L’association met de l’eau dans son Cognac

27 décembre 2008

La bouderie installée entre les bouilleurs de cru et l’interprofession allait-elle stériliser l’action des hérauts de l’alambic ? En participant au dernier Salon de l’agriculture aux côtés du BNIC, l’association a joué l’apaisement. Les projets ne manquent pas pour employer le dynamisme des bouilleurs de cru, qui préfèrent s’investir qu’en découdre.

Foin des tensions et des affaires de principe. Cette fois, les bouilleurs de cru avaient envie d’y aller. Où ? Au Salon de l’agriculture, dont ils furent parmi les premiers fervents, lançant même l’idée d’une présence du Cognac dans le temple des provinces françaises. Mais de bouderies en chicanes, ils s’en étaient éloignés, à coups d’anathèmes et d’excommunications réciproques, entre un BN taxé de vouloir contingenter la « mise en bouche » et une association des bouilleurs suspectée de vouloir faire du bar à Cognacs un « abreuvoir ». Chogging ! C’est dire qu’à une époque, les coups volent au ras des ceps de vignes. Conséquence : chacun se retranche derrière son alambic (ils possèdent chacun le leur) tel qu’en son Olympe. Côté association, après une année presque sabbatique, les esprits, d’échauffés, ont eu le temps de se refroidir. De nouvelles têtes apparaissent, qui se disent qu’il va bien falloir sortir de cette fâcheuse ornière. L’occasion leur en est belle avec la préparation de l’édition 2002 du Salon de l’agriculture, du 23 février au 3 mars. « Tout le monde doit faire un bout de chemin ; nous ferons le nôtre. » C’est dit. L’association accepte le principe de consommations payantes (15 F le verre) tandis que l’interprofession confie aux bouilleurs de cru l’animation du stand deux jours durant. Les choses iront si bien que la dizaine de bouilleurs de cru se retrouvera « en solidarité » avec le BN deux journées supplémentaires. Où l’on reparle de démarches complémentaires, du rôle fédérateur du BN, de partenariat nouveau et de l’effet d’entraînement des bouilleurs de cru. Pour attirer le chaland, ces derniers proposent un atelier de découvertes olfactives, sorti de derrière les fagots de Patrick Brillet, à l’occasion de ses portes ouvertes. Succès garanti avec un verre (gratuit) en prime. Les vieux réflexes ont la vie dure !

En novembre dernier, l’association avait signé son retour avec une offensive de charme, celle des bouilleurs de cru au féminin, ces dames qui vous font couler une bonne chauffe comme d’autres un biberon. Les femmes n’étant jamais envoyées inutilement au front, l’opération, sise à la maison du Poitou-Charentes à Paris, recueille un écho sympathique de la presse spécialisée dans le tourisme, la gastronomie et l’art de vivre. Fort de ce succès, voilà notre association dans les cartons – et dans l’avion – de la Région, pour une escapade londonienne de trois jours. Elle participe au salon « Vive la France », du 18 au 20 janvier, vitrine des régions française devant un public d’Anglais francophiles, pas loin de considérer la France « comme le paradis sur terre » entre ses vins, son climat « et sa bonne bouffe ». Critère pour faire partie du voyage : speak english. C’est le cas de Didier Lembert, de Monchaude, de Véronique Bouché, de Segonzac et de Jean-Luc Lassoudière, de Saint-Fraigne, dans le canton d’Aigre. Au pied levé, ils improvisent des mini-conférences, en fonction de la disponibilité des personnes et de leur degré de curiosité. Beaucoup connaissent le goût du Cognac, peu son origine. L’envie de communiquer des viticulteurs trouve là un exutoire à sa dimension. Avec l’alambic, la dégustation reste un must. De Robert Léauté, « leur » formateur, les bouilleurs de cru ont appris l’art de communiquer sur le « scénario de la dégustation ». Un premier passage au nez à 5 cm de hauteur, un 2e passage au ras du verre et un 3e le nez légèrement à l’intérieur. Vient ensuite le palais, qui permettra de mieux « expertiser » le Cognac. C’est la fameuse « mise en bouche » revendiquée par les bouilleurs de cru. A grandes lampées ? Que non. Pour ne pas saturer les papilles, on se contentera, en situation de dégustation, de deux ou trois gouttes qui permettront d’ouvrir largement les arômes. Le « Mémento du bouilleur de cru du Cognac » recense tous ces aspects et bien d’autres, sur l’histoire, l’élaboration du Cognac. Il a été édité par l’association à plusieurs milliers d’exemplaires. Disponible, il sert d’argumentaire aux bouilleurs de cru et permet au visiteur de garder une trace de sa rencontre avec l’alambic. Dernière question du jour : as-tu vu l’alambic ?

En guise de programmation estivale, les bouilleurs de cru hésitent encore entre Saint-Georges-de-Didonne et le bal populaire d’après feu d’artifice ou les animations de grandes surfaces, toujours en Charente-Maritime, pour profiter du formidable impact touristique du littoral. Leur préférence irait spontanément aux grandes surfaces, où ils sont sûrs de toucher les consommateurs, leur cœur de cible, quitte à passer à côté des « retours presse », figure imposée de toute action de communication et de l’évaluation qui va avec. On ne dira rien du vieux débat sur les prix de vente et la question de savoir à qui sert la promotion du Cognac. Question complexe et piégeuse s’il en est. Parole aux amateurs.

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