Avec l’arrivée de dix nouveaux membres, les écarts de développement vont inévitablement se creuser au sein de l’UE. Le risque : qu’un redéploiement des aides pénalise les régions européennes, initialement bénéficiaires du soutien structurel de la Communauté.
La réduction des écarts de développement entre les différentes régions européennes a toujours constitué un élément fondamental de la construction européenne. C’est à ce prix que l’on peut espérer décrocher la nécessaire cohésion économique et sociale qui forge l’intégration. Aujourd’hui, cette politique est mise en œuvre grâce à l’intervention des fonds structurels et du fond de cohésion (éligibilité aux fameux objectifs 1 et 2). Actuellement, le seuil d’éligibilité aux aides structurelles se base sur le critère d’un PIB régional inférieur à 75 % du PIB de l’UE. Or, sur les 75 millions de personnes qui vont intégrer l’Union en 2004, l’immense majorité vit dans des régions répondant à ce critère. La question qui se pose est la suivante : l’Europe pourra-t-elle servir tout le monde au même niveau qu’auparavant ou devra-t-elle changer les clés de répartition et/ou redéployer les aides au bénéfice des nouveaux pays adhérents ? La réponse coule de source : la superficie de l’UE va s’accroître d’un tiers et sa population de 23 % mais son PIB n’augmentera que de 5 %. Face à des dépenses qui s’alourdissent et des recettes qui stagnent, la Communauté n’aura d’autre choix que de partager le gâteau en parts plus petites. Ceci étant, les inégalités de développement dans les quinze pays membres n’auront pas disparu par miracle. Les quatre principaux bénéficiaires actuels des fonds structurels communautaires sont la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande. Mais émargent également aux fonds structurels de nombreuses régions allemandes et françaises, notamment sur l’objectif 2 (régions en restructuration). Ainsi, dans les années à venir, peut-on s’attendre à quelques révisions déchirantes, en l’attente de l’arrivée de 75 millions de consommateurs solvables.
0 commentaires