ADG Cognac : c’Est Quoi Ce Machin !

16 mars 2009

Version terroir : « qu’étou qu’o lé ? » Pour dire que l’Association de défense et de gestion de l’appellation Cognac (ADG Cognac) ne parle pas encore à tout le monde. « Serait-ce un nouveau syndicat ? » s’interrogent certains. Face à cet OVNI venu de nulle part, beaucoup de viticulteurs pataugent et reconnaissons-leur des circonstances atténuantes. Depuis presque 70 ans, le Cognac et ses producteurs vivent entre « le sabre et le goupillon », entre un négoce incontournable et une interprofession omniprésente, née en 1941 sous la forme d’un Bureau de répartition, ancêtre du BNIC. Et voilà que déboule dans le paysage une ADG, nom local de l’ODG, Organisme de défense et de gestion de l’appellation. Disons-le tout net, l’ODG est à 100 % une « créature » de l’INAO, chargée, tout le monde le sait, de gérer les produits d’appellation et, plus généralement, les produits « sous signes de qualité ». Question adjacente : que vient faire l’INAO à Cognac ? On a beau nous répéter sur tous les tons, et tout particulièrement ces derniers mois, « que le Cognac est AOC depuis 1936 », jusqu’à maintenant le monde des appellations héritait de la portion congrue à Cognac. Il avait même pour consigne « de la jouer discret ». Entre le Cognac « produit industriel » (au sens où il ne figure pas à l’annexe II du traité de Rome recensant les produits agricoles) et le caractère « vin de table » du vignoble, la notion d’appellation était quasi transparente. Elle passait presque inaperçue, à l’exception des aspects de protection du nom Cognac sur les marchés. Sinon, pas de contrôle des conditions de production, pas de procédure d’agrément des eaux-de-vie. Aucune contrainte ou presque ne lui était attachée. La filière se chargeait de tout. Elle faisait son propre ménage. Mais les choses sont en train de changer. Pourquoi ? Parce que, à un moment donné, il a bien fallu que le Cognac choisisse son camp.

Face à la suppression de la distillation « cépages double fin » par l’OCM réformée, la région délimitée n’avait d’autre alternative que de trouver un nouveau soubassement juridique au rendement Cognac. Et franchement, elle n’avait guère le choix. En dehors de l’INAO, qui pouvait lui garantir la fixation d’un rendement et surtout assortir son non-respect de sanctions suffisamment dissuasives, comme la menace du retrait de l’appellation ? Par ailleurs, l’OCM nouvelle formule bouscule sérieusement la donne. Désormais n’existeront plus que deux grandes catégories de vignobles, les vignobles sous IGP (indication géographique de provenance, c’est-à-dire sous signe de qualité) et les vignobles sans IGP, pour qui tout sera permis. La région délimitée allait-elle tomber dans le grand bain du « laisser faire, laisser aller » ? Impossible ! C’est ainsi que la région de Cognac a été conduit à franchir un pas. Elle se rapproche du mode de fonctionnement classique des AOC, avec ses corollaires du moment : la création d’un ODG – une ADG ici – la mise en place d’un plan de suivi et de contrôle des opérations de production, d’élaboration, de conditionnement du Cognac…

Ainsi l’ADG n’est ni un énième syndicat ni une annexe du BNIC mais une structure entièrement nouvelle, directement parachutée du monde des appellations. L’adhésion à l’ADG des opérateurs Cognac peut paraître théorique et d’une certaine façon elle l’est. La face du monde ou en tout cas la « gouvernance de la région » n’en sera pas changée. Le plus clair des décisions continuera d’être pris au BNIC. L’adhésion ou la non-adhésion à l’ADG véhicule cependant un enjeu bien tangible : la possibilité ou non de bénéficier d’un coût mutualisé du suivi et du contrôle prévu par la nouvelle procédure d’agrément. Procédure d’agrément qui, insistons là-dessus, s’appliquera sans coup férir au Cognac comme à toutes les autres appellations viticoles. Pour ceux qui ne l’ont pas fait, est-il trop tard pour adhérer à l’ADG Cognac ? Carrément non (voir article page suivante). Vous pourrez adhérer demain et même après-demain. Pas de panique ! Cool ! Relax ! Zen ! Des viticulteurs qui ont digéré l’HACCP – Hazard analysis critical control point, excusez du peu – ne devraient pas avoir trop de mal à dompter l’ADG.

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