Réactions

12 mars 2009

b_gautier_opt.jpegBernard Gauthier, ancien président du CRINAO, membre du SVBC – « J’ai entendu avec plaisir Jean-Bernard de Larquier réaffirmer le principe du cépage double fin. Or, par définition, la double fin ne s’applique pas à des parcelles. Sa base juridique reste bien l’affectation de surface, comme aujourd’hui. Par ailleurs, le mot “contrôle” a truffé les 25 minutes d’intervention de Laurence Guillard. Le loup sort du bois. Je ne comprends pas qu’un syndicat viticole veuille nous engager dans un système qui se traduira par des contraintes supplémentaires et générera des contrôles alors qu’il n’apportera rien de plus en terme de qualité. Il faut arrêter, sauf à faire le jeu d’une administration qui souhaite conserver ses prérogatives. A travers le Cognac et les vins, deux philosophies s’affrontent. D’un côté il y a un produit industriel qui attaque les marchés mondiaux ; de l’autre des vins de bouche aux marchés plus limités, dont la qualité sera peut-être d’autant meilleure qu’elle s’assortira de conditions de production restrictives. Et l’on veut nous imposer à nous Cognac de telles contraintes qui auront pour seul effet d’augmenter nos coûts de production de 15 à 20 % ! Pourtant, il faut bien comprendre qu’avec la réforme de l’OCM viti-vinicole adossée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous sortons du champ classique de l’INAO. Désormais, nos produits se situent dans la classification européenne des produits alimentaires avec IG ou sans IG, comme le lait ou les labels rouges. Pour le Cognac c’est avec IG dans la mesure où notre produit est appellation d’origine notoire. Dans ce cadre-là, l’OCM viti-vinicole impose aux produits avec IG de présenter un cahier des charges, condition sine qua non pour voir leur propriété intellectuelle reconnue dans le cadre des accords ADPIC de l’OMC. Cela, c’est la loi. Aujourd’hui, tout ce qui découle du niveau français est accessoire. L’Espagne, l’Italie prévoient pour leurs produits des cahiers des charges a minima. A juste titre. Les protagonistes eux-mêmes ne sont pas là pour se mettre des bâtons dans les roues. En ce qui concerne la QNV Cognac, je ne rentrerai pas dans le débat sur le bien-fondé du chiffre de 10,60 hl AP. Ce volume est sans doute nécessaire pour satisfaire les besoins Cognac. Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les 15 % supplémentaires prévus dans le système d’affectation parcellaire pour alimenter les autres débouchés. A 12 de pur, nous ne serions pas loin du libéralisme total. Moi qui prône une viticulture raisonnée, comment les viticulteurs vont-ils s’y prendre pour aller chercher les derniers hl ? Même au plan environnemental, je préfère de loin une double fin raisonnée assortie d’une affectation de surface normale. Depuis un mois s’applique à la région une procédure nationale d’opposition (PNO) pour la révision des décrets d’appellation. Sauf que la loi d’orientation prévoit que cette procédure soit mise en œuvre par les ODG. A Cognac ce n’est pas le cas. N’y a-t-il pas là un vice de forme ? Nous allons poser la question au cabinet du ministre. »

guyot_opt.jpeg Pierre Guyot, directeur technique de Foulon-Sopagly, opérateur français de jus de raisin – « Le président du SGV Cognac a cité les chiffres de 200 puis de 300 hl vol./ha à terme pour les “autres débouchés”. Ces chiffres ne me paraissent pas farfelus. A mon sens, ils indiquent que l’on s’oriente doucement en Europe vers un rendement illimité des vignes mettant en œuvre des produits non stratégiques. Peut-être est-il trop tôt pour en parler. La France se montre toujours assez timorée face à cette question de rendement illimité. En Charentes, les viticulteurs ne doivent pas craindre de tels rendements. Ils font partie des données historiques du vignoble et même, dirais-je, de la réalité d’aujourd’hui. Je connais certains viticulteurs du cru qui conduisent leurs vignes pour produire à de tels niveaux. Quant à moi, je ne change pas d’avis. Je continue de croire à la vocation jus de raisin du cépage Ugni blanc charentais et je vais me battre pour la faire vivre. Je le ferais d’autant plus volontiers que le débouché jus de raisin est reparti à la hausse, une évolution à laquelle l’on ne s’attendait pas vraiment. Elle se traduit par une hausse volumique des commandes et par une légère hausse en valeur. Pour expliquer cette progression, quatre ou cinq raisons au moins s’additionnent. Mais, en premier lieu, il y a le phénomène orange. Au niveau mondial, le concentré d’orange a vu son prix multiplié par trois en dix-huit mois, ce qui a valu au jus le plus consommé au monde de reculer de 3 à 5 %. La légère régression de l’orange donne du grain à moudre à tous les autres fruits. En fait, ce qui ressemble à une vaguelette pour l’orange fait figure de tsunami pour le raisin, vingt-cinq fois moins consommé que l’agrume. De plus, notre filière profite de la sortie de nouveaux produits ou encore d’arguments liés à la santé. S’offre donc au jus de raisin des perspectives d’augmentation volumique qui, je l’espère, seront confortées pas une évolution de prix. »

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