Agriculture et Alimentation : le point de rentrée du ministre, Julien Denormandie

Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, a tenu une conférence de presse le 4 janvier dernier. Il a fait le point sur les douze derniers mois écoulés, et sur les projets pour l’année à venir. Jugeant la « chaîne agroalimentaire est solidaire, solide, déterminée, face aux crises multiples », il est revenu sur les grands événements de 2021. avec « la plus noble des missions : nourrir le peuple de France ».

« Ce que nous a appris 2021 »

Les épisodes de gel du printemps, « se révélant être une des « plus grandes catastrophes agronomiques de ce début de XXIe siècle ». » En guise de soutien, « les versements au titre des calamités agricoles vont s’accélérer dans les semaines qui viennent, […] et constitueront l’essentiel de l’enveloppe dédiée de 1 Md€ ».
De plus, « un nouveau guichet d’aide au financement des agroéquipements de protection individuelle face aux aléas climatiques de 60 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance, portant le total de l’enveloppe accordée à ce dispositif à 130 millions d’euros ».

L’épidémie d’influenza aviaire, « qui a particulièrement touché la filière avicole et qui, depuis, sévit à nouveau. […] Aujourd’hui nous comptons 41 foyers de contamination en élevage sur notre territoire. L’année dernière à la même époque, nous étions autour d’une soixantaine ».

Investissement massif dans l’agriculture et la chaîne agroalimentaire. « Notre souveraineté agro-alimentaire ne se décrète pas par injonction mais se consolide par l’investissement. C’est vrai aussi du financement des transitions. »

Tensions sur l’emploi dans le monde agricole, avec un appui particulier à l’apprentissage.

Le plan France Relance. « En ce 4 janvier près de 90% des fonds ont été engagés et sont d’ores et déjà déployés, ou le seront très prochainement, dans les cours de ferme, dans nos usines agroalimentaires, dans les cantines scolaires de nos enfants et dans les programmes de R&D. »
Pour près d’un milliard d’euros de structuration de filières, modernisation de l’élevage (dont la biosécurité et le bien-être animal), la plantation de près de 2500km de haies, la transition agroécologique appuyée, en partie, par la conversion des agroéquipements et le renouvellement forestier.

La réduction de l’usage des produits phytosanitaires.
Plus de 93% des molécules actives les plus préoccupantes ont réussi à être écartées depuis 2017. Depuis cinq ans également, la surface en agriculture bio a doublé. Celle de la HVE a été multipliée par 20 en trois ans.
La stabilisation du cadre des Zones de Non Traitement, ZNT, et des chartes d’engagement prévoit l’accompagner des agriculteurs afin d’« éviter les impasses par la R&D et l’investissement dans des solutions innovantes ».
« Nous faisons donc confiance en l’intelligence territoriale, en renvoyant vers les chartes pour les moyens de prévenance. Nous faisons aussi confiance en la science s’agissant des distances en renvoyant à l’Anses pour des analyses individuelles. »

Revalorisations des retraites agricoles, pour les chefs d’exploitation et leur conjoint, soit 200 000 retraites de chefs d’exploitation, pour, en moyenne, 105€ en plus mensuellement, et la garantie d’ une retraite minimale à 1 035 euros par mois pour une carrière complète. L’extension de cette revalorisation s’adapte aux conjoints collaborateurs (à 75 % des femmes). Soit, au total, plus de 350 000 retraités. « Nous leur devons bien cela, après avoir passé leur vie à travailler pour nous nourrir. »

La fin des négociations de la PAC.
Finalisée le 23 décembre à la Commission, avec une quinzaine d’États-membres ayant tenu ce délai, la campagne PAC débutera en 2023 a l’ambition d’être « plus juste, plus sociale et plus verte ».

Les chantiers pour 2022

La mise en application d’EGAlim 2. « C’est la mère des batailles, surtout dans le contexte inflationniste que nous connaissons. »
Après la loi EGAlim 1 de 2018, « l’enjeu d’EGAlim 2 impose des règles strictes : non négociabilité de la matière première agricole, non-discrimination, ligne à ligne. Des règles qui ont un objectif partagé : recréer de la confiance à tous les maillons et mieux répartir la valeur ».
À la question « Qu’attendre de la loi EGAlim 2 ? », Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, s’était exprimé dans les colonnes du Paysan Vigneron d’octobre 2021 n°1244, en ces termes.
« Nous avions de fortes attentes sur la première loi Égalim, des choses pouvaient changer, mais dans les faits rien n’a changé, notamment la transparence dans la part du coût des produits. Le goulot d’étranglement par la grande distribution continue et la pression sur les prix demeure intenable. Aucun gouvernement n’arrive à faire évoluer cette situation. Peut-être faudra-t-il passer par une loi plus contraignante ?
En termes de coûts totaux, les prix agricoles ne seront pas toujours bas. Nous devrons expliquer la démarche, comme d’autres, des produits qui fluctuent (carburant, électricité). Mais pour le moment, la loi Égalim 2 est encore insuffisante pour garantir les intérêts des agriculteurs. »

« Redonner de la valeur à notre agriculture ; trois fois par jour le consommateur a le pouvoir d’agir pour soutenir la valeur de notre monde agricole. […] Il faut donc plus de pédagogie sur la saisonnalité des produits, mais aussi un accès à une information claire sur l’origine et sur les conditions de production. C’est le sens du fameux « décret Origine » qui est actuellement au Conseil d’État. Il doit être examiné le 11 janvier. »

L’accompagnement humain des agriculteurs.
« Ce sujet du mal-être en agriculture était encore bien trop tabou, mais collectivement nous en avons fait une priorité. »

Persévérer dans la nécessaire adaptation de notre agriculture au changement climatique.
« Travailler sur les alternatives, en ayant l’objectif de ne jamais laisser les agriculteurs sans solution. À ce titre, travailler à une définition européenne du biocontrôle, et sur les nouveaux outils d’épandages tels les drones ou le matériel anti-dérive. »
Un projet de loi réformant l’assurance-récolte […] afin d’« enclencher une véritable dynamique vers une adaptation de notre agriculture ». Une charte d’engagement est prévue « dans le cadre de laquelle les filières et les chambres d’agricultures s’engagent à finaliser leurs stratégies d’anticipation en 2022 et à finaliser les plans d’action par la suite ».

Le renforcement la filière forêt/bois française.

Le déploiement de France 2030.
À commencer par le soutien à la 3e révolution agricole, par « le financement de prototypes d’agroéquipements intelligents et favorables à la transition agro-écologique », et l’ouverture d’« un guichet doté de 30 millions d’euros pour développer les surfaces en légumineuses en France, permettant d’aller encore plus loin dans le Plan Protéines ».
• L’investissement dans les équipements pour la troisième révolution agricole.
• Le soutien à l’innovation pour accélérer la transition des filières agricoles et alimentaires.
• Le Fonds « entrepreneurs du vivant ».
• Le soutien à la filière « forêt-bois ».

L’Europe et la Présidence Française du Conseil de l’Union européenne.
« Comment penser une Europe souveraine sans évoquer la première des souverainetés, la souveraineté alimentaire ? Comment penser la souveraineté alimentaire sans passer par le niveau européen ? Il faut que l’on combatte systématiquement les distorsions de concurrence au sein du marché commun.
Nous ne pouvons plus accepter d’importer sur notre marché européen des produits qui ne respectent pas les normes que nous imposons à nos propres productions. […] Agir pour cette réciprocité des normes sera la priorité des priorités pour la Présidence française. »
• Conditionner un accès préférentiel à notre marché au plein respect des normes de production européenne, ce qui s’appelle les conditionnalités tarifaires.
• Inclusion de clauses-miroirs, pour conditionner les importations au respect d’une norme de production.

La conférence de presse de rentrée de Julien Denormandie en intégralité : https://agriculture.gouv.fr/conference-de-presse-de-rentree-de-julien-denormandie

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