BNO de Bordeaux : prestation de serment de la 59ème promotion

31 août 2016

C’est au Palais de la Bourse à Bordeaux que le Diplôme National d’Œnologie (DNO) a été délivré à 51 étudiants, dont 17 % d’étrangers. Une ouverture sur le monde dont l’Ecole bordelaise d’œnologie se félicite. La promotion et l’événement étaient parrainés par la tonnellerie Taransaud et son président Alain de Pracomtal.

Premier constat : l’œnologie ne nuit pas à la féminité. Robes habillées voire très habillées, talons hauts voire vertigineux…les 26 jeunes femmes diplômées ont fait assaut de coquetterie pour cette remise de diplômes. Même chose pour les garçons, un cran au dessous (niveau élégance). Les parents étaient là aussi, un peu émus, attendris à coup sûr de voir leur progéniture accéder à ce nouveau grade, symbole de quelque chose (la fin des études), début d’autre chose (l’entrée dans la vie active). Car le DNO est un diplôme professionnalisant, qui ouvre l’accès à un métier, celui d’œnologue. C’est ce qu’a rappelé Cécile Dulimbert, présidente pour la région Bordeaux Sud-Ouest de l’Union des œnologues de France (UOF), le syndicat professionnel de la filière. « La concurrence va être rude. Pour gagner cette bataille, soyez solidaires, ne laissez jamais galvauder votre titre d’œnologue qui vous a demandé beaucoup de travail et d’abnégation. Ne laissez jamais utiliser ce titre par des personnes non diplômées et non détentrices de ce diplôme. » Après cette mise en garde, la présidente de l’Union régionale a organisé la prestation de serment de l’œnologue, étape finale et « apothéose » d’une soirée riche d’émotions. Car avant cela, les étudiants s’étaient vus appelés un à un par leurs professeurs pour la remise des diplômes. Puis le major de la promotion fut révélé. Vint ensuite l’énoncé des mentions (Bien et Assez Bien) avant que des mémoires particulièrement réussis soient récompensés. Occasions multiples de voir « battre mon cœur sans s’arrêter ».

 

Réalisé par l’architecte Ange-Jacques Gabriel entre 1720 et 1750, le Palais de la Bourse et plus généralement la Place de la Bourse incarne cet âge d’or du classicisme bordelais porté par une économie du vin florissante. Longtemps, le Palais de la Bourse abrita une vente de vins à la corbeille. C’est sous sa verrière que fut mis en œuvre le classement des vins de 1855. Qu’un tel lieu serve de rampe de lancement à une nouvelle génération d’hommes – et de femmes – du vin tombe sous le sens.

 

Sobrement, le parrain de la promotion, Alain de Pracomtal, s’est exprimé le premier. « J’ai repris la tonnellerie Taransaud en 1997 et, tout de suite, je me suis inscrit au DUAD de Bordeaux (Diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation d’une durée de 166 h NDLR), qui bien sûr n’a rien à voir avec le DNO mais qui m’a permis d’acquérir un minimum de bases en œnologie et surtout d’apprendre le langage. Tarasaud compte dans son équipe cinq œnologues dont deux docteurs en œnologie. Je suis très heureux que, dans le groupe, Vincent Renouf (Responsable R&D chez Chêne & Cie, docteur en œnologie NDLR) nous ait conduits à soutenir cette nouvelle promotion. Un parrainage que nous avons eu à cœur d’animer toute l’année. Et maintenant, comme les bourguignons au Clos-Vougeot, je dirais – Large soif. »

 

Attraction internationale

 

Si Nicolas Guichard, président de l’association des œnologues de Bordeaux – association qui regroupe tous les œnologues formés à Bordeaux depuis 1966 – a joué les maîtres de cérémonie, c’est au dispensateur de la formation, l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin ) de l’Université de Bordeaux et à son directeur des formations, Gilles de Revel, qu’est revenu le soin de présenter la soirée et d’appeler les récipiendaires. Il l’a fait en l’absence du directeur de l’Institut, Denis Dubourdieu, souffrant. Un soutien amical lui a été exprimé.

 

Sur 53 candidats au DNO, la promotion 2016 compte 51 élus dont 26 filles, 27 garçons et, sur ce nombre, 9 étrangers : plusieurs italiens, grecs et espagnols, un libanais et « un » japonais. «L’attraction internationale du diplôme d’œnologie de Bordeaux ne se dément pas » se sont réjouis les organisateurs. Furent décernés 5 mentions Bien, 40 mentions Assez Bien. Le titre de major de la promotion est revenu à Bastien Giraud qui a frôlé la mention Très Bien avec une moyenne de 15,64. Ce jeune alsacien de 27 ans, amateur de musique classique, a suivi un parcours diversifié (DUT de Chimie, Licence de biologie …). Faisant montre d’une remarquable maturité – saluée par ses camarades – il a laissé filtrer quelques mots. « En tant que jeunes œnologues, je crois que nous devons apprendre de nos erreurs en restant simples, humbles, face aux expériences ; s’inspirer de beaucoup de choses, de différentes formes d’art, des sciences pour croiser les sources et s’enrichir à leurs contacts ; je nous souhaite de faire le vin que nous aimons et de trouver notre voie, qu’elle soit œnologique ou autre ; de nous  épanouir et d’être accompagné des bonnes personnes. C’est important l’entourage ! »

 

Dans le cursus de deux ans du DNO s’insère un stage de six mois en entreprise avec, à la clé, la rédaction d’un mémoire. Des prix, au nombre de trois, sont venus recomposer les meilleurs travaux. Ils furent décernés par XtraChêne, la société de bois œnologiques du groupe Taransaud, le CIVB (l’interprofession bordelaise) et la société bordelaise Laffort, spécialiste de produits oenologiques, qui a fêté en 2015 ses 120 ans.

 

L’école de Bordeaux

 

Pour l’association des œnologues de Bordeaux, c’est l’année 2016 qui est une année anniversaire. Sa fondation en 1966 a correspondu à la naissance de l’école « moderne » d’œnologie de Bordeaux avec les professeurs Jean Ribéraud-Gayon, Emile Peynaud. « Depuis 50 ans, a noté Nicolas Guichard, l’association offre un réseau aux œnologues. C’est mieux que Facebook car s’y rencontrent de vrais gens, s’y dégustent de vrais vins. Nous avons besoin des forces vives de la jeunesse. Que ceux qui se sentent l’âme de servir les autres nous rejoignent. Ils recevront autant qu’ils apporteront. » L’association édite chaque année le trombinoscope de la nouvelle promotion d’œnologues, qu’elle adresse à toute la filière. 

 

 

Diplôme National d’Oenologie : il date de 1955

 

 

 

Et oui ! Le DNO ne remonte pas aux calendes grecques. C’est la loi du 19 mars 1955 qui l’a créé. Bordeaux, Dijon et Montpellier ont ouvert le ban, suivis de près par Reims et Toulouse en 1963 et 1972. Ce qui ne veut pas dire que l’œnologie ait été absente des enseignements auparavant. Par exemple l’oenologie fit son entrée à l’Université de Bordeaux en 1888, ce qui déboucha sur l’Ecole d’œnologie de Bordeaux. Mais c’est vrai que dans les années 50, des lacunes se faisaient sentir chez les professionnels du vin, notamment chez les responsables de caves. C’est pour remédier à ces failles qu’une formation technique spécialisée se mit en place. Objectif : in troduire un traitement scientifique face à des problèmes scientifiques. CQFD.

 

 

 

 

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