Dominique Bussereau Répond Aux Questions De La Viticulture

3 mars 2009

Il ne descend pas dans l’arène mais dans son fief. Jouant de sa bonhomie et de son côté « vieux charentais », le ministre a pourtant tenu quelques propos dissonants, susceptibles d’écorcher les oreilles de ses compatriotes.

dominique.jpgLes ODG (organismes de défense et de gestion), dans le cadre de la réforme de l’INAO – « Considérant le “bazar” qui existait en France sur les signes de qualité et les labels, j’ai voulu, dès mon arrivée au ministère, transformer l’INAO en Institut national de la qualité, compétent pour régler tous les signes de qualité existant dans notre pays. La nouvelle loi d’orientation agricole sert de cadre juridique à la réforme, opérationnelle en janvier 2007. Nous disposerons alors de tout l’arsenal juridique nécessaire au fonctionnement du nouvel institut, ordonnance, décrets, arrêtés. Nous sommes en train de parachever la rédaction des textes d’application, en concertation avec les professionnels et les parlementaires. Je regarde de très près toutes les propositions et notamment celles concernant Cognac. J’ai pris acte de votre souhait de voir l’ODG n’être constituée que des seuls producteurs. Par contre, lorsque les conditions de production sont susceptibles d’impacter d’autres opérateurs, vous avez décidé d’impliquer l’interprofession. Le texte d’ordonnance créant l’ODG tiendra compte de cette particularité du secteur des spiritueux et notamment de Cognac. Une disposition spécifique prévoira que l’interprofession soit consultée de manière formelle dès lors qu’une modification des conditions de production impliquera d’autres opérateurs que les producteurs. A côté d’un rendement qualitatif de référence, sera fixé chaque année un rendement économique en hl AP sur avis de l’ODG, après consultation de l’interprofession, pour tenir compte des besoins du marché. Cette avancée permet un réglage sectoriel tout en respectant la cohérence globale du projet. »

Réforme des bassins viticoles – « Elle a pour but de relancer la concertation entre AOC, vin de pays, vin de table au sein d’un même bassin. Ici, dans le bassin cognaçais, le système d’affectation parcellaire nécessitera que tout le monde se parle, ce qui est d’ailleurs déjà le cas. Une concertation très poussée existe déjà entre Cognac, Pineau, vins de pays et vins de base mousseux. Et comme l’on ne va pas inventer la poudre, les bassins devront s’appuyer sur les CRINAO et les interprofessions existantes. »

Application du « Plan Zonta » – « La réforme a été confirmée à plusieurs reprises et notamment à Matignon par Jean-Pierre Raffarin. Alors que dans le système de double fin, certains marchés avaient tendance à jouer du yo-yo comme autant de marchés d’opportunité, l’affectation parcellaire incitera nos viticulteurs à se projeter dans l’avenir en créant une vraie dynamique régionale. Je l’ai toujours dit à mes collègues, toutes tendances politiques confondues. C’est au moment où les difficultés sont moindres – même si la situation reste tendue sur les prix – qu’il convenait de lancer cette réforme, portée par une majorité de professionnels. Je vais m’attacher à la réaliser, comme tout ministre le ferait à ma place mais en plus, moi, je vais y mettre du cœur ! En tout cas, j’en prends l’engagement devant chacun et chacune d’entre vous.

L’affectation parcellaire s’appliquera le 1er août 2007, si tant est bien sûr que l’OCM viti-vinicole soit adoptée. De toute manière, il vaut mieux se donner une date butoir, pour être sûr d’être prêt à temps. Concernant la réforme de l’OCM, la Commission a émis une première série de propositions qui ne nous semblait pas terrible, car par trop “coupeuse de têtes” pour les vignobles européens. Nous attendons une seconde version fin juin. Les prochaines négociations avec l’Europe s’annoncent cruciales. »

Mesures d’accompagnement du plan d’avenir viticole – « Ces investissements seront financés par des fonds communautaires liés à l’engagement régional d’abandonner la double fin, des fonds nationaux et peut-être l’appui des collectivités territoriales. Il s’agira de mesures d’information, de formation et d’aide au développement des entreprises. En terme d’information, un volet servira à communiquer sur l’affectation parcellaire auprès des viticulteurs, un autre à mettre en place une base de données, pour une meilleure connaissance du vignoble (système d’information géographique). »

Augmentation de la QNV vins de table* – « Au sein de la viticulture française, des entreprises vont très bien et d’autres vivent des situations de misère. C’est le cas dans le Languedoc-Roussillon mais aussi dans le Bordelais où les grands crus ne souffrent absolument pas, au contraire, des appellations génériques. Situation identique dans le Beaujolais, les Côtes-du-Rhône. La France mais aussi l’Europe traversent une phase de surproduction. Pour la campagne 2006-2007, l’INAO et VINIFHLOR se préparent à resserrer les rendements. Dans ce contexte, vous imaginez la réaction de certains viticulteurs à l’annonce d’une libéralisation des rendements dans une région donnée. Ceci étant, il ne faut pas être “couillon”. Avec les vins de bases mousseux, la région délimitée a un marché spécifique et elle n’est pas la seule dans ce cas. Les vins d’Alsace possèdent également leur marché, les vins du Jura aussi. Vous me voyez venir avec mes gros sabots palmés ! Dans un océan de “moins”, il ne sera pas facile de plaider la cause d’un “plus”. Je pense qu’en 2006, il conviendra de gérer avec prudence le rendement des vins même si l’on ne peut pas être totalement hermétique aux éléments commerciaux. Si les débouchés sont là…

* L’interprofession a demandé que la QNV vin de table soit portée dès 2006-2007 à 130 hl vol./ha, sachant que dans le nouveau régime, il a été acté que le rendement vin de table atteigne 130 hl de vin et 70 hl de non-vin, avec possibilité de réviser les curseurs en fonction des marchés (rendement vin supérieur).

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