétaire bordelais, admet avoir été fortement inspiré par les wineries visitées il y a dix ans dans la Nappa Valley. Il a voulu retrouver en terres bordelaises cette atmosphère très contemporaine associée à l’univers du vin. Il souhaitait également faire du lieu un lieu « total » – global – ou dialoguerait art contemporain, dégustation, boutique, restauration, animations. Vingt millions d’€ plus tard, l’endroit tient ses promesses. Sorti ex nihilo de terre, il se signale par une architecture singulière, présentée comme une « serre à l’envers ». « L’homme et le vin sont au centre de l’écrin » précise l’architecte Patrick Hernandez. A une collection permanente comptant aujourd’hui sept œuvres viennent se greffer des expositions temporaires. Jusqu’au 30 juin 2011, sont exposées les œuvres de Julien Pol, jeune artiste de la région de Rouillac, fils de Marcel Pol, connu de nombreux vignerons charentais.
« Le signe œnologique » est l’animation phare de la Winery, celle par qui se fabrique le buzz. Animation exclusive du lieu, elle permet de dire de quel signe œnologique vous relevez. Etes-vous plutôt gourmand ou plutôt esthète ? La dégustation à l’aveugle de six vins, interprétée par un logiciel spécifique, permettra de le dire. « Le signe œnologique » est proposé en permanence, à raison de trois séances par jour, à 11 heures, 15 h et 17 heures (16 € par personne). Il s’accompagne de la remise d’un Livre de cave. L’autre animation payante (au même tarif) s’intitule « La Winery côté vignes ». Elle propose des balades en 4 x 4 sur le domaine du Château Arsac (appellation Margaux) qui appartient à la famille Raoux. La promenade se termine par un tour du chai de vinification et du chai à barriques. La balade « Winery côté art », autoguidée, est gratuite. Elle dure généralement une demi-heure et permet de découvrir les expositions, permanentes et temporaires.
Mais la Winery, c’est aussi un caviste dont la boutique recèle environ 1 500 références de vin. Des vins de Bordeaux mais pas seulement. En fait, on y retrouve tous les vins du monde. « De belles choses se font partout ». Un restaurant, le WY, complète l’offre.
L’an dernier, le lieu a accueilli 55 000 visiteurs, dont une bonne part sur la période d’avril à octobre. Une ligne de bus relie Bordeaux-Les Quinconces à Arsac.
www.winery.fr

 

 

 

 

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