Les représentants viticoles se défendent d’avoir voulu « enlever le pain de la bouche du BNIC ». « Il n’est pas question de cela. L’interprofession fait bien son travail et d’ailleurs la loi prévoit explicitement de lui conserver ses missions antérieures. Par contre, pour les nouvelles tâches relevant de l’ODG, il paraîtrait assez sain que le BNIC soit conventionné par l’ODG pour agir, comme pourraient l’être, le cas échéant, les services du SGV ou d’autres syndicats. Cette manière de procéder introduirait de la clarté même si la loi n’en fait pas une obligation. »
une association « adossée » au BNIC
En guise d’ODG, il a donc été imaginé de créer une nouvelle association « adossée » au BNIC, c’est-à-dire tout contre mais pas à l’intérieur. Les différents syndicats de défense de l’appellation composent l’association. Côté viticulture, le SGV a rencontré le SVBC et les deux formations se sont mises d’accord sur un rapport numérique de 12 et 5 : 12 membres du SGV et 5 du SVBC au sein d’une association comptant normalement 17 membres de chaque famille. A l’assemblée plénière du BNIC, le SVBC ne dispose que de 2 sièges. La place plus grande qui lui est consentie à l’ODG est perçue non seulement comme un gage de représentativité mais aussi comme l’occasion de resserrer les liens entre les deux structures syndicales. Le SGV a demandé au SVBC de choisir ses représentants dans tout le périmètre de l’appellation.
Combien ça va coûter, qui paiera ? Ces questions arrivent très vite lors des réunions viticoles. L’argument financier sert aussi de combustible aux nostalgiques de « l’ODG-BNIC » qui n’hésitent pas à décocher quelques flèches à la profession viticole. « C’est bien connu, toute nouvelle structure génère des coûts supplémentaires. Au lieu de raccourcir les circuits de décision, on crée un “machin”. Si le négoce n’a pas l’intention de créer une cotisation spéciale ODG, il est clair que la viticulture cherche à s’octroyer une “pompe à finance” pour rémunérer quatre juristes et trois communicants ! » Bien entendu, la viticulture nie les intentions qu’on lui prête. Pas question pour elle d’alourdir les budgets des viticulteurs. L’ODG fonctionnera à moindre coût. Mais elle ne cache pas non plus que la mise en place de l’ODG s’accompagnera d’une levée de cotisation. « La cotisation reviendra à l’ODG. Une partie sera liée à l’agrément et une autre servira à rémunérer les différentes missions réalisées pour le compte de l’ODG. » Et de préciser à ce propos : « Le procès d’intention fait à la viticulture de vouloir s’octroyer une manne financière grâce à l’ODG n’a pas de sens. La loi va encadrer très strictement l’utilisation des cotisations. Elles devront servir exclusivement aux missions de l’ODG – contrôles, agrément – et en aucun cas financer les actions syndicales. » Cette mise au point ne suffit pourtant pas à dissiper tous les doutes et les craintes. En cette période d’observation, chacun y va de son commentaire, face à un nouveau dispositif dont on a un peu de mal à voir ce qu’il en ressortira. « Avec l’ODG, la viticulture cherche à se donner de la consistance face au négoce. Il faut bien dire qu’il n’existe guère de régions en France où le rapport viticulture/négoce soit aussi déséquilibré. Y parviendra-t-elle ? En aucun cas le négoce mettra la main à la poche. Pire, il risque d’en tirer prétexte pour se désengager – “puisque l’ODG accomplit telles tâches, on ne les finance plus”. Si encore la structure avait réussi à changer la donne. Mais la parité n’est même pas remise en cause ! » Bien sûr, tout le monde ne partage pas cette vision pessimiste. « Haut les cœurs » soutient la viticulture. « L’ODG sera ce que l’on en fera. Par contre nous devons avancer. La nature à horreur du vide. Si nous ne réfléchissons pas, d’autres le feront à notre place. »
(1) Pour tous les signes de qualité, l’ordonnance du 7 décembre 2006 prévoit que pourront être ODG les syndicats de défense mais aussi les interprofessions. Ce texte transversal n’envisage qu’une seule exception. Elle concerne les vins d’AOC où seuls les déclarants de récolte peuvent être membres de l’ODG. Pas d’exception pour les eaux-de-vie. Elles relèvent du régime commun.