« La qualité Charentes intéresse nos clients »

24 juin 2009

La Rédaction

Début avril, en prévision du calcul du rendement Cognac, le CIMVC*, l’interprofession rassemblant les « autres débouchés », a émis ses besoins prévisionnels pour 2009. La filière les évalue à 2 millions d’hl vol., ce qui solliciterait entre 8 et 10 000 ha.

 

« Le Paysan Vigneron » – Dans quel environnement évolue votre filière ?

pogliani_opt.jpegHervé Pogliani, président du CIMVC – Heureusement pour nous, nos clients restent toujours intéressés par les produits d’origine charentaise. La qualité des vins de Charentes ne les laisse pas indifférents, tant en vin de base mousseux qu’en vin de table français. De quoi s’aperçoit-on ? Quand les Charentes sont absentes du marché, la catégorie vin de table français disparaît quasiment de la gamme, remplacée par des vins produits dans les différents pays de la Communauté. Cela veut dire que nous ne prenons la place de personne. Début avril, le CIMVC s’est réuni pour transmettre au BNIC les chiffres nécessaires au calcul du rendement Cognac. Pour la première fois depuis que l’exercice est en place, une position commune s’est dégagée entre négoce et viticulture au sein de notre interprofession. Nos intentions d’écoulement porte sur 2 millions d’hl vol., ce qui représente une surface de 8 à 10 000 ha selon les rendements.

« L.P.V. » – Comment se présente le marché ?

H.P. – Comme déjà dit, nos clients sont prêts à reconnaître une spécificité charentaise qui tient essentiellement à l’acidité naturelle de nos vins, stable par nature. Ailleurs, de l’acidité peut être rajoutée mais il arrive souvent que cette acidité se retrouve au fond de la citerne. Ceci dit, nos clients ont beau être intéressés par la qualité Charentes, quand il n’y a pas de marchandise, ils font comme tout le monde, ils s’en passent. Globalement, en Europe, le marché des vins n’est pas réjouissant. Notre principal concurrent, l’Espagne, envisage de mettre en place une distillation de crise. Un peu partout, la situation s’avère assez tendue. Confrontés à des problèmes de mévente, les clients ont tendance à diminuer leurs achats ou à les différer. Il faut bien avouer que le marché des vins est un peu sur le reculoir.

« L.P.V. » – Quelle peut en être la traduction en terme de prix ?

H.P. – A ce jour, je l’ignore. Ce que je sais, c’est qu’en début de campagne l’an dernier, les vins de base mousseux de bonne facture se négociaient en Espagne entre 28 et 35 € l’hl départ cave, pour des qualités prêt-mise. Si l’on y ajoute le différentiel de 5 € de transport, ces vins « parité Charentes » se situent entre 33 et 40 € l’hl vol. Notre chance à nous Charentais, c’est d’être plus proches des centres d’embouteillage. Par ailleurs, nous savons bien que si nous voulons capter un public viticole, nous devrons lui faire des offres de prix intéressantes ou plutôt lui proposer un revenu décent, fruit d’un mix entre un prix et un rendement.

« L.P.V. » – A combien estimez-vous ce revenu « décent » ?

H.P. – Quelque part, il va devoir être en adéquation avec le revenu offert par le Cognac dans les crus périphériques. Maintenant, à combien s’établira le rendement Cognac, à quel prix se négocieront les vins Cognac dans ces crus ? Quant au rendement des vignes « autres destinations », nous avons toujours dit qu’il fallait qu’il reste raisonnable. Et le raisonnable, en ces matières, est estimée à 250-300 hl/ha.

« L.P.V. » – Cette année, quel degré de confiance accordez-vous à l’activité « autres débouchés » dans le vignoble cognaçais ?

H.P. – De toute façon, nous devons nous rendre à l’évidence : notre activité sert de variable d’ajustement. Ainsi, pour exister, nous n’avons d’autre choix que de jouer le jeu de la variable d’ajustement. Face à la viticulture, nous avons conscience que cette année sera une année de reconquête. Mais face à nos acheteurs, il s’agira aussi d’une année de reconquête. Nous n’allons pas leur vendre la marchandise deux fois plus cher que les Espagnols sous prétexte que nous sommes deux fois meilleurs. Nous aurons donc l’obligation de nous situer dans le prix de marché. En espérant retisser les liens d’un marché classique où les relations pérennes avec les clients facilitent le discours prix.

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