Le groupe agro-alimentaire de Villeneuve-d’Ascq, dans la banlieue lilloise, a implanté en 2004 une usine de conditionnement de maïs doux dans la région de Rostov, à proximité de la mer Noire.
Très amont de son implantation, le groupe s’attaque à la construction d’image. « Le marché russe est très réactif à la communication. Grâce à des messages TV massifs, nous avons vite obtenu un fort taux de notoriété, frôlant les 98 %. » Et ce n’est qu’une fois le marché créé que la société se lance à la recherche d’un lieu de parachutage agricole. En fait, elle a l’embarras du choix. Toutes les régions « en demandent et en redemandent ». Un fort savoir-faire local existe pour la production de légumes. Même chose pour la construction de l’usine où l’appel à la sous-traitance ne pose aucun problème. La difficulté résiderait davantage dans l’identification des strates de décision et dans la lourdeur des procédures. « Là où il faut deux autorisations en France, il en faut quarante-huit en Russie », note le DG de Bonduelle développement. Le rapprochement entre les normes locales et les normes européennes pose aussi question. Pour bénéficier d’une double vision, la société constitue deux équipes, l’une faite d’expatriés et l’autre de russes. « On ne conduit pas un tel projet sans un grand souci de l’homme », indique B. Bonduelle. Ce dernier souligne une importante fracture, celle existant entre les salariés de plus de 40 ans et ceux de moins de 40 ans. Avec un regard plus neuf sur le monde du travail, ces derniers se révèlent beaucoup plus réactifs. Le directeur général en donne sa parole : le projet d’implantation a été conduit sans recourir aux circuits parallèles. « Il vaut mieux prendre son temps mais ne pas rentrer dans ce jeu-là. »