Affectation parcellaire : Coup dur pour la souplesse

20 mai 2010

Avec une clause de variabilité de 10 à 15 % avant vendanges, le SGV Cognac souhaitait introduire un peu de souplesse à l’affectation parcellaire, « pour lui donner toutes ses chances de réussite ». La proposition n’a pas été retenue par l’ADG Cognac. Le SVBC a voté contre. L’affectation parcellaire s’appliquera donc à plein le 1er juillet 2010, comme prévu. Le syndicat présidé par Christophe Forget dénonce le « mauvais coup porté à l’affectation. »

 

 

forget_tisseire.jpgCherchez l’erreur ! Qui fut et reste le défenseur le plus convaincu de l’affectation parcellaire ? Le SGV. Qui a voté, le 12 mars dernier, pour une application « pure et dure » de l’affectation parcellaire au 1er juillet ? Le SVBC. La viticulture charentaise serait-elle saisie de schizophrénie ? Pas si simple. L’affectation parcellaire cristallise toutes les tensions d’une région aux intérêts proches et antagonistes à la fois. Dans cet écheveau bien serré, difficile de démêler les ficelles… et ceux qui les tirent. L’idée d’affectation parcellaire, comme l’a rappelé Christophe Forget, est née en 2002, « dans un contexte économique et de marché bien différent d’aujourd’hui. Il s’agissait de pérenniser la filière “autres débouchés” en incitant les opérateurs à s’engager contractuellement. Il fallait aussi pallier de la meilleure façon la mort annoncée de la distillation obligatoire article 28 qui, depuis les années 80, servait d’épine dorsale à la région ». D’accommodements en aménagements, l’affectation parcellaire a poursuivi son bonhomme de chemin jusqu’à ce printemps 2010. Au 1er juillet prochain, elle s’appliquera vraiment, c’est-à-dire par anticipation. Jusqu’à maintenant, elle collait à la récolte. Dorénavant, les vignerons vont devoir se positionner quelques mois à l’avance, en sachant que le « grand écart » – affectation décalée d’un an – a été différé au moins jusqu’en 2012 (voir encadré). Reste que le « pas de temps » de quelques mois, de juillet aux vendanges, paraît déjà suffisamment dérangeant et compliqué à gérer. C’est ce que le SGV a perçu au cours de ses réunions. « A l’écoute des viticulteurs, nous avons saisi une très forte demande de leur part pour introduire des éléments de souplesse au plus près des vendanges. Affecter début juillet est intéressant pour vérifier si les conditions de production entrent dans les clous des cahiers des charges et aussi pour se faire une idée des surfaces qui permettront d’alimenter le fameux outil de calcul du BNIC. Mais, quatre mois avant la récolte, difficile d’estimer les volumes, surtout avec un cépage comme l’Ugni blanc. C’est pourquoi il nous semblait pertinent de pouvoir faire varier l’affectation d’un certain pourcentage – peut-être 10 ou 15 % – tout début septembre. Cette clause de variabilité permettait aux viticulteurs de se sécuriser par rapport à leurs acheteurs et, au final, servait les intérêts de l’affectation en la rendant plus attrayante. » En cette période de démarrage, le syndicat voyait tout l’intérêt qu’il y avait à faire un peu de pédagogie. Sa crainte sinon ? Que les viticulteurs affectent massivement au Cognac, dans la mesure où il n’existera pas de « porte de sortie ». Certes, à la déclaration de récolte, le 25 novembre, si les volumes s’avèrent plus élevés que prévu, il sera toujours possible de replier les ha Cognac vers les « autres débouchés » mais ce repli s’effectuera au rendement Cognac. « Cela ne fera pas la balle » reconnaît Christophe Forget. Pourtant ce dernier demeure pénétré de l’utilité de l’affectation préalable. « La position du SGV a toujours été de défendre le revenu de tous les viticulteurs, sans exclusive. Se focaliser uniquement sur le Cognac n’est pas un service à rendre à la viticulture. Les “autres débouchés” apportent de la trésorerie rapide. Qui plus est, face à une récolte abondante, plutôt que d’envoyer les vins à la destruction, ils offrent l’opportunité de valoriser les excédents. A condition que l’on ne détourne pas les viticulteurs de l’affectation. »

une appellation glissante annuelle

Le président du syndicat a rappelé que dans le Minervois – dont l’exemple a inspiré en son temps les Charentes – l’affectation s’établissait sur trois ans mais connaissait une application glissante annuelle, pour réorganiser les volumes, si besoin était.

Le 12 mars 2010, le bureau de l’ADG Cognac – constitué à parité de représentants de la viticulture et du négoce – était appelé à se prononcer sur la proposition d’affectation en deux temps, qui devait conférer un peu de souplesse au système. « L’idée, déjà évoquée en Fédération viticole (FVPC), ne semblait pas poser problème même si aucune décision n’avait été prise » se souvient Ch. Forget. Pourtant, à l’ADG, les voix contre l’ont emporté. Réaction du président du SGV : « Une partie de la viticulture a joué contre les intérêts de son camp. C’est vraiment très dommage. » Il poursuit : « En aucun cas, le SGV ne saurait être tenu pour responsable de cette décision. C’est justement pour que l’affectation réussisse que le syndicat défendait la proposition de souplesse. »

Surfaces Cognac
Affectation Un An à l’avance : repoussée en 2012
Le 15 mars dernier, l’ADG Cognac a saisi la commission d’enquête INAO d’une demande de dérogation. Son objet : repousser jusqu’en 2012 l’affectation préalable des ha Cognac un an à l’avance, alors que le cahier des charges prévoyait l’entrée en application de cette disposition dès 2010. Sous réserve de l’acceptation de l’INAO – à priori acquise – l’affectation des surfaces Cognac se fera donc le 1er juillet 2010 pour la récolte 2010, le 1er juillet 2011 pour la récolte 2011. Ce n’est qu’à partir du 1er juillet 2012 que l’affectation devrait s’effectuer un an à l’avance, pour les récoltes 2012 et 2013. Si les esprits doivent se préparer au changement, il a quand même été prévu « une clause de revoyure », si l’affectation un an à l’avance s’avérait par trop difficile. Position différente du Pineau des Charentes. Le vin de liqueur a décidé quant à lui de relever le défi pour ses parcelles moûts Pineau. Il faut dire que, dans le cycle de production du Pineau, la notion d’anticipation fait déjà partie intrinsèque du système (le Cognac produit l’année précédente sert à la fabrication du Pineau de l’année). Mais les membres de l’ODG Pineau y ont vu aussi le moyen de signifier l’engagement des opérateurs dans leur filière. On comprendra que la logique du Pineau, en position d’outsider, diffère de celle du Cognac.

Déclaration préalable d’affectation au 1er juillet 2010 :
Le SGV propose des formations
En partenariat avec le CIEDV (Centre international des eaux-de-vie de Segonzac), le SGV Cognac propose une série de rendez-vous autour de l’affectation, en Charente et en Charente-Maritime. La journée de formation se divisera en deux temps. En matinée seront évoqués différents sujets dont « l’après 2013 », les évolutions prévisibles de l’OCM, le sort des droits de plantation, le plan de contrôle Cognac… L’après-midi sera entièrement consacré aux modalités pratiques de l’affectation : regroupement des superficies à partir du CVI, présentation des documents, questions/réponses, cas concrets, travaux pratiques. Ces réunions seront animées par Marlène Tisseire, directrice du syndicat.
Durée : une journée, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
Coût : 20 € pour les viticulteurs affiliés MSA (prise en charge de la formation par le fonds Vivea).
Dates et lieux :
4 juin – Mirambeau (salle basse de la Mairie)
7 juin – Cognac (salle Bleue de la Maison des viticulteurs)
10 juin – Barbezieux-Saint-Hilaire (salle annexe du château)
11 juin – Châteauneuf-sur-Charente≤ (salle de la Mairie)
14 juin – Segonzac (salle de l’Université des eaux-de-vie-CIEDV)
15 juin – Matha (salle B du complexe associatif)
16 juin – Rouillac (salle Paul-Roy, ancien palais de justice)
17 juin – Gémozac (salles des Conférences à côté des Pompiers)
22 juin – Blanzac-Porteresse (salle de la Mairie)
23 juin – Jonzac (salle n° 2 de la Mairie)
Inscription : dans les meilleurs délais.
Contacts : Quitterie Fourquet – CIEDV – 06 62 35 01 30.

 

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