C’est peu dire qu’ils exercent un métier varié : si les outils de Geneviève et Luc Rockenbauer sont toujours les mêmes – crayons, pinceaux et peinture – les supports sont multiples, bois, pierre, verre, béton, ciment. Ils travaillent à l’intérieur comme à l’extérieur, parfois dans leur atelier, sur des toiles qui seront ensuite installées par un tapissier, parfois ils se déplacent chez leur client, lorsque le support ne peut pas venir jusqu’à eux… leur travail est toujours guidé par la spécificité de la commande qui se présente.
A chaque fois, ils étudient tous les paramètres (support, éléments d’architecture existants, budget…) puis ils réalisent croquis et maquettes pour proposer leur réponse à la demande de leur client potentiel. Lorsque la commande est confirmée, vient l’étape de la maquette finale. Très précise, elle est essentielle pour structurer le travail, mais elle ne sera pas projetée sur le support : les dessins grandeur nature se font à main levée.
Des années d’expérience
Luc Rockenbauer a développé une grande maîtrise du dessin, de la composition et des techniques picturales grâce à l’apprentissage et l’exercice du métier de dessinateur en soierie à Lyon début des années 80. Il se tourne ensuite vers l’illustration publicitaire et d’édition pendant une quinzaine d’années, collaborant avec des acteurs prestigieux de la publicité comme Publicis. Et c’est l’envie de travailler à des commandes plus pérennes, de s’exprimer sur de supports différents, qui l’amène à se diriger avec son épouse Geneviève Vernel (le V de AVR), elle-même peintre ornemaniste, vers la réalisation de décors. Installés en Charente depuis environ 10 ans, ils travaillent dans toute la France pour des municipalités, des restaurants, des boutiques, des entreprises mais aussi des particuliers.
Se faire plaisir
« Ce que nous demandent nos clients, surtout les particuliers, c’est de « personnaliser » leur décor, explique Geneviève Rockenbauer, ils osent se faire plaisir, se différencier… A nous de prendre en charge les contraintes existantes, afin de réaliser leurs rêves tout en tenant compte du réel. Certaines personnes achètent des tableaux et accrochent sur leurs murs des créations d’artistes. Nous effectuons la démarche inverse : nous réalisons le tableau que notre client a dans la tête, nous donnons vie à son rêve. Cela demande beaucoup de réflexion, de rencontre et d’écoute : il faut comprendre ce qui leur manque et imaginer la façon de le leur apporter. » Dans le book d’AVR, les exemples se succèdent : une porte donnant sur un jardin pour « repousser » un mur un peu trop proche d’un bord de piscine, une vue rêvée du port de La Rochelle dans un appartement qui en a été privé par la construction d’un nouvel immeuble, des portes et des fenêtres sur une façade trop grande et trop vide, une maquette de train électrique au décor années 60, ou encore le projet sur lequel ils sont en train de travailler : une fresque de 35 m de long sur 2,80 m de haut qui viendra entourer, sur des supports différents, la piscine d’un particulier…
Créer des perspectives, repousser les murs, rehausser un plafond par la magie du trompe-l’œil… c’est le quotidien d’AVR, qui travaille avec des peintures à la caséine, beaucoup plus respectueuse de l’environnement, et fabrique toute sa gamme de couleurs. L’atelier fait aussi de la restauration, simule de fausses pierres, un faux bois, une patine ou de la feuille d’or… « Pour faire ce métier, il faut de la passion, souligne Geneviève Rockenbauer. Il faut toujours donner le meilleur et rechercher la perfectibilité. Et bien sûr adapter notre façon de travailler à la finalité du chantier. Par exemple, nous avons réalisé il y a quelques années une fresque extérieure, dans le cadre de la rénovation d’un quartier et il était convenu que les élèves du collège voisin puissent participer au chantier. Nous avons donc organisé l’ensemble du dessin en une succession d’aplats, que les collégiens pouvaient peindre sans difficulté. C’était d’ailleurs passionnant de voir comment les élèves, mais aussi tous les jeunes du quartier, ont souhaité participer au travail pour s’approprier ce nouveau décor qui s’installait dans leurs rues. Malgré sa difficulté, c’est le genre de travail qu’on aimerait décrocher plus souvent. »
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