L’appellation censée donner un socle aux marques

8 mars 2009

Au nombre de dix-huit ou vingt, les appellations du Languedoc disent souffrir d’un éparpillement qui non seulement fait le jeu du négoce – phagocytage des différentes appellations entre elles – mais encore empêche de présenter une offre simple, auprès de la grande distribution comme à l’export. La profession est donc en train de bâtir une appellation régionale, qu’elle se garde bien d’appeler générique, pour ne pas tomber dans le piège de l’appellation « poubelle ». C’est le chantier du moment en Languedoc-Roussillon, avec celui de créer une Fédération régionale des interprofessions, pour mieux communiquer à l’extérieur sous l’unique bannière « Languedoc ».

Ce projet d’appellation régionale est un peu le serpent de mer du Languedoc. On dit qu’il remonte aux années 60, lors de la mise en place des différentes appellations (d’abord VDQS puis AOC). Déjà à cette époque on envisageait la création d’une appellation qui engloberait toutes les zones d’AOC, de Nîmes à Carcassonne. Après avoir failli voir le jour à plusieurs reprises, le projet a régulièrement capoté. Cette fois, il présente de sérieuses chances d’aboutir. Le dossier est entre les mains de l’INAO. Une fois soumis au CRINAO par les syndicats d’appellation, il remontera au niveau national. Mais avant cela il a fait et fait encore l’objet d’un intense débat au sein de la famille des AOC méridionales. « Dans la pyramide de hiérarchisation de nos appellations, il nous manquait une base, comme il existe une à Bordeaux, en vallée du Rhône » énonce Bernard Devic, le directeur du Comité interprofessionnel des vins du Languedoc. Fervent partisan de l’idée d’AOR (Appellation d’Origine Régionale), il y voit l’opportunité de mettre en place des marques fortes, à partir d’un potentiel volumique de 700 à 800 000 hl vol. (le volume dont on crédite aujourd’hui l’appellation régionale). Qui dit marque régionale dit aussi simplification de l’offre. Une façon de se rendre plus accessible au consommateur dans un contexte où, dit-on, le linéaire de la grande distribution va vers un rétrécissement.

Un mini « plan languedoc »

Dans ce qui pourrait presque être considéré comme un mini « Plan Languedoc », le projet d’AOR se double du projet de créer une fédération régionale des interprofessions. Objectifs énoncés par B. Devic : partir ensemble au
« combat » et non en ordre dispersée ; consolider les budgets pour communiquer sur l’export lointain ; réaliser des économies d’échelle afin d’avoir une communication plus puissante. La Fédération régionale regrouperait les appellations du Languedoc à travers le CIVL ; les vins de pays d’oc qui, même s’ils ne disposent pas d’une interprofession officielle, bénéficient avec les cotisations assises sur leurs 4 millions d’hl d’un budget communication conséquent ; les vins de table et de pays représentés aujourd’hui par l’échelon national ANIVIT mais qui, demain, pourraient s’appuyer sur une ANIVIT régionale Languedoc-Roussillon à l’instar de l’ANIVIT du Val de Loire ; et éventuellement le CIVR (Comité interprofessionnel des vins du Roussillon). Le chantier est en cours et la région dit avoir « bon espoir de pouvoir conclure cette réunification d’ici la fin de l’année ». Sous une même ombrelle, se sont donc environ 15 millions d’hl qui se partageraient l’effort de communication, entre 1,5 million d’hl de vins d’AOC, environ 800 000 hl de vins tranquilles du Roussillon, 4 millions d’hl de Vins de pays d’Oc, 4 millions d’hl de vins de pays de départements ou de petites zones et de 2/3 à 6-7 millions d’hl de vin de table selon les années. Un chiffre supérieur à la production australienne (12 millions d’hl) et inférieure d’à peine 5 millions à celle de la Californie (20 millions d’hl). Séduisant sur le papier, le projet ne fait pourtant pas l’unanimité. Certains dénoncent déjà l’hégémonisme des Vins de pays d’Oc sur les AOC dans l’attribution des budgets. « On se dirige tout droit vers une prise de commande des Vins de pays d’Oc à l’intérieur de l’interprofession régionalisée. »

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