Par rapport aux anciens arrêtés préfectoraux « distilleries » datant de 1996, le foyer inversé constitue l’une des rares vraies nouveautés des arrêtés 2008. Cette prescription, à l’origine réclamée par les pompiers, Bernard Lizot, inspecteur des installations classées à la DRIRE Poitou-Charentes, la prend pleinement à son compte. Il la justifie par d’impératifs motifs de sécurité, notamment vis-à-vis des massifs préfabriqués de chaudières. « Le foyer est monté sur pieds. Si de l’alcool coule sur le sol, il peut rentrer en contact avec la flamme de l’alambic et s’embraser. C’est une source de danger importante. » L’objectif du foyer inversé, c’est que l’accès au foyer ne soit pas du même côté que l’alambic. Un mur va donc séparer la flamme de l’alcool avec, d’un côté, un couloir technique de 2 m-2,5 m de large pour accéder au foyer et de l’autre la distillerie proprement dite. Pour autant, le distillateur ne sera pas obligé d’aller dans le local technique pour gérer le débit de la flamme. De la distillerie, il pourra toujours piloter la conduite de la combustion à partir de son tableau gaz. Par contre aucune canalisation de gaz ne sera située côté alambic(s). Comme mur de séparation, un simple mur Siporex coupe-feu 2 H suffit. Quant à l’inversion du foyer, l’opération, par elle-même, ne soulève aucun problème aux constructeurs d’alambic. Il suffit de faire pivoter le foyer de 180°.
massif préfabriqué : difficultes techniques
Reste que le foyer inversé engendre un certain nombre de difficultés. Il y a d’abord l’emprise au sol à prévoir pour les nouvelles distilleries, plus importante que pour les anciennes installations. Il y a ensuite et surtout les adaptations techniques à trouver pour les massifs préfabriqués de chaudière. Car le but des prescriptions de l’arrêté 2008 consiste bien à assurer une étanchéité totale entre intérieur et extérieur du foyer. Or si la chaudière traditionnelle adossée au mur
et équipée d’un massif en brique bétonné au sol offre cette parfaite étanchéité, il n’en va pas de même du massif préfabriqué, mobile et donc, par essence, sans lien avec le bâtiment. Le rendre étanche va supposer, premièrement, de le rendre fixe – le coller au mur du local technique – et, deuxièmement, de l’équiper d’un habillage, d’aucuns parlent de « jupes » métal, reliées au sol par un bord béton. Certains chaudronniers considèrent que l’adaptation des massifs préfabriqués va poser « d‘énormes problèmes techniques. » Arnaud Sahuc, P-DG de la SATIF, l’un des quatre principaux fabricants d’alambics de la région avec Chalvignac, la Chaudronnerie Cognaçaise et Montel, regrette qu’à aucun moment ses collègues et lui-même n’aient été consultés ou associés aux groupes de travail. « Nous ne sommes pourtant pas nombreux. Nous aurions pu faire part de nos exigences techniques. » La société Chalvignac, de Jarnac-Champagne, confirme n’avoir été mise au courant des modifications que très récemment, depuis à peine un mois. Elle évoque également le surcoût attaché à une conception révisée des foyers préfabriqués. Il semblerait que ces massifs préfabriqués dominent aujourd’hui le marché – autour de 80 % – pour des raisons essentielles de coût. Le massif préfabriqué serait moitié moins cher que le massif en brique. Bernard Lizot a indiqué que Céline Rayer, du BNIC et lui-même avaient prévu d’inviter les fabricants d’alambics en septembre, pour leur présenter l’arrêté. L’inspecteur des installations classées reste ferme sur ses positions. « Les foyers inversés s’imposent aux nouvelles installations. Nous n’accepterons pas autre chose. »
foyer inversé : depuis le 1er janvier 2008
La disposition « foyer inversé » s’applique depuis le 1er juillet 2008. Elle concerne toutes les distilleries déclarées en préfecture depuis cette date, déclaration en préfecture qui, le rappelle B. Lizot, doit être préalable à tous travaux. En ce qui concerne les extensions, l’inspecteur des installations classées apporte quelques précisions. Le foyer inversé n’a pas vocation à s’appliquer aux extensions limitées, comme celles qui consisteraient à ajouter un alambic à une dizaine d’autres, déjà présents (point précisé dans le cahier des charges applicables aux installations soumises à autorisation). Pour les installations soumises à déclaration (au maximum un alambic de 25 et un alambic de 20 hl de charge sur un même site), l’arrêté prévoit qu’en l’absence de modification des murs extérieurs, le foyer inversé ne s’impose pas. Le bouilleur de cru peut remplacer sans changement sa 18 par une 25 ou mettre une 25 à côté d’une 20. Tant qu’il ne casse pas les murs, le foyer inversé ne s’applique pas à lui. A l’inverse, s’il crée ou agrandit le bâtiment, sa nouvelle chaudière sera obligatoirement équipée du foyer inversé.
0 commentaires