Cette viticulture qui ne veut pas mourir

17 janvier 2009

Dans ces zones durement touchées par la crise, apparaissent des exploitations à la spécialisation viticole plus affirmée, pour cause d’agrandissement et d’engagement personnel. Une course contre la montre est néenmoins engagée pour que cette dynamique ne soit pas aspirée par le délitement du tissu agricole.

   L’hétérogénéité et une zone géographique marquent les crus de Bons Bois et Bois ordinaires, ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser problèmes à leurs représentants syndicaux. Quoi qu’il en soit, ces régions partagent en commun des sols souvent difficiles et des relations distendues avec le négoce de Cognac. Est-ce à dire que le négoce cognaçais est absent de ces zones ? « Il existe un marché du Cognac » affirment les gens du cru. Et de citer spontanément la maison Grand Marnier qui, ici, fait figure de repère. « Elle ne nous a pas laissé tomber. » Et puis il y a le second marché, qui alimente tant les conversations. C’est l’homme qui a vu l’eau-de-vie… Parlant du second marché, en deux ans, on a vu ses cours remonter de « 10 à 20 % facile ». Cette augmentation des prix est volontiers portée au crédit du maintien de la QNV à 6 de pur. Pour autant, de l’autre côté de la RN 10 comme aux confins de la Charente, ce n’est pas vraiment l’euphorie. Dans une région traditionnellement diversifiée, les céréales sont passées à la toise des prix. Des tournesols qui valaient 3,60 F le kilo sont redescendus à 1,30 F et l’on ne peut pas compter sur les rendements pour se refaire. De vaches, il n’y en a quasiment plus. Quant aux « piniers » qui, dans un canton comme Montendre, participaient à l’économie locale, la tempête de 1999 s’est chargée d’en faire du petit bois. Les deux crus ont payé un lourd tribut à la campagne d’arrachage des années 1980. « On parle toujours du canton de Gémozac mais ici, ça n’a pas été mal non plus. » A Vallet, commune viticole proche de Montendre, on se souvient encore de la grande époque des années 70, quand le Cognac flambait. « On nous surnommait “la petite Amérique”. Quand le voisin changeait de tracteur, on en changeait aussi. » Aujourd’hui, le « taux de viticolité » de Vallet reste élevé mais les jachères ont fait leur apparition. Parmi les plus de 50 ans, beaucoup s’interrogent sur leur devenir. Ils craignent de s’engager. Alors, que faire du vignoble ? L’arracher, le vendre, le louer ? L’arrachage, on en trouve 20 ha ici, 10 ha là, souvent sans le bénéfice de la surprime liée au CTE, même dans les cas où il aurait été possible d’en profiter. « Trop compliqué, trop de paperasserie » disent les gens. Quand ils le peuvent, de loin, ils préfèrent vendre. Pas la peine d’arracher les vignes et l’on n’a pas à se préoccuper du sort des terres. C’est ainsi que dans une zone où les petites surfaces d’une dizaine d’ha de vigne constituaient la norme, apparaissent de plus en plus d’exploitations de 20 ha. Il n’est pas rare d’en trouver trois ou quatre dans un rayon de 5-6 km. L’agrandissement va souvent de pair avec une spécialisation viticole, souvent épaulée par de la diversification, sans que cela signe la disparition du Cognac. La fin des années 90 a même vu s’installer de nouveaux ateliers de distillation. Paradoxalement, la crise ancre fermement la viticulture sur certaines exploitations. Par contre, manque de revenu oblige, le recours à une main-d’œuvre essentiellement familiale reste une constante sur ces exploitations. D’où une limite assez vite atteinte en terme de surface. Si elles ont pu s’agrandir jusqu’à présent, les exploitations les plus dynamiques savent qu’elles sont arrivées au taquet, sauf à changer totalement de système. Dans l’hypothèse où l’hémorragie viticole continuerait, quid des surfaces qui se libéreraient ? Déjà, le non renouvellement des agriculteurs pose de sérieux problèmes en matière d’entraide ou d’achat en commun de matériels. Il devient difficile de s’équiper, alors que, diversification aidant, les besoins en matériels spécifiques s’accroissent. Ici comme ailleurs, le travail des femmes à l’extérieur tend à devenir une composante essentielle du maintien.

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