Le SGV majoritaire mais Le SVBC l’Emporte en Fins Bois

17 mars 2009

Le SVBC s’attendait-il lui-même à un tel résultat ? En Fins Bois, le Syndicat rafle 23 des 29 sièges disponibles à l’ADG. Dans tous les autres crus, le SGV est majoritaire et remporte le score final avec 37 délégués viticoles à l’ADG Cognac contre 31 pour le SVBC. Les non-syndiqués et les candidats du CDVC-MODEF n’ont pas réussi à franchir la barre des élections.
adg_cognac.jpg

Le premier scrutin à l’ADG Cognac s’est déroulé du 26 mai au 11 juin 2008. Il s’agissait d’élire les 68 délégués viticoles qui composeront l’assemblée générale de l’ADG et leurs alter ego du négoce. Le dépouillement des bulletins de vote a eu lieu le 12 juin, sous contrôle d’huissier. Si le décompte des voix du négoce fut une affaire rondement menée (tous les candidats élus), le dépouillement des suffrages de la viticulture réclama un peu plus de temps. Démarré à 9 heures le matin, il s’est terminé à 15 heures. Et à 18 heures, les résultats tombaient. Une petite performance.

Se sont exprimés 1 704 votants sur un potentiel de 2 176 adhérents à l’ADG Cognac (liste arrêtée début mai pour le besoin des élections). Quelques chiffres renseignent sur la représentativité du suffrage : les 2 176 adhérents de l‘ADG enregistrés début mai – les seuls autorisés à participer à cette première élection – exploitent 43 000 ha de vignes (sur une surface totale de 75 000 ha). Quant aux 1 704 votants, on pourra soit rapporter leur nombre aux 5 452 producteurs de la région délimitée, soit le rapporter aux 2 176 électeurs potentiels. Dans le premier cas, cela signifie que 31 % des ressortissants Cognac ont voté à l’ADG et dans le second cas qu’environ 80 % des inscrits sur les listes électorales se sont exprimés. Un score plus qu’honorable.

En ce qui concerne le collège de la viticulture, les résultats globaux de l’élection se présentent de la manière suivante : sur 68 postes à pourvoir, les candidats revendiquant l’appartenance syndicale au SGV obtiennent 37 postes ; les délégués se présentant sous la bannière du SVBC décrochent 31 postes. Malgré des scores loin d’être indigents (autour de 20 %), les candidats « libres » – sans revendication syndicale – ne franchissent pas la barre élective, de même que les candidats du CDVC-MODEF, aux scores nettement inférieur. Le mode de scrutin au plus grand nombre de voix n’aura pas favorisé les « petits candidats ».*

* Si le mode de scrutin au plus grand nombre de voix (scrutin majoritaire à un tour) a le mérite de la simplicité – celui qui obtient le plus grand nombre de voix emporte le siège – il présente aussi un caractère relativement discriminant. La liste en seconde position est généralement sous-représentée et les autres listes ou candidats libres ne décrochent aucun siège, en dépit de leurs scores parfois honorables. Par ailleurs, ce mode de scrutin attribue une prime aux listes bien implantées sur un secteur géographique donné, où elles peuvent cumuler les bons scores.
 

Ces résultats bruts ne livrent bien sûr qu’une information partielle. S’en contenter serait parfaitement réducteur. D’ailleurs, dans les premiers jours suivant l’élection, tout ce que la région compte d’officines intéressées par la question – syndicats, administrations, organisations professionnelles… – s’est livré avec passion au petit jeu exquis du retraitement des chiffres. Objectif de ces triturations en tous sens : dégager « la » vue pertinente, celle qui livrerait le point de vue le plus éclairant sur le vote et, accessoirement, la plus favorable à ses thèses.

A la sortie du vote, un premier niveau de lecture fut proposé, incontournable : les résultats par cru. C’est bien le moins pour un scrutin raccrochant la représentation professionnelle au cru. En Grande Champagne, sur 13 postes de délégués à pourvoir, furent élus 8 représentants du SGV et 5 du SVBC ; en Petite Champagne (13 postes à pourvoir également), 12 postes sont allés au SGV et 1 au SVBC ; en Borderies (5 postes), 3 au SGV et 2 au SVBC ; en Fins Bois (29 postes), 23 au SVBC et 6 au SGV et en Bons Bois – Bois Ordinaires (8 postes), 8 au SGV et rien au SVBC. Selon la règle adoptée par la région délimitée et validée par l’INAO, ces résultats tiennent compte de la pondération des voix selon le nombre d’ha (de une à quatre voix en fonction de la surface du votant).

gommer l’effet pondération

On peut facilement imaginer que le premier travail des observateurs a consisté à gommer l’effet pondération pour voir « ce que ça donnait sans », quand on revenait à l’essence du suffrage, un homme/une voix. Un autre éclairage a consisté à raisonner en pourcentage des voix et non en nombre de délégués. Sous cette nouvelle configuration, en Fins Bois par exemple, le poids du SGV et du SVBC s’établit respectivement à 46 % et 54 % des voix pondérées et à 49,13 % et 50,86 % des voix non pondérées. Cela relativise sacrément le « carton » du SVBC dans ce cru. A l’inverse, le SVBC, qui n’a pas de délégués en Bois et Bois Ordinaires, a tout de même recueilli 23,5 % des voix dans ce cru. Si, maintenant, outre les candidats qui ont émergé aux élections – ceux du SGV et du SVBC – on intègre les autres compétiteurs, candidats libres et ceux du MODEF, les chiffres s’infléchissent encore. On s’aperçoit que, bon an mal an, dans tous les crus, les « non apparentés » ont mobilisé environ 20 % des voix (jusqu’à 26,2 % en Bons Bois, 21,7 % en Petite Champagne). Sa meilleure performance, le MODEF l’a réalisée en Petite Champagne, avec 6,5 % des voix. Tous candidats confondus, le SGV réalise son score le plus haut en Bons Bois (54 % des voix) puis en Petite Champagne (49,2 % des voix). Logiquement, le SVBC établit son propre record « tous candidats » en Fins Bois avec 43,8 % des voix suivi du cru Borderies (41,6 % des voix).

En matière de vote, tous les comportements ont été observés : des votes « listes complètes », beaucoup de panachages… Dans la mesure où 240 candidats se présentaient pour 68 postes disponibles, il y a forcément eu des déçus… et des heureux. Sans violer le secret des urnes, des délégués ont été « bien élus ». C’est le cas de Bernard Guionnet, qui arrive en tête de son cru, la Grande Champagne, suivi de Philippe Boujut, Bernard Laurichesse, Bernard Gauthier, Olivier Louvet. Même chose pour Jean-Bernard de Larquier, « top one » de la Petite Champagne. En Fins Bois, Christophe Véral sort en premier, avec Pascal Millasseau en seconde position. En Bons Bois c’est une femme qui remporte la palme, Véronique Laprée.

commentaires à chaud

Appelé à commenter à chaud les résultats juste après le dépouillement, Jean-Bernard de Larquier, le président du SGV, ne s’est pas dit autrement surpris du résultat. « Il est à peu près conforme à celui que nous attendions, à ceci près que nous espérions avoir un peu plus de 6 délégués en Fins Bois. Sinon le SGV remporte la majorité dans quatre crus sur cinq. Ce score est à la hauteur de l’implication du syndicat partout, dans tous les crus. Nous n’avons pas focalisé sur une région mais fait campagne sur l’ensemble de la région délimitée, dans le droit fil de la politique du SGV qui consiste à représenter tout le monde, sans exclusion. » Ces propos ont entraîné une riposte éclair de Jean-Philippe Roy, un des deux vice-présidents du SVBC avec Olivier Louvet. « Le SVBC non plus n’a pas focalisé sur un cru. Notre syndicat n’a négligé aucun cru, il est allé chez tout le monde. A meilleure preuve, nous recueillons 23 % de voix en Bons Bois. A contrario le SGV ne compte que 6 délégués en Fins Bois mais n’est pas loin de représenter 46 % des voix. Le mode d’élection au plus grand nombre de voix maximalise les écarts. » Après cette passe d’armes au demeurant correcte, les deux syndicats ont relevé ensemble « un élément important : l’absence de candidats libres ». « Si des non syndiqués avaient été élus, c’eut posé un problème d’analyse. » Sans doute faisaient-ils allusion aux élections à l’ADG servant de test de représentativité pour le renouvellement du BNIC, test de représentativité fondé sur des syndicats et non sur des hommes, contrairement à l’ADG. Dans un geste qui ne manquait pas d’élégance ni d’habileté, J.-B. de Larquier a tenu à saluer ces hommes et ces femmes « qui n’ont pas été élus mais qui se sont impliqués pour leur profession. Il est important que demain ils rejoignent un syndicat pour construire la filière Cognac ». Et de rajouter : « Il est non moins important que les deux syndicats aient le courage de construire ensemble pour demain. » Une allusion directe à l’unité syndicale.

Olivier Louvet ne l’a pas caché. Le SVBC est « content, voire très content du résultat ». « Ce score de 31 délégués du SVBC sur 68, a-t-il dit, vient récompenser le gros travail réalisé par le syndicat. En à peine sept ans, nous avons réussi à faire passer des idées très simples, fondées sur la défense du revenu viticole et le partenariat avec le négoce, dans un esprit “donnant-donnant”. Ces idées, me semble-t-il, rassemblent de plus en plus de monde. » Dans la foulée, Stéphane Roy a parié sur « un sacré renouvellement au BNIC, avec tous ces gens du SVBC qui ne siégeaient pas au comité permanent ».

le SVBC « content »

Le BNIC ! Le mot est lâché. Dans le subconscient de tout professionnel et même dans son conscient le plus avéré, les enjeux de pouvoir drainés par le BNIC l’emportent de cent coudées sur ceux de l’ADG Cognac. Au grand dam des puristes qui rappellent que la vocation première des élections à l’ADG reste tout de même d’élire… les délégués à l’ADG. « Nous allons parler » promettaient les protagonistes au sortir du dépouillement. Parler de quoi ? De la place respective des uns et des autres, des postes à pourvoir. En ce qui concerne l’ADG, c’est vu, en partie en tout cas. Il y aura bien 37 délégués du SGV et 31 du SVBC soit, traduit en pourcentage, 54 % pour le SGV et 46 % pour le SVBC. Une question reste cependant en suspens : à qui reviendra la présidence de l’ADG Cognac, toujours assumée par un viticulteur ? Et puis quelques-uns s’interrogent sur la « mauvaise répartition » des délégués Fins Bois au sein de l’ADG. « Est-il normal de constater une sur-représentation des cantons nord du cru et une quasi-absence des cantons sud, est et ouest alors que l’INAO réclame une répartition homogène des délégués ? » Mais le gros des interrogations concerne bien évidemment le BNIC. Quels seront les dix-sept membres du comité permanent du BNIC ? Qui sera le chef de famille de la viticulture à l’interprofession ? Qui sera le président du BNIC ? Sans nul doute, le SVBC ne verrait pas d’un mauvais œil que le « 46/54 » serve d’étalon. Son bon score, il n’a pas l’intention de le brader. Mais d’autres parlent de la « responsabilité face aux mandants et de respect de la majorité qui s’est dégagée ». Et chacun de mettre en route son « moteur à explosion » des chiffres. Un professionnel conseille « d’attendre de voir la suite du programme ». Autant dire que les couteaux sont sous la table, prêts à sortir*.

* Article écrit le 19 juin.

Association De Défense Et De Gestion De l’AOC Cognac (ADG Cognac)

Candidats élus*

Collège de la viticulture

Grande Champagne – Boujut Philippe, Brisson Thierry, Pascal Dupuy, Gauthier Bernard, Giraud Paul, Guionnet Bernard, Lambert Eric, Laurichesse Bernard, Louvet Olivier, Méry François, Michelon Elisabeth, Painturaud Jean-Philippe, Roy Stéphane.

Petite Champagne – Barbut Jean-Paul, Berthelot Jean-François, Bodard Fabien, Bodin Alain, de Larquier Jean-Bernard, Forget Christophe, Guélin Philippe, Guilbaud Gérald, Marchais Thierry, Masse Dominique, Montigaud Eric, Théodière Lionel, Vallet Michel.

Borderies – Bergier Michel, Desrentes Frédéric, Guérin Jérôme, Nony Geoffroy, Saint-Martin Marie-Laure.

Fins Bois – Adenot Laurent, Baudet Jean-Claude, Bellebeau Robert, Biay René, Bodin François, Bridier Arnaud, Clochard Isabelle, Deloume Philippe, Doublet Philippe, Forgerit Pascal, Gaillard Fabrice, Gambier Christophe, Gauche Eric, Grammatico Adrien, Léonard David, Lesueur Marie-Elisabeth, Martineau Philippe, Millasseau Pascal, Normand Karine, Pelletant Jacky, Raoux Michel, Saunier Michel, Tabourin Stéphane, Tesseron Gonzague, Turpeau Christophe, Vaudon Bernard, Véral Christophe, Vergnaud Séverine, Vilneau Roland.

Bons Bois – Bois Ordinaires – Baillif Jean-Marie, Baraud Jean-Christophe, Billonneau Frédéric, Bonneau François, Chaussat Joël, Enet Jean-Jacques, Laprée Véronique, Moreau Jean-Marie.

Collège du négoce

Délégués des bouilleurs de profession – Bannier James, Lassalle Bernard, Rechou Alain, Thomas Michel.

Délégués des négociants – Barat Francis, Cointreau Jean-Pierre, Coste Philippe, Demolis Thierry, Fillioux Yann, Gareyte David, Girardeau Jean-Marc, Lacarrière Jean-Pierre, Morel Jean-Marc, Olivier Jean-Marc, Peyrelongue Patrick, Raguenaud Patrick, Royer Jérôme.

* En rouge : SGV – En bleu : SVBC.

resultat_pourcentage_svg.jpg

Résultats en pourcentage de voix SGV / SVBC.

resultat_pourcentage_tout_candidat.jpg

Résultats en pourcentage de voix « tous candidats ».

 

 

 

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé